Nature, Design Objet et sortie de formation avec Justin Bellenge.

Pierre Stefan
Pierre STEFAN
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10 min readJul 4, 2019

Jeune designer rencontré sur Albi, Justin Bellenge est sur le point d’arriver à la fin de sa formation de 4 ans en design, autant dire qu’il a la motivation d’amener sa vision au monde.

1. Peux-tu nous donner un bref résumé de ton parcours ? Comment es-tu devenus graphiste designer ? Quand est-ce que cet éclair a traversé ton cerveau ?

Je ne me voyais pas faire autre chose que créer. Si ça n’avait pas été dans le design, j’aurais été pâtissier. J’ai toujours aimé dessiner, sculpter depuis tout petit et après le Bac j’ai décidé de me lancer dans des études d’arts appliquées en commençant par une mise à niveau (MANAA).

Puis je suis parti en BTS Design de produits j’ai appris toute la démarche créative renvoyant aux concepts, aux objets, aux volumes, aux matériaux et aux technologies. J’ai exploré des logiciels de PAO et CAO. Que ce soit pour représenter un projet, présenter une marque, un produit, un service j’ai découvert que la part de la communication dans ces métiers du design était vraiment importante. Et donc j’ai réalisé une Licence pro Designer Concepteur Graphique. Aujourd’hui je travaille dans l’événementiel.

2.Ton métier en quoi ça consiste ?

Mon métier en gros c’est de créer des supports visuels, mais aussi du contenu pour envoyer un message, faire passer une info et aussi créer quelque chose de beau, de ludique, qui peut amuser les gens et les cultiver.

Donc c’est assez général, tu peut travailler dans tous les domaines graphiques…

Oui.

3.D’où viennent tes connaissances ? Quels sont pour toi les référents de ton métier, les projets ou personnages qui ont marqué ton métier ou ta culture ? As-tu rencontré ton Maître Yoda du Design ?

Waouw…(rires…) j’ai beaucoup été inspiré par les gens avec qui j’ai travaillé, ils m’ont montré des façons de faire, des manières de s’organiser, puis le fait d’être sous pression ça oblige d’apprendre assez vite et bien.

As-tu un exemple tu a appris beaucoup avec quelqu’un en un minimum de temps ?

Je dirais en imprimerie avec Lucas mon ancien patron, je venais de quitter le design produit pour le design graphique, et je devais apprendre à utiliser le logiciel InDesign en un minimum de temps car j’avais beaucoup de projets créa, d’édition, la création d’identité visuelle et il fallait aller assez vite, pas le temps de chômer. Si non après c’est aussi les profs et les visites culturelles qui m’ont donnés toutes les inspirations qui constituent la source de mes créations.

Ça me fait penser à l’histoire de ces deux souris qui tombent dans du lait. La première souris voit qu’elle ne peut pas remonter, elle abandonne et se noie. Tandis que la deuxième souris : elle se débat à fond et elle transforme le lait en beurre ! et ainsi elle sort !

Justin lors de la séance photo…

4.Travailles-tu souvent en équipe?

Ben tout le temps ! Par exemple cette année, dans ma formation en sport, design et communication on avait divers profils dans la classe : des designers, des commerciaux, des gens du marketing et de la communication et on devait travailler ensemble, chacun devait apporter sa touche grâce à sa spécialisation et sa personnalité. Le commercial vendait le projet, le designer créait le concept et le support visuel, le communiquant organise la campagne de communication, donc c’est hyper important d’avoir cet esprit d’équipe. Et c’est aussi compliqué, il y en a qui avancent moins vite que d’autres, les idées de certains ne peuvent pas plaire forcément à tout le monde. C’est une aventure il faut toujours rebondir et s’adapter à l’évolution du projet et aussi à la demande du client.

5.Quel est le type de client pour lequel tu travailles le plus aujourd’hui ?

En ce moment je travaille pour une agence événementielle, c’est surtout pour des grandes entreprises, des organisations et le service public comme pour la mairie d’Albi. En ce moment on travaille pour le Tour de France, on agence les stands de producteur et d’entreprises locales, on crée des scénographies assez interactives… On crée aussi des événements pour des entreprises, des inaugurations pour 400 -500 personnes avec de la vidéo, de la musique, du son, du décor…

Pour quels nouveaux clients souhaiterais-tu travailler ? Kim Jong-un ? Beyoncé ?

Ce qui serait un bon délire, ça serait de suivre une équipe de riders, d’aventuriers, ou d’artistes complètement chtarbés, les accompagner dans leur périples, vivre l’aventure et de temps en temps se poser et raconter nos histoires, les mettre en scène avec des concepts artistiques uniques ! Designer de l’extrême ! (rires…).

6. A part aimer le café, quelles sont les qualités d’un bon designer ?

À part aimer le café ? Être curieux, ne pas être enfermé dans ses opinions, savoir écouter et regarder. Etre volontaire et investi à fond dans chaque projet. Comme je disais tout à l’heure : réussir à s’adapter c’est vraiment la base. Comprendre ce que veut le client, le message qu’il veut faire passer, il faut être assez malin (rires sournois…).

7.Quelle est ta playlist ultime pendant que tu travaille ? À part Justin Bieber ?

Il n’y a plus grand chose du coup… (rires). Je commence toujours tout doux, avec de la musique classique comme celle de Joe Hisaishi au Japon qui a fait beaucoup de soundtracks pour les films d’animation de Miyazaki, après je pars sur du old school genre country, folk, les Beatles, puis ça peut partir en electro swing et jazz, Jimmy Hendrix enfin ça en rock et puis Boom Boom Boom !

8. Quelles activités extérieures à ton domaine t-on aidé à t’améliorer ? La taxidermie ou encore le lissage de chaussures ?

(Rires…) il suffit de prendre plus de recul, de sortir, faire une activité physique pour ne plus penser au projet en cours… et rien qu’en sortant pour regarder les paysages tu peux avoir des idées, même lors de discussions. Après je faisais pas mal de futsall, là en ce moment je vais à la salle de sport mais j’y vais pas vraiment… (rires…). J’ai acheté un vélo pour faire un peu d’endurance mais c’est surtout pour rentrer de soirée… (rires…). Je commence à bien aimer les pratiques de relaxation, méditation. Le retour à la nature est aussi important pour moi. Je suis Savoyard, partir à la montagne, prendre l’air pendant 2 jours, sans réseau, sans portable, je reviens refait !

Donc pour trouver des bonnes idées il ne faut pas avoir de réseau ?

Ah non quand même pas… mais se couper du monde ça peut aider à se ressourcer, après ça peut être une demi-journée pour aller dans une forêt, près d’une cascade…

Pour une heure ça passe ?

Ah 1 heure c’est pas assez (rires…)

1h30 alors ?

(rires…)

9. Avec quels outils travailles tu en design?

Papier, crayon c’est la base. Feutre, aquarelle…tout ! Mes principaux logiciels sont Photoshop, Illustrator, InDesign, After effect, et j’explore la 3D !

Quels sont les trois logiciels que tu emmènerais sur une île déserte ?

Du coup j’ai répondu avant, ah j’aurais peut être dit aussi Solid Works dans le cas ou il y a une imprimante 3D sur l’île déserte, je pourrais imprimer des objets en 3D et faire des outils pour bricoler et chasser…

Mais il te faudra une imprimante 3D quand même !

Oui c’est ça ! une imprimante 3D sur une île déserte (rires…), c’est facile à trouver.

10. Quels sont les fonctionnalités ou applications qui t’énervent le plus ? Genre quand tu ne comprends pas quelle créature obscure et bizarre à bien pu fabriquer un programme pareil ?

Je dirais …le code (rires…). Il faut être hyper attentif et organisé. Il y a des balises partout, il ne faut pas oublier le petit slash, la petite balise. Ça fait mal à la tête, c’est tout petit.

Du coup si tu fais un site internet il te faudra quelqu’un pour faire le code ? Toi tu t’occupes que de la créa ?

Exactement, oui. Je ferais la maquette, le design. Ça serait une perte de temps de coder pour moi.

11. Quels sont les sites sur lesquels tu vas régulièrement, les magazines que tu lis, les lieux et images qui t’inspirent… Quels genre de drogues tu prends pour ton inspiration ? Qui sont tes dealers ?

Déjà mes inspirations viennent de mes voyages, des visites de musées. J’ai fait pas mal de pays en Europe. Je suis allé aux Etats-Unis, à New York. J’ai vu les tendances graphiques qui ressortent. Je n’ai pas d’artiste favoris, ça fonctionne par périodes, une semaine je pourrais être interessé par l’univers de Tim Burton et la semaine suivante je pourrais être passionné par la pop art.

Mes influences sont multiples. Dans les sites que je regarde il y a Fubiz, Pinterest. Je regarde quelles sont les dernières typos, les derniers logos, les styles graphiques, j’essaye de les reproduire avec des tutoriels pour comprendre comment ça marche et essayer de trouver une patte graphique. Les drogues…je sais pas… la bière… le jeu

12. De quel travail est tu le plus fière jusque-là ? A tu réalisé Ta fresque de La Chapelle Sixteen ?

Quand j’avais dessiné un scarabée en Dot art, ça m’avait pris une dizaine d’heures. J’ai réussi à faire un rendu avec des dégradés assez sympas. Là j’étais vraiment content et j’ai eu une très bonne note (rires…).

Le Scarabée en Dot art

Et t’en a fait quoi du scarabée ?

Il est chez moi en Savoie, il est affiché…

Si non j’étais fier d’avoir remporté un concours pour la réalisation d’une scénographie d’une table de Noel pour le Musée des Faïencerie de Sarguemines. On devait s’inspirer d’un service de table et raconter une histoire, un concept autour du thème de Noël. et on a pu réaliser ce projet de A à Z. On a appris à sérigraphier des tissus, des nappes, et à coudre un villages de Noël.

Justin au travail…

13. Peux-tu parler de ton processus de création ? Tu fait un plan dans ta tête ou tu est plus dans l’improvisation ?

Un peu des deux. Déjà je m’imprègne du thème et du projet, je me pose la question de ce que c’est, ce que ça veut dire, d’ ça vient… Je me documente autour des mots clés sur Internet et dans des livres.

14. Avec quel outil ?

Avec Google images ou Pinterest. Je regarde s’il y a eu des expos sur ce sujet et après je fais des brainstormings. Je tente de mettre plusieurs idées en place mais parfois je vais trop vite et je tente de finaliser mes idées sur l’ordi, je dois revenir en arrière car avec du recul ce n’est pas vraiment cohérent et ça ne répond pas aux briefs créatifs… Mais j’ai tendance à moins le faire avec le temps.

Souvent le premier jour je stagne et puis je fais quelque chose d’autre, je rentre chez moi, je suis un peu dépité puis d’un coup une idée me vient ! Tout devient cohérent d’un coup, avec un cheminement derrière ! Pour moi il faut qu’un design soit logique, avec un concept argumenté, et si tout fonctionne ça veut dire que j’ai trouvé une bonne idée. Mais ça peut ne pas plaire…il faut savoir s’adapter. C’est souvent après une bonne sieste, ou après une bonne nuit que tu te réveilles avec une idée cohérente.

Quand je fais des croquis ou un visuel de ce que j’imagine, je le montre au client et au patron, qui lui va valider des directions aller, et à partir de là je crée des supports.

Et je demande toujours un avis extérieur ! C’est hyper important, car on est trop immergé dans le concept et on ne voit pas les problèmes liés à ce qui manque ou ce qu’il y a en trop.

15. Comment perçois-tu le design actuel ?

Des fois il y en a qui sont trop dans l’abus, dans la superficialité, dans la surconsommation. Il y a beaucoup de choses incroyables, notamment dans le domaine de la technologie, de la science, de la nature, mais aussi les comportements, on peut lier beaucoup de choses. Je peux voir que le design est vraiment centré sur l’expérience utilisateur et son environnement. Je trouve qu’ils sont trop déconnectés.

16. Comment tu te voit dans 20 ans ? Comme un expert en design célèbre faisant des conférences autour du monde ?

Je serais le roi des pirates à mon avis (rires…) ou un grand sorcier parmi les moldus. Dans 20 ans j’espères avoir pris plus d’assurance, que je sois plus pertinent, entouré d’une bonne équipe. Je me verrais bien en tant que Directeur créatif.

17. Comment vois-tu l’évolution du design et du web design en général ?

Ça ne peut qu’aller dans le bonne direction vue l’évolution des nouvelles technologies comme l’IA. On pourra faire plein de choses. Un design adapté à chaque personnalité grâce à la data. J’imagine des interfaces hyper immersives avec de la VR de la réalité augmenté. … Oui on pourra faire toutes ces choses si ce n’est pas la fin du monde avant ! J’aperçois que le design a vraiment tendance à aller vers le développement durable. Mais il y a trop d’hypocrisie, de surconsommation et ça entraîne des dérives, comme le réchauffement climatique, et ça fait fondre la neige et ça me rend triste :’( (rires mélancoliques…)

18. En fin quel est la dernière application que tu a apprécié et que tu utilise encore ?

J’aime bien Farcry sur PS4. C’est un jeu d’aventure, avec un méchant charismatique, qui t’en fais baver, tu es dans un environnement hostile où il y a des tarés armés, des bêtes sauvages, et une partie mystique complètement folle ! On a l’impression de jouer à un film,où tu choisis une partie du scénario. Arvi Pas* !

*”Arvi Pas” veut dire au revoir en Savoyard.

Arvi pas !

Liens pour voir ses créations :

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