Les néobanques ont tout compris : 5 raisons qui expliquent leur immense succès

Kevin Pujol
5 min readFeb 5, 2019

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La crise de 2008 les avait fragilisées, les néobanques sont là pour les détrôner.

Je suis Kevin, rédacteur de la newsletter Planet, un média exclusivement par email dont la mission est d’inspirer et soutenir ceux qui construisent le futur. Nous rendons accessibles les grandes révolutions de notre époque en donnant des idées structurantes et décalées à nos milliers de lecteurs. Au vu de toutes les analyses et actualités que nous leur avons envoyé, voici 5 raisons structurelles qui expliquent l’incroyable essor des néobanques indépendantes :

1/ La crise de 2008 a fragilisé les grandes banques

Entre le mois de juin 2007 et mars 2009, la capitalisation boursière mondiale des banques a chuté de 70%, soit une perte de plus de $4700 milliards.

Résultat : les banques traditionnelles ont fondu. La récente levée de €300 millions de N26 lui permet d’être valorisée $2.3 milliards, 5 ans après sa création, contre $7.9 milliards pour Commerzbank qui a … 140 ans d’existence.

Si l’on rapporte la valorisation au nombre d’employés, les chiffres sont encore plus impressionnants : la valorisation de N26 atteint €3,3 millions par employé (700 employés) soit 20 fois plus que la capitalisation par employé de Commerzbank (50.000 employés).

Les grandes banques n’ont pas encore bien récupéré de la crise de 2008 qui a sacrément terni leur image auprès du public.

2/ Les millennials sont fâchés avec les banques traditionnelles

Opacité, complexité des solutions… la nouvelle génération habituée aux standards des services web boude les banques traditionnelles. Deux chiffres du Millenial Disruption Index particulièrement évocateurs :

  • 71% préfèrent aller chez le dentiste plutôt qu‘écouter leur banquier
  • 4 banques mondiales sont dans le top 10 des marques les plus détestées des millenials.

Alors, quelle est la recette secrète des néo banques ?

  • Déjà, elles mettent l’expérience client au centre d’une stratégie marketing bien huilée pour créer une banque à l’image de leurs clients : cool, mobile et internationale. Un compte bancaire devrait être aussi simple à ouvrir qu’un compte Gmail.

We tried to build something that is like using Uber or Spotify or any of these apps you love to use. We said first it should be mobile and secondly, if you use it, it shouldn’t be something that you hate. Valentin Stalf, CEO de N26

  • Elles appliquent le business modèle freemium aux services bancaires pour gérer sa banque comme on gère son abonnement Spotify. D’ailleurs, les prix s’alignent : chez N26, l’utilisation basique est gratuite, 9.99 €/mois pour la carte Black qui inclut des assurances.
  • Elles nouent des partenariats avec des solutions que les millennials utilisent (vraiment). Revolut propose par exemple d’acheter des cryptos depuis sa plateforme ; et N26 s’est quant à elle associée à TransferWise pour les virements internationaux et avec Auxmoney, un organisme de crédit destiné aux étudiants et aux freelances.

3/ La data est au centre de leur business model

Si l’on jette un coup d’œil aux tarifs de N26, une chose interpelle : vous n’avez droit qu’à 5 retraits gratuits par moi, même dans la formule premium. Pourquoi ce choix ?

Tout ce qui est payé en cash n’est pas traçable, et c’est un angle mort pour les banques. En vous incitant à tout payer par carte, les néobanques s’assurent d’avoir une vue quasi complète sur vos dépenses …et donc sur votre profil client. Elles peuvent ainsi vous proposer des services sur mesure extrêmement adaptés à votre comportement (plan d’épargne, investissement, prêts bancaires…), et ainsi délivrer une expérience personnalisée à très grande échelle.

Scalability is a mindset

Tout comme les services freemium du web, la crédibilité de leur business model dépend du taux de conversion aux formules payantes. Plus les données récoltées sont précises, plus les services annexes (payants) proposés sont pertinents.

4/ Les mobiles offrent désormais une expérience optimale

Qui dit banque 100% mobile dit … nécessité d’avoir un smartphone capable d’accueillir un expérience client optimale. Les néo banques comptent sur la vidéo pour vérifier l’identité bancaire et assurer le service client. Et les progrès de l’industrie mobile peuvent les rassurer :

  • La taille des écrans ne cessent d’augmenter. Xiaomi a même sorti récemment une vidéo mettant dans les mains de son CEO un écran mobile deux fois plus grand qu’un Iphone X mais …pliable.
  • La sécurité passe désormais par la reconnaissance digitale ou faciale.
  • Les services de paiement par mobile (comme Apple Pay) se démocratisent et offrent une expérience fluide.
  • D’ici 2024, 40% de la population mondiale sera couvert par 5G. Une navigation fluide et rapide sur mobile sera bientôt la norme.
Ce à quoi ressemble l’expérience des néobanques.

5/ Les régulateurs préparent le terrain

Revolut avait déjà obtenu sa licence bancaire qui lui permet de protéger les fonds de ses clients à hauteur de €100.000, la même garantie qu’une banque traditionnelle peut offrir.

Mais c’est du côté de l’Europe qu’il faut regarder pour comprendre un changement de paradigme profond. Mis en application en 2018, la Directive Européenne sur les services de paiement (PSD2) a offert un terrain de croissance idéal aux néo banques : l’ère de l’Open Banking.

Deux éléments particulièrement avantageux dans cette directives :

  • L’interdiction de surfacturation des paiements par carte bancaire dans un magasin physique ou en ligne. Idéal quand on encourage le paiement par carte de crédit.
  • Imposer aux banques de partager leur données clients avec des services tiers (sous réserve que le client soit d’accord). Concrètement, les services de paiement mobile (Lydia, Apple Pay…) peuvent désormais avoir accès aux informations bancaires des clients. C’est un très bonne nouvelle pour les acteurs de la fintech, un peu moins pour les banques traditionnelles qui risquent d’être reléguées à la gestion des comptes courants.
Source
  • Les néobanques ont intégré ce risque en proposant des solutions de paiements 100% mobile : soit en développant une solution propre comme Revolut, soit en intégrant Apple Pay et Google Pay pour N26.

Alors qui pourra détrôner les néobanques ?

Si les banques traditionnelles ont elles aussi lancé des offres similaires, elles ont du mal à se faire une place.

C’est du côté des réseaux sociaux et apps de messagerie qu’il faut voir la plus grande menace à leur Business Modèle. Ils intègrent maintenant de plus en plus des moyens de paiement. Le chinois WeChat Pay permet par exemple de commander un taxi ou de payer son loyer.

Le but de ces Super Apps ? Garder les consommateurs captifs d’un écosystème de services afin d’analyser leurs dépenses et même proposer des prêts bancaires. Elles occupent alors la position idéale pour devenir… les banques de demain.

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