Les docks de sang

de Bernard Coat

Éditions Numeriklivres
Polar, thriller, roman noir

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Bernard Balzac va devoir côtoyer le pire, et révéler des secrets qu’il aurait été préférable d’ignorer

Bernard Coat

Lassé du monde, Bernard Balzac, héros atypique, plonge malgré lui dans les eaux troubles d’une intrigue morbide, dans les eaux souillées du port de Brest, sa ville natale où il est venu se reposer et peindre, quelque part dans les brumes et les embruns. Comme un fil-de-fériste, oscillant entre rêves et réalités, il se démène dans un quotidien où les hommes ne sont ni bons, ni libres, ni heureux. Il est alors happé dans les méandres d’une enquête policière dont les indices semblent tisser autour de lui une toile sombre et dangereuse. Il va devoir côtoyer le pire, et révéler des secrets qu’il aurait été préférable d’ignorer. C’est l’occasion pour l’auteur de laisser libre cours à sa veine lyrique, à son humour parfois caustique, à son optimisme défiant un quotidien glauque qui revient comme une violente lame de fond. C’est beau à lire comme une tempête.

Un avant-goût

Pour bon nombre de personnes alentour, je suis « l’artiste », ce qui me permet de mettre une distance respectable entre moi et les autres, même s’ils sont avides de surveiller mon train de vie, mes fréquentations, éventuellement de savoir qui je culbute. Soyons clairs, pour la grande majorité d’entre eux, je fais un effort de diplomatie, mais je ne les apprécie pas et s’il y a réciprocité j’en suis fort aise.

Au tout début de mes exercices picturaux, avant les études et l’académisme des beaux-arts, je m’étais fait une spécialité de peindre avec du sang animal. Les abattoirs de la ville se situaient alors à une centaine de mètres de la plage, le sang, la pourriture, se déversaient par une longue canalisation qui rejoignait la mer. Les rats bien ventrus proliféraient à la tombée de la nuit. Contre quelques bouteilles d’alcool, je recevais par l’un des employés préposés à la tuerie en chaîne du bétail, des bocaux de sang parfois encore tièdes. Je peignais tout et n’importe quoi avec cette matière, même si cela me dégoûtait parfois, il fallait être vif, précis pour la pose de la texture sur la toile ou le papier. C’était de la sanguine véritable, il me restait simplement à trouver le fixatif adéquat pour empêcher la coagulation. Non sans une certaine fierté, ma réputation dépassait largement les limites du département, mais n’excédait en rien mes ambitions, j’étais alors un émule de Francis Bacon, aujourd’hui je suis son frère d’âme.

Ce jour, novembre 2004, les abattoirs ont disparu, la plage est propre, fréquemment nettoyée par les employés municipaux, fréquentée le jour par monsieur tout le monde, des cohortes de véliplanchistes. Les voiliers font des ronds pacifiques dans l’eau, tirant avantage de la rade abri. Le pont de l’Iroise est venu s’acoquiner à l’ancienne structure bétonnée qui reliait la ville à la presqu’île de Plougastel-Daoulas pour que rentre et s’échappe le flot grossissant et pestilentiel des voitures.

Aujourd’hui, avec la misère, la presque mort des docks, l’ennui, la méchanceté des hommes, le sang s’extrait des corps humains à force de coups, d’incisions à la face et autres crasses. Des combats avec paris s’organisent entre individus bien déjantés, des nécessiteux, des bagarreurs, des voyeurs aussi. Cela se passe la nuit en divers endroits sombres et déserts, non loin des quais, certains personnages n’y viennent que pour leur plaisir. Les combats n’intéressent que rarement les flics, ils ont d’autres préoccupations que la racaille. Malgré les années passées, il m’arrive de fabriquer encore quelques sanguines pour satisfaire le bourgeois parisien, mais je m’arrange avec un boucher du centre-ville. À l’époque lorsqu’il m’arrivait de saigner après un combat, j’utilisais mon propre sang.

Je n’ai pas à me justifier, Léonard de Vinci participait à la dissection de cadavres avec l’assentiment du clergé, des notables, de la bonne société florentine, l’on étudiait alors l’anatomie, la couleur des entrailles pour davantage de véracité.

Tous droits réservés. Bernard Coat et Numeriklivres, 2014.

Format numérique (ebook) — 160 pages-écrans

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