Lutter contre la malnutrition au Mali
Des habitudes alimentaires à la fois simples et efficaces se révèlent déterminantes pour réduire la malnutrition chronique dans le grenier du Mali.
Au Mali, plus d’un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique. Contre tout attente, ce chiffre est encore plus élevé dans la région de Sikasso, située dans le sud du Mali et considérée depuis longtemps comme le grenier du pays. Face à un tel paradoxe, un programme communautaire de sensibilisation impliquant des autorités locales et des mères exemplaires a été mis en place afin de lutter de front contre la malnutrition en encourageant les mères à adopter de bonnes habitudes alimentaires.
Le Sikasso est l’une des régions les plus fertiles du Mali. De nombreuses personnes vivent de sa terre verdoyante, qui approvisionne les autres régions du pays en produits frais.
Ses terres arables arrosées de pluies régulières permettent de cultiver toutes sortes de produits, qu’il s’agisse de céréales, comme du riz, ou de légumes, comme des pommes de terre, des tomates et des poivrons.
Sur la place du marché de Koutiala, les denrées alimentaires sont abondantes et variées. Pourtant, le Sikasso enregistre le taux de malnutrition chronique le plus élevé du Mali, à savoir un taux supérieur à 30 % en 2016. La disponibilité des ressources alimentaires n’est pas le seul facteur de la malnutrition.
Gassou (à gauche) et Aminata ont tous les deux 5 ans. Mais Gassou, qui souffre de malnutrition chronique, est visiblement plus petit. La malnutrition affecte non seulement les capacités d’apprentissage des enfants et le développement de leur potentiel à gagner leur vie une fois adultes, mais elle freine également les progrès sociaux et économiques des pays dans lesquels ils vivent.
En seulement deux ans, Bernard Coulibaly, un fonctionnaire local chargé de coordonner les activités sur la nutrition à Yorosso, a contribué à réduire de moitié le taux de malnutrition chronique dans son district. Il s’est vu remettre le prix « Global Goals » 2017 dans la catégorie « Healthy Not Hungry » en reconnaissance de son travail pour lutter contre la malnutrition.
À Yorosso, des mères exemplaires, comme Bassan Koita (au centre), transmettent leurs connaissances sur les habitudes à adopter en matière de santé, de nutrition et d’hygiène à d’autres mères et aux personnes qui s’occupent des enfants. Elles emploient des mots simples et s’appuient sur des images pour animer ces séances de sensibilisation.
« Il est très important que je nourrisse exclusivement mon bébé au sein jusqu’à ses 6 mois, cela l’aide à être intelligent et à mieux résister aux maladies », explique Kadiatou Dao, 26 ans, après avoir appris que le lait maternel est un aliment essentiel à la santé et au développement de l’enfant dans une séance animée par Bassan à Yorosso.
Pendant ces séances, les mères apprennent également à préparer une bouillie riche en nutriments pour les bébés qu’elles ne nourrissent plus exclusivement au sein, ce qui leur permet de s’assurer que leur enfant reçoit des aliments nutritifs et adaptés à son âge.
Les enfants de Yorosso apprennent très jeunes que des habitudes simples, comme se laver les mains avec du savon ou utiliser des latrines ou des toilettes hygiéniques, peuvent les aider à lutter contre la malnutrition.
Marietta Mounkoro, spécialiste de la nutrition à l’UNICEF, est heureuse de constater que l’état de santé des enfants du district s’améliore rapidement. « L’essentiel est de parvenir à une compréhension mutuelle entre l’ensemble des acteurs impliqués. L’approche communautaire et l’approche multisectorielle jouent un rôle déterminant. »
La réussite de l’initiative mise en place à Yorosso prouve que des solutions simples et économiques, comme promouvoir l’allaitement exclusif, une alimentation complémentaire adaptée et le lavage des mains, peuvent donner d’excellents résultats en matière de prévention de la malnutrition et libérer ainsi le potentiel de toute une génération d’enfants.
