Afterlife, réalisé par Signal Space Lab, Montréal
Propos recueillis et rédaction par Xavier Kronström Richard pour Québec/Canada XR.
Entretien réalisé avec Jose Aguirre, directeur et fondateur de Signal Space Lab.
Genèse
Le film interactif est l’un des domaines en effervescence de la réalité virtuelle, et c’est ce créneau qu’a choisi Signal Space Lab pour se spécialiser.
Leur première création avec ce medium, Afterlife, est un drame familial qui nous fait entrer dans la vie des membres d’une famille endeuillée. L’oeuvre donne l’impression d’un film traditionnel, mais il s’agit en fait d’une expérience interactive, où l’on nous offre l’opportunité de développer l’histoire à notre guise.
Afterlife est le fruit de 3 ans de recherche et développement. Fort d’une subvention de 500 000$ du Fonds des médias du Canada (FMC), le studio a voulu créer une expérience hors du commun et qui allait mettre le studio au devant de la scène :
« Avec ma collègue Luisa Valencia, on s’est assis et on s’est demandé comment créer un contenu original et raconter une histoire qui n’a jamais été racontée ailleurs. Notre ambition était de trouver notre place dans l’industrie, une place où on pouvait agir en tant que pionnier », précise Jose Aguirre, directeur et fondateur du studio.
Le noyau dur du studio provient de l’industrie de la vidéo, du cinéma et de l’audio. Pour cette expérience, l’équipe a choisi d’allier des prises de vues réelles (« live action ») et de l’interactivité afin de donner aux usagers la chance d’élaborer leur propre scénario. Ainsi est né Afterlife.
Processus de création
Le tournage a eu lieu à l’automne 2018 et s’est échelonné sur 6 semaines. L’équipe a eu recours à une caméra stéréoscopique conventionnelle, mais a également eu l’occasion créer une caméra sur mesure afin d’offrir à la réalisatrice un contrôle plus personnalisé du cadrage.
L’expérience a été lancée au mois d’août 2019 sur la plateforme Oculus, avant de faire son chemin vers de multiples plateformes telles que PlayStation, Steam, VivePort Mobile et enfin Apple Store. Une adaptation de l’expérience qui déroulée sans obstacles majeurs, confie Jose Aguirre.
« Je dois dire que ça a été plus compliqué avec Apple. On a dû insister pour que l’oeuvre soit diffusée sur le App Store et non sur iTunes, mais c’est à l’image de la création hybride qu’on a créée. Sinon, développer pour Playstation et pour Oculus nécessite des approches différentes. Mais pour d’autres supports, celles-ci se ressemblent, comme par exemple pour le PC et pour Steam. »
En déployant l’expérience sur autant de plateformes, l’équipe en a profité pour explorer la performance de chacune, et ainsi évaluer la réception du public. S’il est encore trop tôt pour tirer des leçons sur la diffusion, Afterlife semble avoir séduit principalement la communauté de cinéphiles par rapport à celle des amateurs de jeux vidéos.
« Nous avons eu une super réception de l’industrie du film. Ce qui est probablement normal, car Afterlife reste une expérience cinématographique avec interactivité. C’est aussi un secteur sur lequel nous avons concentré nos efforts de promotion », note Jose Aguirre.
À l’inverse, l’expérience propose une interactivité relativement limitée si l’on compare à un jeu vidéo. Conçue de manière la plus fluide possible, celle-ci ne comporte pas d’indications aux usagers ou encore d’interface de jeu. Cette approche de l’intéractivité « libre » peut dérouter certains joueurs plus aguerris, et a été soulevée dans certains retour de la part de l’industrie du jeu vidéo.
Au final, Afterlife a trouvé son public, et récolte les reconnaissances: l’expérience est notamment en lice aux Prix Écrans Canadiens dans la catégorie Meilleure expérience immersive de fiction. Les lauréats seront connus en mars.
Futur
Avec Afterlife, le studio a développé ses propres techniques narratives, lesquelles seront mises à profit pour le prochain projet, Becoming a Remote Access Tool (nom temporaire).
« Pour nous, le défi de production n’est pas tant du côté technique, mais plutôt dans le narratif multi-canal », nuance Jose Aguirre. « C’est dans ce domaine qu’on a l’intention de nous servir de nos apprentissages pour concevoir une expérience qui monte le niveau. »
Le projet, encore confidentiel, portera sur un thème plus léger qu’Afterlife et sera conçu pour rejoindre un plus large public.
Récemment, Studio Signal Lab a été particulièrement encouragé de voir Netflix lancer un film interactif comme Bandersnatch. Le studio souhaite voir grandir la popularité du format immersif interactif ainsi que l’offre sur les plateformes.
« La seule règle qu’on suit, c’est d’être le plus innovant possible. C’est ainsi qu’on va récolter les fruits de la démocratisation du format », conclut Jose Aguirre.
Québec/Canada XR est une cellule de réflexion pour la XR indépendante au Québec et au Canada.
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Références
Astle, Randy. 2019. « How Signal Space and the VR Film Afterlife Are Moving Interactive Films Forward ». Filmmaker, https://filmmakermagazine.com/
108203-how-signal-space-and-the-vr-film-afterlife-are-moving-interactive-films-forward/#.Xjbx-iSu8lQ
Avec ce lien vous pouvez accéder au dossier de presse d’Afterlife
Afterlife | Making of an interactive VR film | Dev Diary
Fiche technique