Comment la capture et le stockage du carbone va aider à tourner la page du réchauffement climatique

L'Equipe du futur
L’Observatoire du futur
3 min readJan 30, 2021

Avec sa loi sur le climat, l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 pour aider à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Toutefois, cette promesse ne pourra être tenue que si des technologies innovantes comme la capture et le stockage du carbone sont déployées massivement au cours de la prochaine décennie.

Comment ça marche ?

La capture et le stockage du carbone n’est pas une technologie nouvelle. Elle a vu le jour dans les années 70 au Texas. Son procédé repose sur la capture du CO2 sur les sites de production d’électricité qui utilisent des énergies fossiles ou sur des sites industriels : sidérurgie, cimenterie, raffinage, incinération de déchets… Une fois extrait, le CO2 est transporté par pipeline, par bateaux ou encore par camions et il est réinjecté dans des réservoirs géologiques hermétiques. Dans son livre Futur — Notre avenir de A à Z, Antoine Buéno se montre plutôt optimiste quant à la quantité de CO2 que nous pourrions capter à l’avenir grâce à cette technologie : “60% des émissions de CO2 d’origine anthropique pourraient être captées à la source. 40% dans la production d’énergie (…) et 20% dans l’industrie (…)”.

Des chiffres qui ont permis récemment à cette technologie de rupture d’être adoubée par l’AIE (1) et par le GIEC (2) pour son fort potentiel dans le combat contre le réchauffement climatique. Ce dernier estimant que les objectifs à long terme de décarbonisation ne seront jamais atteints sans elle. Les projections réalisées par ses experts font état d’une baisse des émissions de CO2 d’origine humaine de 7% en 2040 et 14% en 2060. Selon l’AIE, 5 milliards de tonnes de CO2 par an jusqu’en 2050 devraient ainsi être capturés puis stockés pour respecter les accords de Paris sur le climat.

Selon le think tank Global CCS Institute, il existe actuellement une cinquantaine de projets de capture et de stockage du CO2 à travers le monde. Les projets sur le point d’être lancés représentent un investissement de 27 milliards de dollars, et l’Europe semble être à la pointe sur ce nouveau marché. Dernier exemple en date : le projet Northern Lights, approuvé par le gouvernement norvégien et porté par les entreprises Equinor, Shell et Total. Au total, 1,5 million de tonnes de CO2 seront stockées sous la mer du Nord à partir de 2024. La France n’est pas en reste puisque que le premier projet de capture et stockage de dioxyde de carbone à échelle industrielle a été lancé à Dunkerque. Au total, le groupe Total investit actuellement dans une dizaine de projets à travers le monde en Chine, aux USA, en Allemagne…

Des écologistes vent debout

Les grands groupes pétroliers sont en première ligne pour développer cette technologie qui pourrait permettre — dans un contexte climatique qui se dégrade plus rapidement que prévu — de continuer à exploiter les énergies fossiles… Ce paradoxe n’a pas échappé aux écologistes qui pointent aussi du doigt les risques de fuite, le nombre limité de sites qui permettent la séquestration du carbone et son coût élevé, même si celui-ci devrait baisser dans les prochaines années.

Pourtant, comme le présente Antoine Buéno dans son livre, cette technologie est en passe de connaître une nouvelle évolution en captant et en stockant directement le CO2 issu de la combustion des végétaux. Ce projet est devenue réalité l’an dernier depuis qu’une centrale à biomasse britannique a réussi à capter son propre carbone, ce qui en a fait le premier site à “émission négative” de CO2 ! Si cette technologie est massivement adoptée à l’avenir, elle pourrait permettre de retirer de l’atmosphère d’ici 2030 une quinzaine de millions de tonnes de CO2 par an. Une vingtaine de projets sur le modèle de cette centrale sont actuellement à l’étude dans le monde.

(1) Agence internationale de l’énergie.

(2) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

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