Quelle place pour l’innovation dans le monde d’après ?

Thomas Papadopoulos
Possible Future
Published in
4 min readJun 25, 2020

Sans crier gare, la crise du covid nous a heurtés de plein fouet. Et ce que nous venons de vivre collectivement est probablement un moment “pivot”.

Elle a agi comme un arrêt sur image, mettant en lumière à la fois “le sens de l’essentiel” et l’absurdité de notre modèle économique. Et nous avons compris (s’il le fallait encore) que les décennies de croissance nous avaient emmené dans une spirale sans réel progrès sociétal.

The Holy Mountain, Alejandro Jodorowsky, 1973

Nous avons compris que la valeur sociale des individus diverge de leur valeur de marché. Depuis le début de la crise, chacun a pu disserter sur sa propre utilité, quand seules les “activités essentielles” n’étaient pas arrêtées et que les “héros du quotidien” étaient applaudis. Les biens et services que nous achetons n’ont pas échappé à cet examen de conscience : chacun a pu mesurer quelle consommation était vraiment utile (besoin), et laquelle était superflue (désir).

Nous avons compris que le système nous protège, mais qu’il nous étreint également. D’un côté nous avons vu nos gouvernements déployer tout un arsenal de mesures pour protéger les emplois et les entreprises, et c’est une chance, surtout quand on se compare à d’autres pays, mais de l’autre nous avons senti à quel point nous étions dépendants d’un système : d’un système à la fois mondial — pourquoi ces masques sont-ils produits en Chine ? et aussi local — et si le système de distribution alimentaire français s’écroulait soudainement ?

#TheDayAfter : notre série de notes synthétiques secteur par secteur pour le monde d’après.

Nous avons compris que cette crise, et toutes celles qui suivront doivent nous encourager à développer notre résilience. Certains appellent à la relocalisation quand d’autres plantent des graines sur leur balcon : nous aspirons tous désormais à mieux résister aux chocs qui ont vocation à se démultiplier sous l’effet du changement climatique.

Dans le système qui doit s’organiser pour nous permettre de relever ces défis, on retrouve différents acteurs : le régulateur, les citoyens, la société civile, les ONG, et… les entreprises.

Car les entreprises ont un rôle à jouer. Elles ne pourront pas agir seules, mais elles sont un maillon essentiel du système qui se mobilise et qui nous permettra de construire un modèle plus résilient.

Et, en fait, elles n’ont pas le choix.

Ces organisations étaient déjà confrontées à une pression grandissante de la part :

  • de leurs clients consommateurs, en quête de produit et de modèles de distribution plus durables ;
  • de leurs salariés, en quête de sens, qui ne veulent plus travailler dans des entreprises à impact négatif ;
  • et du régulateur, à travers des lois comme la loi Pacte, la loi Avenir, ou la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.

Tout ceci force donc les entreprises à revoir tout leur modèle : organisationnel, logistique, distributif, productif, etc.

Tout cela était bien sûr déjà latent.

Le Covid-19 précipite le choix, car le redémarrage est l’occasion de se poser la question : “quel redémarrage ?”

Même si avons tous une responsabilité, nous devons reconnaître que les entreprises ont le pouvoir de changer les choses, à grande échelle.

Et comme elles ont le pouvoir, elles en ont aussi le devoir.

Dans ce contexte, l’innovation est une clé. Elle permet de réinventer de manière volontaire, et non subie, tous les maillons de cette chaîne.

L’innovation doit permettre de construire de nouveaux modèles de développement pour les entreprises.

En temps de crise, beaucoup sont tentés de tout faire pour “réparer le monde d’après”. Au moment de redémarrer, c’est en effet plus facile de repartir avec une machine qu’on connaît que d’en inventer une nouvelle. C’est pourtant exactement ce qu’il ne faut pas faire.

C’est précisément en période de crise qu’il faut saisir l’opportunité de se réinventer. Le Covid-19 est un momentum, doublé d’un sentiment d’urgence. Ce sont ces rares moments de l’Histoire qui permettent de prendre des décisions disruptives. De prendre des risques et, en somme, d’innover radicalement.

Mais pas n’importe quelle innovation. L’innovation doit-elle être au service de la simple croissance ? A l’évidence, non. Elle doit avoir un sens.

L’innovation doit permettre de construire de nouveaux modèles de développement pour les entreprises, avec comme boussole l’utilité sociale et environnementale.

Nous l’appelons l’innovation durable : celle qui accélère la transformation des entreprises vers des modèles décarbonnés, de sobriété énergétique et de solidarité.

Chez Possible Future, cela fait 4 ans que nous poussons nos clients à aller sur ce terrain de l’innovation durable. A transformer leurs modèles pour créer des business résilients, utiles pour les gens et régénérateurs pour la planète. Et nous sommes fiers de les avoir accompagné dans des projets emblématiques de l’économie de demain.

Si on se dit la vérité, leur premier réflexe, c’est de mettre le pied sur le frein, pour tout un tas de bonnes et moins bonnes raisons : financières, opérationnelle, politiques...

En réalité, tous ces freins peuvent être débloqués.

Comment ? Par le courage des managers qui oseront projeter leur entreprise dans une ambition durable. De celles et ceux qui oseront avoir un plan qui permettra de changer la donne. Des clients de ces entreprises qui veulent les voir se transformer en même temps qu’eux changent.

Alors allons-y : il est temps de passer à l’action !

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