Innovation et développement durable

Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)
Published in
5 min readAug 7, 2018
La technologie au service du Développement Durable

La COP 21 et son accord de Paris, bien que discutés, semblent être un déclencheur d’une prise de conscience citoyenne plus importante face aux impératifs environnementaux qui s’imposent au 21ème siècle. Ère de défis et de grands enjeux, comme le consacrent les 17 objectifs de développement durable de l’ONU, il est aussi celui qui connaît le rythme le plus soutenu d’innovations. De services, de produits et de processus, elles peuvent toutes proposer une réponse à ces grands défis. Si l’école, depuis des années déjà, sensibilise et éduque les élèves aux gestes qui peuvent œuvrer en ce sens, le monde professionnel, par son évolution, propose également des métiers qui permettent d’envisager des solutions nouvelles. Faisons une revue des relations qui peuvent exister entre innovation et développement durable, et cherchons à comprendre comment ce mouvement peut proposer de nouvelles voies aux collégiens, lycéens et étudiants.

Blockchain et développement durable :

Si nous avons l’habitude d’entendre parler de blockchain pour évoquer le bitcoins, il existe des milliers d’autres cryptomonnaies comme celle-ci, et certaines peuvent œuvrer pour le bien des 17 objectifs. C’est le cas par exemple de l’entreprise O’Claire, filiale de Sunwaterlife, qui grâce à une ICO[2] cherche à développer une cryptomonnaie, le Watercoin WTR, dont l’objectif sera de permettre à tous d’accéder à l’eau potable. En effet l’accès à l’eau, comme nous l’expliquons ici[3], est un des enjeux principaux de l’agenda 2030 de l’ONU, dans la mesure où chaque année 800 000 personnes meurent à cause d’une eau de mauvaise qualité, et où à l’heure actuelle 1,8 milliards n’a pas accès à l’eau potable. O’Claire développe donc un système de « Kiosks », sorte de conteneur qui relie un point d’eau non potable à une fontaine capable de distribuer l’eau filtrée aux populations locales qui peuvent ainsi acheter une eau de qualité grâce à des cartes pré-payées avec la blockchain. L’objectif de l’ICO est de financer le déploiement de 1000 kiosks afin de garantir 500 millions de litres d’eau potable par an, en garantissant un prix bas et en évitant la corruption grâce aux smarts-contracts. A cela s’ajoute la création d’emplois locaux pour entretenir les réseaux, donc servir un second objectif : la lutte contre la pauvreté[4].

IA et développement durable :

Si l’intelligence artificielle est source d’espoirs immenses, elle suscite des craintes toutes aussi grandes. Et c’est peut-être parce que ses champs d’application sont nombreux. C’est pourquoi afin d’atteindre les objectifs, certains acteurs se démènent pour garantir une éthique de l’IA. C’est le cas par exemple de « France is IA » (une initiative présidée par Damien Gromier et soutenue par France Digitale) qui vise à faire travailler ensemble data scientists et ONG afin de construire des applications concrètes au service des grandes causes du 21ème siècle. Sur le sujet des réfugiés, l’ONG Techfugees essaie également de faire se rencontrer les entreprises technologiques et les réfugiés. Dernier exemple : Data for Good, une communauté de data scientists mettant leurs compétences au service de grands enjeux bénévolement. Des ONG comme Bibliothèques Sans Frontières peuvent ainsi développer de nouveaux outils comme le « Librairian bot » par exemple.

Ainsi, il est facile d’imaginer que le métier de data scientist, s’il ne va pas évoluer dans le fond à cause du développement durable, va pouvoir prendre un sens tout autre s’il s’engage sur des causes précises. L’intelligence, toute artificielle qu’elle est, n’en deviendra que plus humaine. D’ailleurs, un hackaton « IA for planet » sera organisé juste avant la COP 24 en décembre en Pologne. Save the date !

· Pour autant l’IA pose un problème écologique …

Si comme nous venons de le voir l’IA peut permettre de grandes avancées, reste un enjeu majeur : comment faire face aux besoins énergétiques pour mettre l’IA au service de l’environnement ? En effet, dans son rapport Cédric Vilani s’inquiète : « D’ici à 2040, les besoins en espace de stockage (de données) au niveau mondial liés à l’explosion de la numérisation et de l’intelligence artificielle risquent d’être supérieurs aux ressources produites par notre planète ».

Dans cette optique, une des pistes explorées serait la création d’un lieu où la recherche pourrait se rencontrer autour de l’innovation technologique et l’optimisation des ressources. Cela pourrait permettre de trouver des solutions mais également de développer une plateforme visant à mesurer l’impact environnemental de celles-ci et permettant également aux citoyens d’avoir accès à cette information.

De nouveau, nous pouvons y voir un impact sur des métiers existants puisque de nouveaux enjeux apparaissant, de nouvelles compétences vont être à développer. Nous avons d’ailleurs pu évoquer cette question des liens entre formations et évolutions de la société lors de notre interview d’Olivier Bréchard à retrouver ici.

· Et l’éducation ?

L’école est un maillon essentiel de cette chaîne. En effet, c’est par la formation et l’enseignement que les professionnels de demain auront cette sensibilité à l’égard des 17 Objectifs de Développement Durable. De la même manière, c’est en leur transmettant l’envie et la capacité d’apprendre tout au long de sa vie que les collégiens et lycéens d’aujourd’hui, seront des professionnels capables de s’adapter aux changements de la société. Des enseignements commencent à voir le jour sur cette thématique, des écoles nouvelles en font leurs crédos : le chemin est encore long, mais les exemples inspirants existent pour créer l’école du 21ème siècle, en phase avec les besoins et les évolutions de la société de demain.

Ce premier article pourrait être le premier d’une longue série dans laquelle nous traiterons des innovations au service de l’environnement comme, par exemple, des blockchains au service des énergies renouvelables, un microscope doté d’intelligence artificielle pour étudier la pollution de l’eau ou un gps pour accompagner les personnes en situation de handicap.

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Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)

Co-fondateur de Pixis.co, je suis passionné par l'innovation sociale et technologique au service des enjeux du 21ème siècle.