19 décembre 2017

Souvenirs photo

Tranches de vie — famille Raslan

UNICEF
Photographie et changement social

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« On a immortalisé chaque endroit en prenant des photos », explique Amira Raslan, une jeune Syrienne de 26 ans qui vit aujourd’hui avec sa famille à Berlin. « Quand on passait une frontière, par exemple, on disait “Ah, chouette ! On est arrivés en Serbie ! Une photo ! Une photo !” On ne voulait pas que cela ressemble à un voyage de réfugiés, mais à un voyage en famille. »

(de gauche à droite) Jannat, 8 ans ; Amira, 26 ans ; Amr, 8 ans ; Karam, 5 ans ; Khaled, 34 ans. © UNICEF/UN05632/Gilbertson VII Photo

« Nos deux garçons ont peur des policiers et des soldats », confie-t-elle doucement en veillant à ne pas troubler ses enfants tout près, les jumeaux Amr et Jannat, 8 ans, et Karam, 5 ans. « Lorsqu’on en voyait pendant notre périple, on disait aux enfants qu’ils étaient là pour nous protéger et on prenait des photos des enfants face à eux. »

(de gauche à droite) Amira, Khaled. © UNICEF/UN0126169/Gilbertson VII Photo

« J’ai plus de 2 000 photos », précise son mari, Khaled, 34 ans. Il est le photographe attitré de la famille. « J’avais des photos de mes enfants en Syrie, dans les camps au Liban, dans le bateau qui nous a menés en Grèce et pendant tout le périple qui nous a conduits en Allemagne. »

(au centre de gauche à droite) Karam, Khaled. © UNICEF/UN037454/Gilbertson VII Photo

Dans le chaos qui a accompagné la crise des réfugiés en 2015, Khaled s’est fait voler son téléphone après son arrivée.

« Avant, je n’avais pas Instagram », déclare Khaled. « Maintenant, je télécharge toutes mes photos pour ne pas risquer de les perdre si je casse mon téléphone ou me le fais voler à nouveau. C’est comme un album photo, ce sont des souvenirs qu’on veut conserver. »

(de gauche à droite) Amr, Karam, Amira, Jannat. © UNICEF/UN0126199/Gilbertson VII Photo

« Karam était différent des autres enfants », confie-t-il. « Il est né avec un handicap. Il ne pouvait pas marcher. Il a été opéré deux fois. J’ai appris les techniques de massage et de kinésithérapie, et je les ai mises en pratique pendant 3 ans et demi, jusqu’à ce qu’il soit en mesure de marcher. »

Khaled fait défiler les photos de son téléphone pour remonter jusqu’à la première.

Karam. © Famille Raslan.

« Il était tellement heureux sur cette photo. Sa vie venait de changer parce qu’il était enfin en mesure de marcher et allait bientôt pouvoir courir. La main et les gouttes d’eau sont là pour montrer qu’on fait table rase du passé, et qu’une nouvelle vie commence », ajoute Khaled.

(de gauche à droite) Jannat, Amr, Karam. © Famille Raslan.

« Cette photo est le symbole de notre vie avant la guerre. Les enfants étaient comme ça avant le début du conflit », précise Khaled. Elle a été prise dans l’ancien centre d’accueil. On partait faire une promenade au parc », poursuit Khaled. « C’était la première fois en Allemagne que les enfants jouaient sans crainte. Il leur a fallu trois mois pour en arriver là. »

(de gauche à droite) Jannat, Amr, Karam. © Famille Raslan.

Tandis qu’Amira et Khaled feuillettent leur album photo, une notification de message Whatsapp s’affiche à l’écran. Il s’agit d’une vidéo du frère de Khaled, en Syrie. Il se trouve dans l’appartement familial à Homs. La vidéo témoigne des conditions de vie, il n’y a rien là-bas.

Amira en train de visionner la vidéo de Homs. © UNICEF/UN0126134/Gilbertson VII Photo

Des photos arrivent. Des photos de l’extérieur et de la rue. Khaled peut à peine parler. Amira est figée.

« Si l’on rentrait, il nous faudrait 30 000 euros pour réparer la maison », explique Khaled. « Je vois mon appartement, mon voisinage, la rue où je vivais autrefois, et maintenant tout est détruit. »

(au centre, de gauche à droite) Jannat, Amira, Amr. © UNICEF/UN037416/Gilbertson VII Photo

Khaled s’efforce de considérer la situation de manière rationnelle, mais les larmes qui perlent dans ses yeux le trahissent. Il s’inquiète à l’idée de perdre le statut qui les protège et d’être renvoyé en Syrie. Même si la famille s’emploie activement à s’intégrer dans la société allemande, rien n’est jamais sûr.

(de gauche à droite dans le sens des aiguilles d’une montre) Amr, Karam, Jannat et Khaled. © UNICEF/UN037398/Gilbertson VII Photo

Ces nouvelles photos de Homs ne rejoindront pas l’album photo de la famille sur Instagram. Celui-ci est réservé aux souvenirs qu’ils souhaitent garder en mémoire — les enfants jouant pour la première fois dans la neige en Allemagne, le premier jour d’école, les fêtes d’anniversaire des enfants, etc.

Texte et photos d’Ashley Gilbertson / VII Photo pour l’UNICEF et de la famille Raslan. Pour en savoir plus sur l’installation en Allemagne de la famille Raslan après qu’elle a fui le conflit syrien :

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