UX Design, Canal du Midi, Open space et PWA avec Pierrick Point.

Pierre Stefan
Pierre STEFAN
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9 min readJul 18, 2019

Web designer à plusieurs casquettes, Pierrick Point m’a reçu, pour cet entretien fécond, dans l’open space de l’agence de communication et de publicité Vent d’Autan, implanté depuis longtemps à Albi.

  1. Comment est-tu devenu web designer ?

C’était un chemin sinueux sachant qu’à la base j’étais parti dans une formation purement artistique, après être passé par une formation APO en print. Pendant mon cursus artistique je me suis plus concentré sur la photo. C’est vraiment à ce moment là que j’ai commencé à travailler en freelance en tant que graphiste print.

Mais très clairement c’était le Web qui m’intéressait ! C’était dans les années 2000 au moment de l’essor du web tel qu’on le connaît maintenant. C’était aussi pour moi un moyen de trouver un compromis entre le champ créatif et l’application dans la pratique. Et de fil en aiguille j’en suis arrivé là. Mon domaine même s’il est ciblé sur le web, reste assez large puisqu’il touche les applis, le print, le graphisme et le dessin.

Pierrick Point dans l’open space de Vent d’Autan

Pourquoi le web ?

Peut être parce que j’ai grandi avec ! Je tournais en rond sur la partie print, qui était beaucoup trop limité avec des formats prédéfinis. Le print est moins évolutif que le web, même si le côté créatif est toujours là. Le web m’a stimulée depuis le départ.

Parallèlement à cela aussi je peux préciser que j’ai toujours aimé mettre les mains dans le code depuis très longtemps. L’un et l’autre m’on fait converger vers là de façon assez évidente. J’avais commencé à coder au tout début des premiers ordis en DOS, quand j’étais gosse j’avais vraiment de l’intérêt pour ça. J’étais attiré tant par le design que par le code.

2. Comment tu définis ton métier ?

C’est vrai que parfois c’est dur à expliquer aux gens. A la base on est informaticiens. Et après ça, on peut resserrer à webmaster pour les gens qui connaissent un peu. Le terme web designer peut dès fois être cantonné à la partie créa, alors que dans mon cas ça comporte d’autres aspects, comme le code qui est tout aussi créatif pour moi. Je suis web designer par défaut même si ce n’est pas toujours le terme le plus adapté.

3. Ça fait longtemps que tu travailles à l’agence Vent d’Autan ?

Ça fait maintenant trois ans en tant que salarié parce que avant j’ai bossé à peu près trois ans en tant que freelancer avec l’agence très régulièrement. J’avais déjà entendu parler d’eux car c’est une boîte qui existe depuis une vingtaine d’années et qui est importante dans la région.

C’est par le biais d’un premier stage que j’ai rencontré les équipes, puis on était en accord sur pas mal de choses dans la façon de travailler, le rapport humain et une certaine conception du travail créatif qui est moins classique que dans d’autres agences.

Une homepage en parallax créé par l’Agence Vent d’Autan

4. Tu est le seul à faire de l’intégration et du web design ?

C’est une agence dont les activités sont polymorphes, comme de la vidéo, du design, de la création de logos ou de l’identité visuelle. Pour la partie web je suis tout seul même si je suis épaulé par mes collègues sur de la gestion et préparation de projets…

Ça me donne une certaine liberté mais en même temps c’est beaucoup plus contraignant en termes d’implication parce que ça demande de porter un projet de A à Z avec une endurance et une constance, du début à la fin, qui n’est pas toujours évidente à tenir sur les projets longs. Mais c’est quand même un certain luxe !

Dans d’autres agences il arrive que les différents compartiments soit plus cloisonnés, des fois on peut trouver des rivalités entre développeurs et créatifs, qui ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde. Ici il y a quand même pas mal d’avantages et la diversité des activités permet de ne pas m’ennuyer.

5. Comment tu travailles en équipe ? C’est quoi ton processus de création ?

C’est dur aussi de synthétiser un seul process pour tous les projets. Tout d’abord il y a une phase de recherche pour se mettre un peu en adéquation avec les besoins, le style et l’orientation que souhaite le client. On passe très souvent par une phase de maquettage, aussi parce que l’on fait beaucoup de sur-mesure. On s’appuie de moins en moins sur des templates déjà existants avant de travailler.

Dès le début je me suis mis sur Wordpress. J’ai pu trouver ce filon qui a ensuite a explosé. Il y a une certaine souplesse avec Wordpress que je maîtrise bien et qui me permet très rapidement de partir d’une template vierge et de faire quelque chose qui sort entre guillemets du lot. Je ne vais pas avoir beaucoup de contraintes de temps et de travail.

6. À part aimer le café quelles sont les qualités d’un bon webdesigner ?

De la curiosité. Du courage aussi parce qu’il faut toujours confronter sa vision à celle des clients. On peut tomber sur des personnes qui ont une autre vision du Web remontant à plusieurs années en arrière et s’appuyant sur des standards un peu éculés.

Il faut aussi une grande ouverture d’esprit pour aller piocher un peu partout. Le fait de venir du print de l’avant APO m’a aussi donné beaucoup de clés pour ouvrir plus de perspectives intéressantes.

7. À quel point es-tu investi dans l’UX Design ? Est ce que tu vas voir des statistiques ? Des tests ?

Non pas du tout. Je fonctionne plus avec du feeling. J’essaye de prendre du recul. J’essaye intuitivement de m’appuyer sur des choses un peu standardisées mais qui améliorent l’expérience utilisateur, comme le logo en haut sur le côté. Il y a eu beaucoup de domaines, de disciplines qui se sont développées autour de ça.

À la base c’était un simple codeur qui faisait son site internet et ça a fait beaucoup de dégâts ! Mais depuis ça a tellement évolué qu’il faut désormais répondre à une demande générale d’amélioration de l’expérience utilisateur. Je peux comprendre que dans certains cas des gens puissent se pencher sur du A/B testing.

J’ai plusieurs casquettes en même temps donc malheureusement je ne peux pas consacrer trop de temps sur tous les terrains mais je pense quand même que l’UX design est quelque chose d’important pour un web designer. C’est bien d’avoir toujours ça en tête.

L’apparition aussi de nombreux outils qui permettent de designer de façon interactive améliore forcément l’expérience d’utilisateur. Par exemple je travaille beaucoup sur Illustrator, par choix personnel, et j’ai toujours en tête toute cette logique de navigation, d’interaction et d’animation.

8. Justement avec quels logiciels tu travailles ?

J’ai toujours été assez Adobe. J’ai fait mes premières armes avec Dreamweaver, comme beaucoup de monde au départ, pour me familiariser avec la partie composition visuelle.

Très vite après j’ai basculé sur Photoshop, mais là où je me suis retrouvé c’était avec Illustrator, d’autant plus que les dernières versions sont beaucoup plus orientées web. Et il y a aussi mon éditeur de code Sublime texte.

9. Quels sont vos clients en règle générale ?

On a beaucoup de clients qui reviennent assez régulièrement. Beaucoup sont dans la restauration, le locatif ou l’artisanat. On arrive à proposer des formules un peu moins créatives mais aussi plus abordables qui leur permettent d’être visibles sur Internet sans que ça soit trop cher. On bosse aussi avec de grands groupes comme Pierre Fabre, mais moins en termes de design pur comme.

Un site web dans l’hôtellerie

10. Quels genre de sites vous faites ?

Très souvent les demandes restent assez simples, donc ça reste souvent du site vitrine portfolio. Dans le cadre de la restauration et du locatif il y a des fois des besoins un peu plus complexes. On a intégré des outils de réservation, ce genre de choses, mais souvent on s’appuie sur tout ce qui est existant en parallèle.

11. Quels sont les projets où tu t’éclates vraiment ?

Au final les projets deviennent intéressants dès qu’on s’écarte du site vitrine classique qui est très normé. Pour un site web les gens attendent quelque chose de très conventionnel. Les gens demandent de l’originalité mais veulent quand même rester dans les sentiers battus. On n’a pas une marge de manoeuvre très grande au niveau de la créativité.

Paradoxalement les projets sur lesquels je m’éclate de plus en plus sont les web apps. Il y a pas mal de défis à relever. Ça peut être du off-line embarqué sur des tablettes. On en a beaucoup travaillé avec Pierre Fabre pour qui on a fait une appli de démarchage interne. On a aussi fait de petits applis pour des salons.

Il y a un projet demandé par quelqu’un qui a dessiné tout le canal du midi à l’encre depuis des années. L’objectif est donc de créer une appli pour valoriser le site du Canal du Midi, qui est classé au patrimoine mondial, mais aussi de sensibiliser sur la préservation du site et d’accompagner à la découverte. En principe on visiterait le canal du midi avec l’appli off-line et on serait guidé au fur et à mesure de la progression, avec des informations utiles et ludiques à la fois. Sans aller jusqu’à l’augmentation du réel on est quand même dans une logique de rajouter une couche utile et informative.

Ce type de projet peut être particulièrement stimulant parce que l’on sort des conventions. Après moi je trouve pas mal de satisfaction sur des projets avec des défis conséquents qu’on mène à terme en mettant en place quelque chose qui répond bien à chaque problème de façon harmonieuse.

12. Quelle genre de musique tu écoutes pendant que tu travaille ?

Vu qu’on est en open space on met de la musique qui plaît à tout le monde. J’essaye de ne pas trop rester avec mes écouteurs, pour ne pas être trop isolé. Mais j’ai du mal à m’en passer. Et en ce moment j’écoute de l’électro qui surf sur les années 80, mais ma playlist est assez éclectique. Le choix peut aussi dépendre du projet. Si je travaille sur quelque chose d’assez zen, sur la thalasso par exemple, je ne vais pas me mettre du métal dans les oreilles. Je me laisse porter par quelques chaînes You Tube que je suis.

13. Est-ce que tu a des activités extérieures qui font que tu t’améliore dans ton travail de web designer ?

Je n’ai jamais lâché le papier et le stylo, je dessine beaucoup. C’est quelque chose d’assez important.

Quelles sont tes influences au niveau du dessin ?

Je suis assez bandes dessinées. Le dessin au trait et l’illustration sont des choses qui me motivent. La musique c’est quelque chose d’assez complémentaire aussi. Je suis également musicien à côté et ça c’est quelque chose qui permet vraiment de me vider l’esprit. Dans tous les processus créatifs on peut retrouver les mêmes problématiques.

14. Quels sont les sites avec lesquels tu fait ta veille ?

C’est assez éclectique. Il y a eWebDesign qui m’apprend beaucoup de choses régulièrement. Je ne fais pas vraiment de veille pure et dure au sens technique. Je regarde des sites basés sur différents champs créatifs.

15. Comment tu perçois le futur du web design ?

Je pense qu’on se trouve dans grande phase de mutation. D’ici quelques années on risque de voir l’arrivée des Progressive Web Apps (PWA) qui vont fusionner nos sites Web avec nos applis.

On va aussi vers une tendance de facilitation des process. Quand je vois comment on faisait un template il y a cinq ans et comment on en fait maintenant, avec les nombreux outils qu’on a sous la main, on n’est plus du tout dans la même logique.

Il y aura toujours une standardisation des interfaces mais parallèlement il y aura toujours 5 à 10 % des sites qui seront vraiment créatifs graphiquement, comme ce qu’on peut voir sur Awwwards.com . Le web design a de beaux jours devant lui.

17. Quelle est la dernière application que tu a découverte récemment et que tu utilises encore ?

Toggl est un service en ligne qui, via le navigateur, permet de savoir combien de temps je passe sur mes différents projets, surtout que dans mon cas je rebondis pas mal entre plusieurs activités. C’est pour estimer au final si je ne perds pas de temps sur une étape en particulier par rapport au temps du projet global.

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