Mon Ebola

UNICEF
Photographie et changement social
8 min readJan 11, 2016

Deux ans après l’apparition de la plus importante épidémie d’Ebola jamais observée — une épidémie qui a ravagé la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone — nous avons enfin des raisons de croire que cette épidémie sera officiellement terminée au début de l’année 2016. Le virus Ebola a tué plus de 11 000 personnes et privé 22 000 enfants d’un parent ou d’une personne qui leur prodiguait des soins. Presque tous les habitants de ces trois pays d’Afrique de l’Ouest ont été touchés, d’une manière ou d’une autre, par la maladie. Voici quelques-uns de leurs témoignages.

© UNICEF/UNI200644/Grile

Hawa Kandé, survivante du virus Ebola et veuve avec quatre enfants, à Conakry en Guinée.

« Mon mari était médecin. Il s’est rendu en Sierra Leone pour chercher un nouveau travail. En tout cas c’est ce qu’il nous a dit. Puis, il a été infecté par le virus Ebola et il en est mort. Je crois qu’il savait qu’il était malade et qu’il est parti pour ne pas contaminer le reste de la famille. C’est pour cette raison qu’il s’est éloigné de nous. Même si j’ai survécu au virus Ebola, j’ai connu des moments très difficiles, surtout au début, quand je suis revenue ici. Aujourd’hui encore, certains de mes voisins ne laissent pas leurs enfants venir chez nous. Il y a des jours où je suis très déprimée. Ce sont mes enfants qui me donnent la force de continuer parce que je dois m’occuper d’eux. »

© UNICEF/UNI200676/Grile

Jan Sankoh, un élève de 13 ans, à Waterloo en Sierra Leone.

« Lorsque le virus Ebola est arrivé dans le pays, les écoles ont fermé. Au début, j’avais tellement peur que je ne suis pas sorti de la maison. Je disais à mes voisins qu’il fallait se laver les mains même si Ebola n’était pas chez nous. Certains ne croyaient pas en l’existence du virus Ebola mais je leur disais qu’il fallait y croire, que c’était bien réel. Les enfants ont le droit d’aller à l’école tous les jours. Quand on apprend, on peut tout avoir. Je veux devenir un scientifique. Je veux étudier les étoiles et la lune. Parfois, le soir, quand je regarde le ciel au dessus de chez moi, je vois des étoiles filantes. C’est pour ça que je veux être scientifique. »

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Jessica Meufville, 17 ans, membre du groupe A-LIFE et élève de dixième année à West Point, à Monrovia au Libéria.

« Nous avons reçu une formation [sur la prévention contre le virus Ebola] et ce que nous avons appris était très différent de [ce que] disaient les gens d’ici. Après la formation, nous sommes allés de maison en maison pour expliquer aux populations comment se protéger contre le virus Ebola. C’était très difficile. Beaucoup de gens ne voulaient pas nous écouter et cela me rendait triste. Notre superviseur nous encourageait sans relâche, et c’est grâce à ses encouragements que j’ai pu continuer à aller parler aux gens pour que davantage de vies puissent être sauvées. »

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L’imam Elhadj Cheikhouna Sylla à Conakry, Guinée.

« On m’a emmené dans un centre de traitement Ebola pour que je voie les malades, et cette visite n’a fait que renforcer mes convictions quant à l’existence du virus. Je savais que j’avais un rôle important à jouer au sein de la communauté et j’ai prononcé plus de 20 discours dans la mosquée pour convaincre les gens de l’existence du virus Ebola. Chaque fois qu’un nouveau cas de maladie se déclarait dans la communauté, j’allais parler à la famille pour leur dire d’emmener le ou la malade dans un centre de traitement, ou d’organiser un enterrement conforme aux normes de sécurité si la personne était déjà décédée. Ebola a changé notre façon de vivre en communauté mais je garde espoir qu’une paix durable s’installe dans notre pays. »

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Marlaye Souma, Commissaire national des Scouts de Guinée, à Conakry, Guinée.

« Quand on devient scout, on fait une promesse : celle de rester scout toute sa vie. Nous disons : « Scout un jour, scout toujours ». Lorsqu’Ebola est apparu dans le pays, l’UNICEF a apporté son soutien aux Scouts en les aidant à distribuer des fournitures d’hygiène dans les communautés. Les gens nous faisaient confiance. Nous avons réussi à les convaincre que la maladie était réelle et nous leur avons appris à prendre les précautions nécessaires pour se protéger contre la maladie. Quand j’y repense, je suis fier d’être Scout et d’avoir contribué à former de nombreux garçons qui, aujourd’hui, s’impliquent énormément dans leur communauté ».

© UNICEF/UNI200656/Grile

Tarlo Kerkula, chargée de mobilisation pour l’UNICEF au niveau du comté, dans la communauté de Slipway, à Monrovia au Libéria.

« Un jour, je suis allée dans la communauté de Slipway pour rendre visite à un foyer où se trouvaient deux personnes malades et deux personnes décédées. J’étais accompagnée de bénévoles. Nous ne connaissions pas la famille mais nous voulions simplement leur parler. Ils nous ont chassés en nous lançant des bouts de bois et de l’eau. Après cet épisode, j’ai passé des nuits entières sans pouvoir dormir. J’ai essayé de parler aux dirigeants de la communauté pour qu’ils s’impliquent davantage. J’ai appris une chose : chaque communauté trouve sa propre solution… C’est en collaborant que l’on obtient les résultats souhaités. »

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Fanny Mae Koroma, médecin et intervenante de première ligne dans la lutte contre Ebola, à Freetown en Sierra Leone.

« Les règles de prévention contre Ebola — comme par exemple, « ne pas toucher » — vont à l’encontre de nos traditions. Nous avons dû dire aux gens que prendre la fuite ou garder des secrets dans la maison n’allaient pas aider à éradiquer Ebola. En revanche, le fait d’avoir une personne du coin pour parler aux communautés s’est révélé très utile. Les gens me faisaient confiance et ils savaient que je ne leur voulais aucun mal. Avant, personne ne faisait confiance au système de santé, mais les gens comprennent maintenant l’importance des pratiques d’hygiène, comme se laver les mains. J’espère que les gens s’en souviendront. »

© UNICEF/UNI200682/Grile

Isata Mansaray, 10 ans, orpheline et survivante du virus Ebola, aux côtés de sa grand-mère, Fatmata Mansaray, à Freetown en Sierra Leone.

« Quand on m’a laissé sortir du centre de traitement, on m’a dit que mes parents étaient partis en Amérique. Mais plus tard, mon oncle m’a avoué qu’ils avaient succombé au virus Ebola. Quand ils étaient en vie, ils me donnaient tout ce dont j’avais besoin (par exemple, aller chez le coiffeur). Aujourd’hui je ne me sens pas aussi triste parce que ma grand-mère s’occupe de moi. Une travailleuse sociale vient me voir, joue avec moi et me demande comment je vais. Je veux être directrice de banque pour pouvoir prendre soin de ma famille, et surtout de ma grand-mère. »

© UNICEF/UNI200668/Grile

Emma Bangura, survivante du virus Ebola et dispensatrice de soins, à Kambia en Sierra Leone.

« Lorsque j’ai commencé à ressentir les symptômes de la maladie, j’ai eu peur d’aller à l’hôpital. Alors, je suis allée chez ma mère mais elle ne m’a pas laissé rentrer. Elle a appelé le numéro d’appel d’urgence pour Ebola et une ambulance est arrivée avec des agents habillés en combinaisons de protection individuelle. Ils ont pulvérisé mes vêtements avec un spray désinfectant avant de m’emmener au centre de traitement. A l’époque, je croyais que ma mère ne m’aimait pas et qu’elle voulait que je meure. Mais elle a fait ce qu’il fallait. Maintenant, je fais du bénévolat en tant que travailleuse sociale et j’aide les orphelins, les veuves et les survivants… quiconque ayant été touché par Ebola. »

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Agnes Ngele, mobilisatrice sociale, à Moyamba en Sierra Leone.

« Ebola a tout changé. Les gens ont changé. Ils ne voulaient plus voir les infirmières ou les agents sanitaires. Je travaillais déjà depuis un certain temps avec des populations pour les convaincre de se faire vacciner et de se protéger contre le paludisme. Je déploie une énergie hors du commun auprès des personnes les plus réticentes ; je réussis à les convaincre et ils changent leurs comportements. Ce n’est pas pour rien que l’on m’appelait la « Dame de fer ». Maintenant que la maladie a été éradiquée, j’ai repris mes activités de mobilisation sociale, mais c’est difficile après Ebola. J’espère que la Sierra Leone pourra un jour bénéficier de meilleurs centres de santé. »

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Elizabeth Kamara, directrice d’école, à Waterloo en Sierra Leone.

« Lorsque les écoles ont fermé à cause du virus Ebola, j’ai décidé de ne pas rester chez moi à ne rien faire. Je suis allée travailler à l’hôpital et j’ai aidé à laver les vêtements. Avant la réouverture de l’école, tout le personnel a reçu une formation sur la façon de travailler avec des enfants qui ont été traumatisés par la maladie. Quand nous sommes dans une salle de classe, nous tentons d’identifier les enfants qui ont besoin d’aide. Les enfants ont plus de mal à se concentrer maintenant. Beaucoup d’entre eux ont perdu tout sentiment de stabilité. Je souhaite, par la grâce de Dieu, que notre pays retourne à la normale et que nous pourrons développer la résilience des enfants. »

© UNICEF/UNI200663/Grile

Pandora Hodge, entrepreneuse et étudiante en administration publique et sociologie, à Monrovia au Libéria.

« Nous avons commencé à projeter des films de sensibilisation sur le virus Ebola dans les communautés, mais je me suis dit que nous pouvions faire plus. Avec le soutien du Ministère de la santé et de l’UNICEF, 72 étudiants sont allés faire du porte-à-porte dans les communautés. Je commençais toujours par m’adresser aux dirigeants communautaires, et ensuite je parlais à ceux qui voulaient bien m’écouter. Nous avons atteint plus de 400 communautés. Il est temps que les Libériens aident le pays à aller de l’avant pour que tous nos rêves se réalisent. Car un pays ne se développe pas tout seul ; il se développe grâce à son peuple. »

Plus d’informations sur les actions de l’UNICEF pour la lutte contre Ebola #PourUnMondeJuste

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