Les bailleurs sociaux partagent les couleurs de leur accessibilité.

“Dans les Hauts-de-France, près d’un quart des résidents du parc social ont plus de 65 ans. Comment les organismes HLM s’adaptent-ils à la perte d’autonomie de leurs locataires ? Quelles solutions leurs sont apportées pour faciliter leur quotidien ? “

Lucie
Picto Access par APF France handicap
5 min readDec 30, 2019

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Enjeu majeur des prochaines décennies, le vieillissement de la population est une problématique que les bailleurs sociaux ont choisi de prendre à bras-le-corps. Dans les Hauts-de-France, 24 % des locataires du parc HLM ont aujourd’hui plus de 65 ans. Selon les estimations, les seniors représenteront 25 % du parc social d’ici à 2050 dans notre région. Ce qui oblige les bailleurs à revoir leur copie. « Plusieurs défis se présentent à eux, souligne Sylvie Ruin, directrice de l’Union régionale pour l’habitat (URH) Hauts-de-France. Le premier concerne le pouvoir d’achat parce qu’on sait que les personnes âgées sont des populations précaires, et plus encore dans les Hauts-de-France. L’ambition du parc HLM est donc de proposer des loyers et des charges les moins élevés possibles avec, par exemple, des T2 à 250 euros par mois. En comparaison, les résidences pour personnes âgées affichent des loyers mensuels de l’ordre de 1 500 à 2 500 euros».”

Béguinage du Coq à Bondues

“Selon Sylvie Ruin, le deuxième défi de taille des bailleurs sociaux, c’est celui du bien vivre dans son logement. Pour cela, deux leviers : l’adaptation de l’existant aux besoins des seniors et la construction de logements qui répondent déjà à ces besoins (normes PMR respectées, ilots intergénérationnels et béguinages notamment). Chaque année dans la région, le parc HLM débourse ainsi plusieurs millions d’euros en travaux d’adaptation : remplacement de baignoire par une douche à fond plat, installation de rampe et de points lumineux, élargissement des portes, pose de détecteurs de présence… « Partenord Habitat investit cinq millions d’euros par an dans le Nord. LMH, c’est un million d’euros rien que pour la métropole lilloise », calcule la directrice de l’URH. « Dans cette idée du bien vivre, les bailleurs choisissent aussi de créer des services périphériques pour garder les personnes chez elles. Car elles ont beau être locataires, elles sont attachées à leur logement, à leur quartier, ajoute Maximilien Oniar, chargé de mission à l’Union régionale pour l’habitat. Aujourd’hui, c’est le logement qui s’adapte aux résidents, non plus l’inverse ». Les exemples de partenariats réussis entre sociétés HLM et commerçants ou associations se multiplient. Cela va du portage de courses à l’aide à domicile mutualisée. “Des initiatives plus originales encore sont aussi menées. C’est le cas du partenariat signé entre huit bailleurs et Picto Access, une start-up lilloise qui a développé un outil permettant d’identifier l’accessibilité des espaces communs en fonction des niveaux de handicap et, ainsi, mieux répondre aux besoins des résidants.”

Favoriser la mobilité

“Certains logements, devenus trop grands pour les personnes seules, devraient/pourraient être réaffectés à des familles. « Mais les bailleurs rencontrent de vraies difficultés à organiser la mobilité des personnes âgées, confie Sylvie Ruin. Le taux de refus de ces dernières est très important. » Plusieurs bailleurs envisagent donc des solutions alternatives. Notre Logis, par exemple, réfléchit à la possibilité de faire cohabiter seniors et étudiants afin de résoudre dans le même temps le problème du logement étudiant. D’autres bailleurs travaillent sur la mutation collective. Le concept ? Proposer à plusieurs voisins de déménager en même temps, dans une résidence plus adaptée à leur situation, pour recréer une sorte de cocon. Et pour décider ceux dont les réticences sont davantage matérielles, Pas-de-Calais Habitat examine de son côté la question du bouclier social senior, qui garantit lors de la mutation un loyer plafonné.”

Un label Béguinage dans le Pas-de-Calais

“En milieu rural où le nombre de logements adaptés et où les services annexes sont plus faibles qu’ailleurs, la question du vieillissement est encore plus complexe. D’autant que les indices de fragilité y sont plus forts. Pour Sylvie Ruin, seuls les organismes HLM sont alors en mesure de répondre aux besoins des seniors. Pour les y aider, le département du Pas-de-Calais a créé le label Béguinage, incitant par ce biais les communes et les bailleurs à se rencontrer. C’est comme ça qu’est par exemple né l’ilot intergénérationnel de Villers-Brûlin dans l’Artois, construit par Pas-de-Calais Habitat.

Une résidence de douze logements où les habitants partagent une salle commune et où les commerçants viennent livrer les courses. Même esprit de convivialité au béguinage Reynouard à Saint-Laurent-Blangy (photo 3), où les locataires se retrouvent pour partagerdes cafés matinaux et participer à des ateliers.

Dans un autre genre, le béguinage du Coq à Bondues a reçu la semaine dernière le prix du Geste d’or, récompensant à la fois la qualité architecturale de ses 26 constructions de style flamand et la prise en compte des usages des personnes âgées par le bailleur, Notre Logis.”

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