Le futur doit-il être high tech ?

Face à la déferlante d’objets connectés, dont on peut parfois douter de l’utilité ou de l’efficacité, un autre mouvement se développe : la low tech !

Léo S
Possible Future
4 min readJun 17, 2019

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Deuxième partie de notre article sur le festival Futur.e.s, organisé à Paris les 13 et 14 juin par Cap Digital. Première partie :

L’avenir sera-t-il toujours plus connecté ? Au festival Futur.e.s nous avons vu beaucoup de lunettes de réalité virtuelle, de startups vantant les mérites de l’intelligence artificielle, de la blockchain… on a même aperçu un punching ball connecté :)’

Notre reporter Alexis testant le punching ball connecté

Mais face à cette déferlante d’objets connectés, dont on peut parfois douter de l’utilité ou de l’efficacité, un autre mouvement se développe : la low tech !

La low tech : une innovation plus sobre et plus résiliente

Quentin Mateus, ingénieur et membre du Low-tech Lab est venu défendre une autre vision du futur, peut être plus séduisante que ces innovations. La low tech, c’est l’idée d’une forme d’innovation qui serait plus sobre, plus résiliente et ancrée dans un territoire. Ce sont des solutions techniques qui impliquent de faire évoluer nos modes de vie et nos comportements pour aller à l’essentiel, tout en étant en phase avec les problématiques contemporaines.

Quentin Mateus au futur.e.s festival, dans la “chapelle du tur-fu”

Alors comment cela s’incarne concrètement ? Un exemple : le Low Tech lab, situé en Bretagne, utilise des “panneaux solaires” sans électricité pour se chauffer, en exploitant l’effet de serre provoqué par une vitre superposée à une ardoise. Avec une conception du bâtiment permettant à l’air de circuler, de l’air froid à 13° entre par le bas et peut être chauffé dans le dispositif jusqu’à 70°. C’est plus que suffisant pour chauffer une maison, même en Bretagne ! Et cela n’utilise pas les terres rares, de plastique, ou le cuivre nécessaire à la production de panneaux photovoltaïques…

Chauffage solaire low-tech

Mais alors pourquoi ces techniques ne sont pas davantage déployées ? D’abord, elle sont souvent peu connues. C’est là toute la mission du low-tech lab, qui s’efforce de les rendre visible, d’aider leur déploiement et de tenter de dépasser la sphère des bricoleurs avertis. L’idée est de développer des communautés à même de transmettre ces savoirs. Aujourd’hui, un nombre grandissant d’entreprises, d’architectes, de collectivités se sont montrées intéressées par ce type de projet.

Mais sobriété technologique ne veut pas dire manque d’ingéniosité. Une illustration : l’urinoir féminin Marcelle développé par la designer industriel Louise Raguet. Celui-ci adresse une double problématique : premièrement, une problématique sociale, le manque de solution d’urinoir pour les femmes dans les lieux publics provoquant un réel désagrément pour les utilisatrices. Deuxièmement une problématique écologique. L’ambition du projet et de réutiliser l’urine, excellent engrais, pour fertiliser les cultures. Pratique qui existait avant le développement de l’agriculture industrielle, et qui a depuis disparu au profit d’engrais dérivés de la pétrochimie. Or, aujourd’hui, dans de nombreux festivals, la solution proposée est des toilettes chimiques en plastique, qui transforme cette ressource valorisable en déchet toxique.

L’urinoir Féminin Marcelle, conçu par Louise Raguet

La low-tech réduit l’impact et maximise la résilience

Tout l’intérêt du concept de low tech est qu’il permet d’attaquer le problème à la source en évitant les dépenses énergétiques ou l’usage de produits polluants là où ce n’est pas nécessaire. Face à l’urgence écologique, le concept de low-tech, proche de l’idée de sobriété heureuse, propose à la fois de réduire l’impact, mais aussi de maximiser la résilience : si demain, les ressources en énergie, en matière première venaient à manquer, nous serions en mesure de continuer à vivre bien, sans manquer du nécessaire.

Alors certes, implémenter des solutions low-tech n’est pas toujours aisé. Cela implique de s’intégrer dans des usages contemporains, réfléchir à comment passer les barrières culturelles qui empêchent leur déploiement.

Car le low-tech ne signifie pas revenir en arrière, mais plutôt porter un regard neuf sur les technologies dont nous disposons, nous demander si le confort qu’elles nous promettent relèvent réellement d’un progrès, étudier des alternatives qui implique un léger changement dans nos habitudes. Cela implique une connaissance du terrain, des usagers et de leurs contraintes propres, mais aussi des enjeux à la fois techniques et économiques.

Cela implique de tester, de prototyper, de mettre les mains dans le cambouis. Et ça, c’est quelque chose qu’on adore faire chez Possible Future !

Merci à Alexis, Faten et Gabriel

Pour en savoir plus:

https://urinoirmarcelle.fr/

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