Episode 1 — La crise sanitaire a accéléré la digitalisation de l’économie

L'Equipe du futur
L’Observatoire du futur
3 min readDec 21, 2020

La bonne santé des GAFAM contraste avec le marasme économique actuel

Croissance en net recul, augmentation par millions du nombre de chômeurs, chute de toutes les bourses mondiales… Tous les indicateurs sont au rouge sauf pour certaines entreprises, comme les désormais célèbres GAFAM. La capitalisation des « Big Five » (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) a même réussi l’exploit d’augmenter à la faveur du rebond des marchés financiers ces dernières semaines. Résultat : elle dépasse régulièrement les 5000 milliards de dollars. A elle seule, la capitalisation de Microsoft pèse désormais autant que la capitalisation du CAC 40, soit plus de 1200 milliards de dollars. De son côté Elon Musk, jamais avare d’une provocation, a même tweeté le 1er mai que « l’action de TESLA était trop élevée ». Il a été entendu puisque le cours de l’action a perdu 10% dans la foulée de la diffusion de ce tweet.

Comme l’analyse le journaliste Arnaud Lecarpentier dans son article paru dans Le Monde le 2 mai (1), l’excellente santé des GAFAM est possible parce que les investisseurs estiment que le monde de demain sera plus « cartellisé, plus globalisé et plus technologique ». Bien entendu, une correction boursière est toujours probable dans les prochains mois mais ces entreprises, contrairement à beaucoup d’autres, sont peu endettées et disposent des liquidités nécessaires pour faire face à de nouvelles crises.

Une accélération de la digitalisation permise par la crise sanitaire

Dans une tribune parue dans Les Echos le jeudi 31 avril 2020, l’économiste Hélène Rey, spécialiste en macroéconomie internationale et professeure à la London Business School, affirmait que « la tendance de l’économie vers la digitalisation, déjà amorcée ces dernières années, s’est trouvée considérablement accélérée » avec la crise sanitaire que nous subissons actuellement. Cette digitalisation a ainsi permis à des millions de salariés à travers le monde de travailler durablement depuis chez eux. Dans l’Hexagone, on estime ainsi à 5 millions (2) le nombre de français qui ont pu bénéficier des solutions techniques et technologiques fournies par les entreprises de la Tech.

Pour l’économiste, l’accélération de la digitalisation de l’économie permet également de « contribuer à une économie plus décarbonée (…) et peut stimuler l’innovation en ouvrant plus d’horizons à chacun où qu’il se trouve, grâce à l’éducation et la formation continue en ligne, et aussi par un accès plus immédiat à des groupes de consommateurs plus grands ou mieux identifiés. Elle peut stimuler la productivité en favorisant une adoption plus grande de l’intelligence artificielle ». De nombreuses initiatives technologiques ont d’ailleurs été prises par les entreprises pour lutter contre le COVID-19. Le Conseil national du numérique a guidé les porteurs de projet pour développer ces services et faire un bon usage des données personnelles et de santé utilisées.

D’autres secteurs de l’économie ont bénéficié de ce bond en bond en avant de la nouvelle société digitale et de ses avantages technologiques. La télémédecine en fait partie, avec une augmentation considérable des consultations à distance. Selon l’Assurance maladie, plus de 5 millions de téléconsultations ont été facturées entre le 23 et le 29 mars, alors qu’elle en comptabilisait moins de 10 000 par semaine avant début mars.

Les plateformes de streaming comme Netflix ou Disney+ ont également tiré profit du confinement lié au coronavirus, alors que les salles de cinéma étaient fermées. La première a enregistré 16 nouveaux millions d’abonnés depuis le début de la pandémie — elle en compte désormais près de 200 millions dans le monde — quand la seconde en compte 73 millions un an seulement après son lancement. Une situation qui souligne la fragilité économique des exploitants de salles de cinéma — et de tout un secteur — alors que la ministre de la Culture a annoncé en décembre 2020 une nouvelle obligation d’investissements dans la création pour les plateformes de streaming contre un assouplissement de la chronologie des médias. Celle-ci leur permettra de diffuser des films plus vite après leur sortie en salles.

Les effets positifs mis en avant par l’économiste sont également ceux qui ont permis une adoption rapide des technologies proposées par les GAFAM, même si de nombreuses questions se posent quant aux conséquences à long terme de leur utilisation.

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