Ta7arrosh
Ta7arrosh (تَحَرُّش) : harcèlement [sexuel] en arabe.
Après un cours à l’université de Gand sur le harcèlement sexuel en Égypte, j’ai lancé une discussion ouverte afin d’évoquer les stratégies efficaces pour réduire ce phénomène. Deux points se démarquent de cette discussion. Ils sont logiques et relativement simple à appliquer d’un point de vue logistique/administratif, mais très difficiles à mettre en œuvre au sein d’une tradition religieuse et surtout masculine comme celle de l’Égypte.
Ce qui suit est loin d’être une analyse complète des raisons de harcèlement sexuel en Égypte, ou de l’évolution des mœurs de la société égyptienne après le coup d’état de 1952, mais simplement une réflexion qui reste à développer.
On parle souvent de la frustration sexuelle des hommes en Égypte. On ne la constate pas seulement en regardant le nombre des cas (quasiment jamais signalés) de viols de filles/femmes, mais aussi dans la pratique d’une homosexualité « temporaire » : une qui ne continue pas (ou très rarement) après le marriage. On parle moins de la manière principale dont cette frustration a été soulagée avant 1949 : la prostitution. En 2008, quand une réalisatrice controversée (Inas El-Degheidy) a demandé en public que la prostitution soit re-légalisée… bon je vous laisse deviner la réaction ! Personnellement, je suis pour la légalisation de la prostitution pour plusieurs raisons; mais même si l’on réussit à réintroduire les bordels dans une ville comme le Caire, est-ce que cela pourrait alléger la frustration sexuelle des Cairotes ? J’en doute.
Il faut savoir que le harcèlement des femmes est devenu un signe de masculinité, auquel l’homme égyptien tient fort. Il y a un rapport entre l’autorité de l’ancien régime et l’homme égyptien qui a conduit ce dernier (du moins celui de certains niveau d’éducation et classe sociale) à développer une fierté d’être capable d’exercer du pouvoir et réussir à échapper au châtiment. Ceux qui ont vécu en Égypte pendant les années 90 arrivent plus facilement à constater ce changement de comportement chez l’homme égyptien par rapport à la période pré-nassérienne, même si la rapidité de ce changement reste surprenant.
Le deuxième point évoqué touche à la quasi-absence des femmes dans la force de police en Égypte. Vu qu’une raison principale pour laquelle le harcèlement sexuel continue à croitre est la peur de le signaler, il est vrai que la présence des femmes dans la police donnerait plus de courage à d’autres femmes (surtout les jeunes) de se manifester et porter plainte. Encore faut-il que les femmes dans la police ne soient par harcelées au point de partir…
Enfin, comme je l’ai dit, ce qui précède ne fait qu’égratigner la surface du problème. J’espère que cela peut fournir une base de discussion que je serai heureux à mener avec ceux qui s’y intéressent.