Arrêtez les team-buildings, allez habiter avec vos collègues

J’ai partagé une maison avec mes collaborateurs pendant 2 mois, voilà 3 enseignements que j’en retire et que je vais appliquer au quotidien.

Giulia Pitton
Possible Future
5 min readOct 25, 2019

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Chez Possible Future nous sommes 50, des profils design, tech/science et business. On travaille en équipes multidisciplinaires de 3–4 personnes et on fait pas mal de déplacements. Ils nous arrive de partir pendant 1 ou 2 semaines, ou pour la durée entière du projet, entre 2 et 4 mois. À ces occasions on se retrouve souvent sous le même toit.

alerte cauchemar, mort de la vie privée, atteinte au bien-être

Délire de millennials ou tendance prometteuse ? Ce qui pourrait être considéré comme le pire des cauchemars s’est révélé pour moi un bon moyen de repenser la créativité et la collaboration en équipe. Mais n’ayez crainte, vous n’êtes pas obligés de le faire pour de vrai ; voilà ce que j’ai appris en vivant avec mon équipe et comment j’essaie d’appliquer ces enseignements au quotidien.

1. Élargis ton top 3

Dans une entreprise qui a dupliqué ses effectifs en moins de 2 ans, il est difficile de connaitre tout le monde. Malgré les multiples occasions d’échange organisés par la boîte, il y a forcément des personnes qui nous attirent plus que d’autres.

Un projet commun c’est l’occasion d’apprendre à connaître des personnes qu’on ne connaissait pas. Toutefois, avec des projets qui durent 3 mois, il ne faut pas traîner : ce n’est qu’une fois qu’on apprend à connaître nos collaborateurs que la collaboration devient intéressante.

Dans une coloc, une semaine à partager un canapé suffit à faire ressortir les traits de personnalité les mieux cachés… Les occasions de partage se multiplient et les conversations aussi, on baisse la garde, on se fait confiance et on arrête de craindre le jugement des autres. Rapidement, on atteint un niveau de compréhension beaucoup plus approfondi, car autour d’un dîner décontracté, préparé par les soins d’un collègue, on est plus à l’aise pour exprimer notre personnalité.

De cette façon, on découvre des points communs, des qualités intéressantes et des traits de caractère à prendre en compte dans la vie de tous les jours…Pour la suite, cette relation de confiance nous permet aussi de partager plus facilement nos petites obsessions, et autoriser les autres à nous signaler quand on dérive.

Note à moi même :

Élargis ton top 3 : même si les cafés sont délicieux quand t’es avec tes préférés, il y a au moins 10 personnes dans la boîte avec qui ils pourraient être meilleurs ! #FOMO

Illustration d’Adrien Quillet

2. Ouvre la voix

Titres et hiérarchie ne se balayent pas tout seuls. On parle beaucoup de hiérarchie plate, la chimère des entreprises modernes, plus facile à pitcher qu’à mettre en oeuvre ; c’est quand tu te retrouves à reprendre ton manager parce qu’elle ne range pas la vaisselle que les rôles s’intervertissent. Dans une coloc, les nouveaux apprennent à faire face aux plus expérimentés.

Le quotidien prend les noms de poste et les jette à la poubelle. On est tous fatigués des idées reçues qui pèsent sur nos titres : même dans les boîtes les plus interdisciplinaires, “ingé” rime avec chiant et “designer” avec saltimbanque. Quand on vit sous le même toit on se retrouve à partager les tâches du quotidien, à faire les courses, à cuisiner les uns pour les autres…en cuisine, la créativité n’a pas de titre et le bordel dans le salon non plus.

J’aimerais vous dire que participer à un match de babyfoot suffit pour atteindre ce stade, mais je n’en suis pas sûre… déso les startuppeurs. En revanche, un Koh-Lanta pour entreprises pourrait pas mal marcher. #innovation

Illustration d’Adrien Quillet

3. Casse-toi du bureau

On a beau s’enfermer dans une salle de réunion pendant des heures ou coller des post-its aux fenêtres jusqu’à se retrouver dans le noir, en réalité dans les phases du projet où l’on a besoin de libérer son esprit, l’environnement du bureau n’est pas le plus indiqué. Aussi efficaces que soient nos ateliers d’idéation, rien n’est tel qu’une balade à vélo pour avoir des bonnes idées !

En plus de ça, éparpillés dans l’open space, avec plusieurs petits projets à coté du principal, au bureau on lutte contre les “distractions”. Partir avec ses collègues c’est un peu comme une bouffée d’air frais. Ça permet de se concentrer sur son projet principal et de se ressourcer. Lors de mon dernier déplacement pro, à Bordeaux, on a choisi de louer des vélos pour effectuer le trajet maison-bureau. On a vécu des moments détendus, où on s’autorisait à divaguer, à se prendre moins au sérieux, et donc à laisser libre cours à l’imagination. Si on avait des intuitions, on le partageait toute de suite avec l’équipe, et, il va sans dire, on développait nos idées avec la contribution de chacun.

Dans la vie de tous les jours, on n’hésite plus à quitter le bureau pour aller discuter dans des endroits informels. Nous nous sommes équipés d’un bureau annexe dédié aux sessions de travail immersive, on y pratique des “moments vestiaire”, un peu comme une équipe de foot qui se prépare au match. #startupnation

Illustration D’Adrien Quillet

Suis-je partisane de la coloc’ entre collègues ?

Vivre avec ses collègues comporte des risques, notamment le surmenage et la dégradation des relations professionnelles, dont l’incidence augmente proportionnellement à la durée de la co-habitation et à la tendance des individus au déséquilibre.

Au bout de deux mois je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer chez moi. Mais dans une ville où on ne connait personne, c’est aussi réconfortant d’être avec quelqu’un qui nous est familier, dans une vrai maison, un lieu accueillant que l’on peut s’approprier. J’ai eu de la chance, les points positifs dépassaient largement les négatifs et, comme vous avez pu le voir, j’ai appris plein de choses.

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