Une nouvelle formation à la Wild Code School pour découvrir les métiers du digital.

Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)
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9 min readAug 31, 2018

Jeudi 19 juillet, Juliette et Aloïs ont eu le plaisir d’échanger avec Caroline Letellier, responsable développement formations à la Wild Code School. L’objectif de cette interview était de découvrir la nouvelle formation proposée par l’école : une prépa numérique dont l’objectif est d’améliorer l’usage des outils numérique et de faire découvrir les parcours et les impacts du digital sur les métiers.

Caroline Letellier a eu un parcours plutôt tourné vers le conseil jusqu’à fin 2017. Elle a passé 10 ans chez Deloitte en conseil en transformation numérique dans le secteur de l’enseignement. En tout début d’année 2018, elle a rejoint la Wild Code School, avec pour mission de diversifier l’offre de formation. L’idée était de créer 3–4 programmes pour septembre. Une de ces formations nouvelles sera une prépa numérique, d’une durée d’un an, qui s’adresse à un public plus jeune, potentiellement dès 16 ans. Elle s’adresse donc à un public qui souhaite découvrir les usages, les compétences et les métiers du numériques avant de choisir une formation plus spécialisée ou de s’orienter concrètement dans des études supérieures, ou trouver une formation professionnelle spécialisée. Il s’agit donc d’une année intégrée dans un parcours de formation, plus qu’une formation professionnalisante.

Nous avons retranscrits ci-dessous notre échange :

Juliette : L’objectif de votre formation est d’apprendre la culture du numérique au sens large avant de pouvoir être capable de définir quel secteur plaît ?

Caroline Letellier : Voilà, il y a vraiment les deux aspects : l’usage des outils et des ressources numériques, donc acquérir une maturité, une maîtrise dans l’utilisation des outils, que ce soit information, communication, gestion de contenus, etc. On s’est basé sur le référentiel de Pix (il s’agit d’une plateforme publique d’évaluation et de certification des compétences numériques). Le deuxième objectif c’est expliquer, présenter, faire découvrir aux élèves tous les parcours qui existent aujourd’hui non seulement numériques mais aussi tous les impacts du numérique sur les métiers et les aider à s’orienter. Le postulat de départ c’est de dire que l’enseignement numérique est assez pauvre dans le secondaire à moins d’être en filière STID. J’ai constaté en allant sur des salons, que pour les jeunes ça n’est même pas une éventualité possible alors que c’est une filière très porteuse d’emploi.

Aloïs : Au-delà de sensibiliser au numérique, comment la Wild Code School répond à l’évolution des besoins en compétences et aux changements des métiers dans la société ?

Caroline Letellier : Ce qui caractérise toutes nos formations, c’est qu’elles répondent à un besoin du marché de l’emploi notamment sur des compétences pénuriques, sur lesquelles les recrutements des entreprises sont déclarés comme difficiles. L’idée c’est de proposer des formations sur des cycles à la fois suffisamment consistants pour que les personnes soient opérationnelles sur un poste, mais à la fois suffisamment court pour garantir une certaine agilité, plutôt que d’opter pour un cycle long qui ferait 2, 3 ou 5 ans. Notre formation la plus courte est à 3 mois, la formation pour le métier de développeur est à 5 mois. Ces cycles aussi correspondent aux besoins réguliers de mise à jour de ces compétences techniques qui évoluent très rapidement. Dans les métiers numériques l’obsolescence des savoirs survient au bout d’un an (une étude du LabRH -lien itw Bréchard- évoque une obsolescence des compétences techniques au bout de 2,5 ans). Donc, au-delà d’enseigner ces compétences techniques et très orientées vers la pratique et l’emploi, ce qu’on apprend à nos élèves c’est à apprendre par eux-mêmes, se mettre à jour, faire une veille efficace, etc.

Aloïs : Comment identifiez-vous ces compétences pénuriques ou en tension ?

Caroline Letellier : Elles viennent de différentes études produites par les branches, par Pôle Emploi, elles viennent aussi d’une veille auprès de nos entreprises partenaires, au fil de l’eau. On travaille avec pas mal d’entreprises avec nos différents campus (13 en France et 1 à Bruxelles), on les écoute, on les interroge. Cette source d’information des entreprises ou des branches de manière générale nous permet de confirmer les compétences qu’on souhaite transmettre aux élèves et d’aller à un niveau un peu plus fin en ayant des informations localisées par exemple.

Juliette : Sur les campus, ce sont des campus physiques ou en ligne ?

Caroline Letellier : Depuis la création de l’école, la Wild Code School se positionne comme école qui enseigne sur la base du blended learning, ou pédagogie hybride. C’est-à-dire qu’on utilise beaucoup de ressources numériques, en revanche toutes nos formations sont en présentiel. C’est quelque chose qui est important et qui perdurera car l’effet de la présence en classe joue beaucoup sur la motivation de l’élève.

Aloïs : La prépa numérique ne vise pas à amener les apprenants directement vers l’emploi, cependant les autres formations sont professionnalisantes ; est-ce que vous avez des retours, des données qui donnent un aperçu de « l’efficacité » de ces formations ?

Caroline Letellier : On a effectivement des résultats sur la formation de développeur web, pour les 4 nouvelles formations on a pas encore les chiffres car les sessions démarrent en septembre. Sur la première, on a constaté qu’un an après la fin de la formation, le taux d’insertion des élèves est de 87%. C’est satisfaisant, on peut encore l’améliorer. L’objectif est similaire sur les autres formations.

Juliette : Est-ce que les élèves bénéficient d’un accompagnement de votre part pour entrer sur le marché du travail ou sont-ils autonomes ?

CL : Oui, une partie de la formation y est consacrée : comment cibler les entreprises, faire son CV, préparer un entretien, … Plutôt que fonctionner uniquemment sur le CV ou le diplôme, l’idée c’est de les accompagner dans la constitution de quelque chose personnel. On les accompagne aussi sur des conseils sur leurs réseaux professionnels (LinkedIn, GitHub, etc.). Certains de nos partenaires nous demandent également d’identifier des compétences développées par certains élèves.

Aloïs : Pour les 13% restants, est-ce que vous avez une idée des raisons pour lesquels ils ne sont pas dans l’emploi un an après la formation ?

Caroline Letellier : Il y a tous les cas, il y a ceux qui continuent dans la formation, ceux qui ont d’autres projets, ceux qui mettent plus de temps à trouver un poste qui leur convient, … Je n’ai pas le détail. Il y a à peu près tous les cas de figure. Une particularité des profils c’est que la diversité des expériences, des âges et des profils est vraiment importante. En termes d’âges ça va de 19 à plus de 50 ans. En termes de niveau académique on a des élèves qui n’ont pas le bac et d’autres qui sont déjà bac+5.

Juliette : La prépa numérique est accessible dès 16 ans, est-ce que vous allez avoir des profils beaucoup plus jeunes que dans les autres formations ?

Caroline Letellier : La moyenne d’âge va être beaucoup plus jeune, pour l’instant ils ont entre 18 et 25 ans. Sur les autres formations on est sur moyenne d’âge de 30 ans. Je constate que ceux qui ont candidaté en ce moment ce sont surtout des jeunes qui sortent du lycée. A date, le profil type du candidat est un lycéen, bachelier ou non, qui souhaite s’orienter vers une carrière dans le numérique.

Aloïs : Une des idées forte de Pixis est de promouvoir une approche beaucoup plus basée sur les compétences que sur les diplômes. Face à cette approche il y a parfois des craintes d’une ubérisation de la valeur du diplôme. Comment se place la Wild Code School face à cette dichotomie entre diplôme et compétences ?

Caroline Letellier : Là-dessus, la Wild était représentée il n’y a pas longtemps sur l’émission de France Culture, du grain à moudre, « peut-on se passer de diplôme ? ». L’école était invitée pour présenter une certaine alternative au diplôme. Nous ça nous paraissait intéressant de défendre cette idée d’alternative car notre message n’est pas que le diplôme a montré ses limites, et qu’on peut s’en passer, mais vraiment dire que pour ceux qui ne se retrouvent pas dans les études supérieures, ou n’ont pas envie de suivre un cursus long et souhaitent accéder rapidement au marché de l’emploi, on peut tout à fait envisager une formation plus courte et plutôt que d’utiliser ou valoriser un diplôme, on va plutôt se référer à un savoir-faire. L’idée c’est de pouvoir rapidement montrer ses compétences, de façon assez précise. Ça fait surtout sens dans les métiers numériques, car on est sur des métiers où les besoins sont importants, où les savoirs techniques priment, sont visibles et facilement démontrables. Il est donc facile d’organiser ce type de test. Ça ne veut pas dire que les softs skills ou les compétences métiers pour lesquels nos profils sont recherchés sont exclues. On peut tout à fait, dans la façon où on les présente, mettre en avant ses compétences comportementales. C’est une autre façon de se présenter aux recruteurs, de se vendre. On est plus sur une attestation de savoir-faire. Cette méthode fait peut-être d’autant plus sens une fois de plus dans le numérique, parce qu’on est sur des compétences recherchées mais aussi qui sont rapidement dépassées. D’où l’importance de les tester, les montrer, presque les toucher.

Juliette : L’apprentissage de la compétence à apprendre bénéficie-t-il d’un enseignement dédié ou est-il présent tout au long de la formation ?

Caroline Letellier : C’est plutôt intégré à tous les cours. C’est diffusé dans la façon d’apprendre, que ce soit la pratique (beaucoup de projets), et dans la nature des activités proposées aux élèves. Ils sont amenés à travailler en équipe, mener des réflexions en groupe, se challenger, etc. C’est plus dans la forme de l’enseignement que ces soft skills se transmettent plus que dans des cours dédiées.

Juliette : Sentez-vous une différence entre un profil assez scolaire et celui qui essaie de sortir de cet environnement scolaire ?

Caroline Letellier : Pas forcément de lien ou de corrélation entre les parcours classiques et ceux qui ont quiité le cursus académique classique. L’idée c’est que justement chacun peut trouver sa place, s’épanouir et se plaire. Nous avons des moyens, dans le cadre du parcours d’admission, pour tester le candidat sur sa volonté à apprendre, et sa capacité à se projeter dans le métier qu’il cible.

Aloïs : Il y a un vrai but « démocratique » derrière vos formations, parce que ça permet à certains de remettre un pied à l’étrier, ça permet à d’autre de pas décrocher. Pourtant il y a un coup de la formation important (6000€ environ), est-ce qu’il y a des solutions de financement ?

CL : Oui la formation a un coût qui nous semble raisonnable pour proposer une formation de qualité avec des formateurs qualifiés qui sont des experts et ont une expérience de la pédagogie. En plus de ça il y a des formateurs présents à temps plein. Il faut voir ce coût de la formation au regard de l’évolution de salaire. Dans le numérique on a des perspectives d’évolutions intéressantes. Ça représente un investissement pour l’avenir. Il existe par ailleurs plusieurs dispositifs pour financer les formations. Une partie de nos élèves autofinance leur formation, les autres peuvent bénéficier de ces dispositifs (Pôle Emploi, entreprises, OPCA, etc.) Par ailleurs la Grande École du Numérique peut proposer des systèmes de bourse pour accompagner les élèves. La Wild Code School propose également des bourses, financées par les entreprises puisque nos élèves sont amenés à travailler sur des vrais projets, des projets clients. La rémunération accordée par les entreprises permet de constituer quelques bourses.

Juliette : Vous nous avez expliqué que les formations sont adaptées d’une année sur l’autre, quelle place a le retour étudiant dans cette démarche ?

CL : Ils ont voix au chapitre puisqu’on les consulte régulièrement (sondage hebdomadaire), pas uniquement sur le contenu mais aussi sur l’environnement de la formation, les locaux, les intervenants, etc. On regarde, on analyse et on prend en compte leur retour. Après c’est vrai que dans l’élaboration des contenus, les entreprises sont beaucoup plus proactives. C’est vrai aussi que les élèves sont friands de découvrir les attentes des entreprises à travers les contenus proposés.

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Un grand merci à Caroline Letellier pour le temps accordé à cet échange qui nous aura permis de découvrir la Wild Code School, ses valeurs et sa vision. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur la Wild Code School sur leur site et une présentation plus complète de la prépa numérique dans cet article.

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Gaborit Aloïs
ORIENTATION(S)

Co-fondateur de Pixis.co, je suis passionné par l'innovation sociale et technologique au service des enjeux du 21ème siècle.