30 Janvier 2018
L’eau sous le feu des bombes
Dans l’est de l’Ukraine, le conflit menace l’approvisionnement en eau de millions de personnes
Le conflit armé qui sévit depuis quatre ans dans l’est de l’Ukraine a des conséquences humanitaires dévastatrices, 3,4 millions de personnes ayant aujourd’hui besoin d’assistance et de protection. Le long de la ligne de contact qui sépare les zones contrôlées par les forces gouvernementales de celles qui ne le sont pas, là où les combats les plus violents ont lieu, l’irrégularité de l’approvisionnement en eau touche tout particulièrement les enfants, les femmes et les personnes âgées.
Aleksey, un adolescent de 14 ans qui a été blessé lorsqu’une grenade qu’il venait de ramasser lui a explosé dans la main, vit à Vozdvizhenka, près de la ligne de contact. Depuis deux ans, sa maison est privée d’eau, d’électricité et de gaz. À cause du conflit, beaucoup de foyers ont de plus en plus de mal à subvenir à leurs besoins car les emplois se font rares.
Sous les bombardements et les tirs, Alexander Semeniuta (à droite) et sa femme Marina puisent de l’eau à Avdiivka, une ville d’environ 35 000 habitants située sur la ligne de contact. Du fait de l’approvisionnement sporadique des foyers en eau courante, de nombreux habitants n’ont pas d’autre choix que de faire la queue au puits pendant des heures.
Dans la commune voisine de Toretsk, Ivan Morhun, un jeune homme de 23 ans, aîné de 9 enfants, transporte des bidons vides jusqu’à une source locale pour y récupérer de l’eau. Ivan et sa famille ont traversé de longues périodes de privation d’eau, le réseau alimentant leur village ayant été endommagé par les combats.
Un obus de mortier non explosé gît dans l’arrière-cour d’une maison dans les environs d’Avdiivka, un village situé sur la ligne de contact qui sépare les zones contrôlées par les forces gouvernementales de celles qui ne le sont pas. Depuis avril 2014, plus de 2 500 civils — hommes, femmes et enfants — ont été tués et 9 000 autres blessés.
Des passants longent un immeuble résidentiel détruit par les bombardements à Mariinka, où les habitants font quasi quotidiennement état de bombardements et de tirs.
Sasha Sechevoi, 12 ans, baisse sa chaussette pour dévoiler une blessure causée par une balle qui lui a brisé la cheville alors qu’il faisait du vélo à Avdiivka, en août 2016. Comme de nombreux autres enfants qui vivent le long de la ligne de contact, Sasha peut reconnaître les armes utilisées rien qu’à leur bruit.
« Sans eau, pas de chauffage », déclare Yuri Zelensky, qui entretient les conduites et les pompes de la station de pompage principale de Toretsk.
Même lorsque les bombardements font rage, Yuri poursuit imperturbablement son travail, conscient de rendre un service vital aux habitants de la région.
Des ouvriers réparent les conduites d’eau souterraines à Toresk. En raison des bombardements qui ciblent fréquemment les ouvrages civils, les installations hydrauliques et électriques essentielles à la survie de la population ont subi des coupures incessantes en 2017, affectant plus de trois millions de personnes de part et d’autre de la ligne de contact.
Les perturbations qui touchent les infrastructures essentielles dans les agglomérations jouxtant la ligne de contact font désormais partie du quotidien de millions de gens. À la station de pompage principale de Toresk, Yuri Zelensky passe devant de vieilles conduites hydrauliques.
À Avdiivka, un employé de la compagnie des eaux Voda Donbassa se tient à proximité d’un tas de charbon qui a pris feu accidentellement. Les ouvriers du site racontent que le bâtiment et ses alentours ont été touchés une bonne vingtaine de fois au cours des combats.
Des réparateurs déplacent les conduites utilisées pour transporter l’eau sur le site de la compagnie des eaux Voda Donbassa. La brigade intervient régulièrement en urgence sur le réseau d’approvisionnement, souvent par des températures glaciales et sous les bombardements.
Derrière l’usine de filtration située à Avdiivka, Anatoli Sotnikov, ouvrier de la compagnie des eaux Voda Donbassa, soude, dans l’optique de les réutiliser, des pièces d’acier récupérées sur une vieille conduite hydraulique. À 300 mètres à peine, les deux camps se font face dans certains quartiers de la ville, où se produisent régulièrement des affrontements à l’arme légère.
L’UNICEF collabore avec les compagnies des eaux pour apporter une aide d’urgence et effectuer des réparations et dépannages critiques. Si ces interventions sur les systèmes hydrauliques ne peuvent être menées à bien, des points névralgiques du réseau d’approvisionnement risquent de céder, laissant ainsi des millions de personnes sans eau potable ni chauffage central en plein hiver.
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