Les nouvelles écoles

Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)
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4 min readAug 7, 2018
La formation demain : un flux plutôt qu’un stock ?

“La formation n’est plus un stock que l’on garde tout au long de la vie mais un flux de compétences à acquérir”. Cette affirmation d’Alain Assouline, fondateur de l’école Web Force 3 montre l’évolution de la vision que de nombreux acteurs ont du rôle de l’école. L’école Web Force 3 a été créée en 2013 et a formé 2000 personnes en quatre ans, dont 850 en 2017. Désormais, l’organisme espère fonder 50 écoles en cinq ans. Il s’agit d’une formation en 3 mois (490h) afin de développer des compétences nécessaires dans le monde informatique.

Innovation et besoin de formation tout au long de la vie :

L’idée de cette école confirme un discours désormais commun : le progrès technologique avance trop vite pour être capable de connaître les compétences nécessaires dans 20 ans. Ainsi, il devient de plus en plus important de non pas avoir une maîtrise technique parfaite mais plutôt d’être capable d’apprendre à apprendre, à s’adapter et à être agile.

De nouveaux modèles éducatifs : aider les jeunes à se projeter dans le monde demain

Cela fait écho à la volonté du Ministre de l’Éducation de Singapour Ng Chee Meng qui vient de promouvoir une programmation stratégique intitulée « 3I : Imagination, Inquisitiveness and Interconnection ». L’objectif est de développer des idées innovantes, de développer les compétences des élèves à imaginer de nouveaux concept et à s’ouvrir à des territoires inconnus. Si l’éducation asiatique donne cette image de processus très cadré, le Ministre singapourien cherche au contraire à proposer aux élèves d’interroger tout ce qui les entoure. Cette méthodologie passe donc nécessairement par la transdisciplinarité et la volonté d’aider les jeunes à se projeter dans le monde de 2040–2050.

La technologie, seule, ne peut pas tout : mettre en avant les soft skills.

De plus, cela bouscule également la volonté de créer un schéma où les élèves sortent de l’école avec un bagage technique très poussée. En effet, si pendant longtemps les grandes entreprises ont misé sur les meilleurs développeurs, les meilleurs data analysts, … en choisissant les élèves performant le plus dans les matières dites « STEM » (Sciences, Technology, Engineering, Maths), certaines comme Google montre aujourd’hui une voie différente. Après avoir mené une étude interne, l’entreprise américaine a mis en avant l’importance des qualités humaines. D’après cette étude « les profils égalitaires, généreux, curieux, empathiques, faisant preuve d’intelligence émotionnelle et insufflant une culture du respect, sans pression ni harcèlement, sont ceux qui enregistrent les meilleurs résultats ». Cela corrobore d’ailleurs les conclusions du Partnership for 21st Century Learning qui mettaient en exergue l’importance des 4C (Collaboration, Communication, pensée Critique, Créativité) qui feront l’objet d’un article à part entière. Nous pouvons conclure cette analyse par une citation de Cathy N. Davidson (Directrice de Futures Initiative à l’Université de New York) : « Les STEM sont des compétences vitales dans notre monde actuel. Mais la technologie seule, comme Steve Jobs aimait à le rappeler, ne peut pas suffire : nous avons désespérément besoin de personnes capables de comprendre l’humain, la culture et les interactions sociales. »

Adapter ses compétences aux évolutions créées par le numérique

Évolution des compétences et numérique : quelle certification ?

Évoquer l’évolution des compétences en lien avec le numérique suppose de définir ce qu’est le numérique. Ici, nous en parlerons en tant qu’outils intégrés dans un environnement sociétal et culturel en pleine mutation. Cela suppose donc, de la part des citoyens, une adaptation et une progression constante à partir de ces outils potentiellement facilitateurs pour le développement personnel et professionnels. Pour autant, ces objectifs à long termes ne pourront être atteints sans en apprendre les bases. Il s’agit là d’un enjeu majeur pour le monde éducation de la formation.

La question qui se pose alors est celle de la certification des compétences. Si la formation est un flux informel, comment pouvons-nous valider des compétences acquises de façon informelle ? La piste que nous explorerons dans un prochain article sera celle de l’initiative Open badge, grâce à laquelle il devient possible de certifier des compétences acquises dans différents contextes.

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Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)

Co-fondateur de Pixis.co, je suis passionné par l'innovation sociale et technologique au service des enjeux du 21ème siècle.