Le Jeu
La limitation de l’immigration légale et la fermeture des frontières poussent les demandeurs d’asile à s’exposer à de grands dangers pour gagner l’Union européenne.
Chaque jour, d’innombrables enfants non accompagnés demandant l’asile misent tout pour changer de vie en pénétrant illégalement dans l’Union européenne. Cette périlleuse entreprise comporte des risques particulièrement graves, comme la détention, l’exploitation, la maltraitance, les blessures, voire la mort. Les tentatives s’avèrent parfois fatales. Pourtant, ceux qui s’y essaient l’appellent « le Jeu ».
Des adolescents dans une implantation sauvage surnommée « le baraquement », un ensemble d’entrepôts abandonnés dans le centre de Belgrade (Serbie), où environ 1 200 hommes et garçons dorment à même le sol.
Malgré des conditions de vie déplorables, un accès limité à l’eau potable et aux installations sanitaires, les passeurs opèrent assez librement dans le baraquement, ce qui dissuade les demandeurs d’asile d’emménager dans un logement officiel. Des jeunes se réchauffent tandis qu’un homme sèche un vêtement autour d’un petit feu.
Erfan, 14 ans (à droite), vient d’Afghanistan. Il utilise ses téléphones dans un centre d’accueil pour réfugiés et migrants soutenu par l’UNICEF à Belgrade, qui fournit un accès Wi-Fi et d’autres services, notamment d’orientation des malades. Parmi les hommes et les garçons qui fréquentent ce centre, beaucoup ont trouvé refuge dans le baraquement.
Ibrahim, 9 ans (à droite), et Abuzar, 11 ans, tous deux originaires d’Afghanistan, mangent un déjeuner distribué devant un hangar délabré du baraquement. Les enfants réfugiés et migrants sont extrêmement vulnérables face à la violence et aux mauvais traitements, et risquent de tomber entre les mains de passeurs, voire d’être réduits en esclavage par des individus pratiquant la traite des personnes.
Un jeune homme s’éloigne d’un bâtiment en ruines où l’on peut lire : « Je veux juste être à la maison », dans le baraquement, où beaucoup essaient de passer en Hongrie ou en Croatie. La plupart d’entre eux échoueront à plusieurs reprises, souvent rattrapés par la police aux frontières et refoulés, avant de parvenir à leurs fins.
« C’était très douloureux. Ils m’ont déboîté le genou », raconte Zobair, 16 ans, un mineur non accompagné originaire d’Afghanistan qui squatte le baraquement. Il a été blessé par la police aux frontières hongroise.
Des politiques draconiennes aux frontières condamnent des enfants à l’incertitude et aggravent le risque d’exploitation.
Des demandeurs d’asile algériens (de gauche à droite) Hamza, 17 ans, Mohammad, 18 ans, et Jalwan, 16 ans, sont assis sur un wagon sur une voie de triage près de Thessalonique, en Grèce. Ils s’apprêtent à tenter de passer en Europe centrale. Les obstacles à l’immigration légale n’empêchent pas les gens de se déplacer, ils ne font que les pousser vers la clandestinité.
Se faufiler dans des petits espaces entre les conteneurs et les plateformes des trains de marchandises, ou juste au-dessus des essieux qui crissent : franchir les frontières illégalement présente de nombreux dangers. Jalwan, 16 ans (au centre), aide Ahmad, 21 ans, à entrer dans un espace exigu sous le regard de Hamza, 17 ans (à gauche).
À cause de la fermeture des frontières et des mesures de refoulement agressives, des enfants peuvent se retrouver bloqués dans des pays où ils ne veulent pas rester, où ils ne sont pas les bienvenus et où ils ont peu de perspectives d’avenir. Mohammed, 17 ans, un mineur non accompagné originaire de la République arabe syrienne, logé au centre d’hébergement d’urgence d’Athènes soutenu par l’UNICEF.
« Au début, j’étais triste », dit Jalil, 15 ans, mineur non accompagné venu d’Afghanistan, « mais finalement je me suis dit que ce n’était pas si mal en Grèce ».
Jalil vit au centre d’hébergement d’urgence et va à l’école du quartier. L’UNICEF appelle les gouvernements à permettre aux enfants réfugiés et migrants d’accéder à la santé et l’éducation.
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