Intelligence artificielle : grande perdante du prochain budget européen ?

Alors que l’Union européenne s’accordait sur un plan de relance de 750 milliards d’euros, son budget pour les 6 prochaines années étaient également au menu des discussions. Et elles ont réservé quelques surprises.

L'Equipe du futur
L’Observatoire du futur
3 min readJul 22, 2020

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A l’heure des comptes, il semblerait bien que le futur budget de l’Union européenne ait fait les frais des négociations avec les pays “frugaux” qui jusqu’à la dernière minute ont fait pression pour dépenser le moins possible en faveur du plan de relance. Ainsi, les budgets de quatre programmes capitales pour l’avenir de l’Union européenne ont été rabotés, selon Les Echos. Le premier budget touché à partir de l’an prochain est celui du “Fonds européen de défense” qui passe de 13 à 7 milliards. Le second concerne le programme spatiale européen désormais doté d’un budget de 13 milliards d’euros, contre 16 milliards avant le sommet européen. Le troisième programme a été, quant à lui, littéralement supprimer. Il s’agit du programme “EU4Health” qui devait pourtant porter l’ambition de l’Union enropéenne dans la santé, après la pandémie de COVID-19. Enfin, le dernier programme a avoir fait les frais de la pingrerie des “frugaux” concerne la recherche et l’innovation. “Horizon Europe” — c’est son nom — voit son budget diminuer de près de 20 milliards d’euros, passant de 100 à 81 milliards d’euros. Il voit également ses subventions diminuer de 13,5 à 5 milliards d’euros.

“Horizon Europe” vise essentiellement à subventionner des appels à projets innovant, notamment dans les domaines du numérique et de l’intelligence artificielle. Cette baisse des crédits intervient alors que le comité consultatif du Conseil européen de l’innovation (EIC advisory board) a publié le 30 juin dernier sa feuille de route pour le programme “Horizon Europe” au cours des 6 prochaines années. Tout un domaine d’intervention intitulé “Intelligence artificielle et robotique” y apparait pour aider à régler les “problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne”.

Déjà très en retard dans la course à l’intelligence artificielle, cette annonce inquiétante intervient peu après le dévoilement d’une étude réalisée par le cabinet Oxfirst, lourde d’enseignements quant au retard de la France dans ce domaine. L’hexagone ne se classe même pas dans le Top 10 des pays ayant déposé le plus de brevets liés à l’intelligence artificielle ces 10 dernières années. Pire encore, l’Europe n’apparait pas dans le Top 5, avec 5201 brevets seulement. Elle se classe à la 6ème place, derrière la Japon, mais devant l’Australie. A la première place, on retrouve la Chine. En 10 ans, le pays a déposé plus de 100 000 brevets contre 60 000 pour les USA qui occupent la 2ème place. De son côté la Corée est classée 4ème du Top. Les entreprises qui ont le plus déposé de brevets sont IBM, Tencent, Microsoft, LGElectronics et Samsung. Ces deux dernières ont déposé à elles deux plus de la moitié des brevets coréens.

Les baisses des crédits de ces quatre programmes a fait réagir hier Paul Webb, pilote du budget de “Horizon Europe”. Dans un tweet, il a déploré que la recherche serve “de vache à lait dans le cadre des négociations budgétaires”. Pour beaucoup d’observateurs, ces coupes budgétaires sont loin d’être acquises puisque le Parlement doit encore les valider, ce qui est loin d’être gagné. Johan Van Overtveldt, président de la commission des budgets au Parlement, ainsi que 5 députés européens ont réagi dans une déclaration officielle : “le Parlement ne peut accepter les plafonds bas record proposés, car ils impliquent de renoncer aux objectifs à long terme et à l’autonomie stratégique de l’UE”. Pour eux, l’accord est “une occasion manquée flagrante (…) pour moderniser le côté des revenus, en le rendant plus juste et plus transparent”.

Rendez-vous donc en fin d’année avec l’adoption (ou non) du budget de l’Union européenne !

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