Carton plein pour la deuxième édition de Jazz or Jazz !!

Les bonnes habitudes se prennent vite ! Pour sa deuxième édition, le festival Jazz Or Jazz se tenait au Théâtre d’Orléans du 19 au 22 avril. L’occasion était trop belle pour PIAO de répondre à l’invitation de la scène nationale à se laisser guider entre les différentes rives de cette musique si riche et protéiforme.

Aurelie Vain
Pour Info à Orléans

--

Ayant due faire des choix (le jazz est gourmand en temps !), voici une revue de concerts choisis dans la riche programmation concoctée par Stéphane Kochoyan (conseiller artistique du festival) et François-Xavier Hauteville (directeur de la Scène nationale) .

Akosh S.

Vous avez certainement entendu parler de ce musicien pour une petite ritournelle de clarinette à la fin du morceau « le vent nous portera » de Noir Désir. Pourtant, pour ses projets solo, le clarinettiste a choisi la musique improvisée, une forme sans compromis à la frontière de l’écrit et de la liberté totale. Le concert commence et le magma sonore coule encore paisiblement, le saxo d’Akosh s’entrecroise avec celui de l’orléanais Gabriel Lemaire, le violoncelle de l’autre local Valentin Ceccaldi, vient tantôt les caresser, tantôt troubler ce doux bouillon et graduellement, le torrent s’élargit et la lave explose ! Les 2 vents hurlent, transpercent la nuit orléanaise tandis que la batterie et la contrebasse martèlent, peaux, cymbales et cordes, éruption ! Et le calme se fait pour un chant à deux voix des saxophones … Avant que le volcan n’explose à nouveau ! Le silence revient et des images apparaissent derrière les musiciens. Des chevaux courent dans une plaine, les images s’accélèrent, les bêtes sont moins libres, montées par des cavaliers, tractant des voitures … Il s’agit d’un court métrage d’un réalisateur hongrois, un « poème visuel » sur la vie des ces animaux, emblème de la Hongrie, pays de naissance du musicien également. Le noir revient, un dernier réveil du volcan sonore loin d’être endormi et c’est la fin. Ouf ! Besoin de repos après cette déferlante.

Calypso Rose

Auréolée d’un succès aux dernières victoires de la musique suite à son album « far from home » produit par Manu Chao , la Queen of Calypso était attendue ! Et la patience fut récompensée. A son arrivée sur scène, la chanteuse Trinidadienne de 76 ans est parée de ses plus brillants atours : de la robe aux chaussures, il faut que ça brille … et il faut que ça danse ! Pas question de rester assis, ses premiers mots sont pour faire lever le public. Si elle peut passer tout le concert ( à quelques pauses près ) à se déhancher, alors l’assistance peut bien faire de même. Elle ne s’en prive pas ! De la chaleur dans les corps avec cette musique syncopée née aux Antilles, mais aussi de la chaleur dans les cœurs, son sourire est contagieux, ses yeux nous feraient la suivre au bout de la nuit. Elle embrasse les enfants qui s’aventurent sur la scène et court en coulisse leur offrir des CD. Elle prône l’amour, la danse, la bienveillance. C’est communicatif et ça fait du bien ! Elle n’oublie pas ses combats, ce petit bout de femme s’est battue toute sa vie pour sa liberté et pas question pour elle de ne pas faire passer le message. Une leçon de danse, de gentillesse et de douceur, on en redemande !

Gregory Porter

Il devait venir en 2014 au Campo Santo mais le concert avait dû être annulé, le voilà donc à Orléans pour un concert à guichet fermé ! Ce crooner propose un jazz aux accents soul et gospel. De sa voix profonde il chante sa mère qui priait en faisant la lessive, l’amour évidemment. Entouré d’une équipe de musiciens brillants, le chanteur déroule un concert bien huilé. La présence d’un orgue Hammond nous emmène parfois dans une église d’Harlem un matin d’office. Le swing se fait ensuite plus langoureux pour un hommage à Nat King Cole. Le musicien se fait attendre pour le rappel ; le voilà alors qui revient : il nous dit avoir commencé à goûter le plateau de fromages offert en loge J . S’en suit une chanson a capella pour un joli au revoir.

ONJ

L’orchestre National de Jazz est une formation crée dans les années 80 pour représenter la vitalité du jazz français. L’ensemble est composé de jeunes musiciens menés par un directeur musical nommé pour 2 ans. On peut noter la présence dans ses rangs d’un local au Violon, Thèo Ceccaldi (oui le frère de Valentin) par ailleurs élu musicien jazz de l’année et membre éminent du Tricollectif, collectif de musiciens orléanais. L’ONJ a entrepris ces dernières années à mettre en musique de grandes villes européennes. Après Berlin, voici venu Oslo ! Pour ce faire, une chanteuse a rejoint ses rangs et chante les poèmes d’un auteur norvégien. Les textures sonores autour de cette voix singulière nourrissent magnifiquement ce portrait urbain. Le saxo d’Alexandra Grimal, qui est également en résidence au théâtre d’Orléans cette année répond à la guitare, aux cuivres. Le violon de Théo déchire cette plaine sonore enneigée. La communication entre ces futurs et déjà grands du jazz est évidente et nourrit ces paysages auditifs follement réussis et qui ne donnent qu’une envie : réserver le prochain vol pour Oslo.

Bireli Lagrene

Pour finir cette étourdissant voyage dans le(s) jazz, place à Bireli Lagrene. Le prodige de la guitare manouche est un fidèle d’Orléans depuis les années Campo Santo. Il est heureux d’y revenir et le dit ! Après avoir été fidèle à la figure tutélaire de Django, le virtuose s’en est affranchie dernièrement mais pour mieux y revenir. Entourés de ses complices guitariste, contrebassiste et saxophoniste, il s’attelle maintenant à revisiter le répertoire jazz au sens large dans son style de prédilection. Quel meilleur endroit que Jazz Or Jazz pour démontrer que ces musique n’en font qu’une. Un standard de Django, un classique du jazz, un morceaux de Stevie Wonder : tout est bon pour alimenter les facéties des musiciens. Sur scène ça rigole, se sourit, blague en musique, c est communicatif. Perpétuant son art malicieux de la citation, ses improvisations nous laissent entendre des notes de Mickael Jackson, Star Wars … ! Même en échangeant d’instrument avec le contrebassiste, ils jouent avec talent et se marrent. C’est beau la musique quand c’est simple, swing et souriant. Après 2 heures de concert, ni eux, ni le public ne veulent se quitter.

Quand un jazz s’arrête un autre prend le relais. Sortant de la salle, C’est la Havane qui nous attend. Ruben Paz et son orchestre font danser un hall plus que rempli.

Cet 2eme édition de JazzOrJazz aura tenu toutes ses promesses ! Dans tous les genres, dans toutes les couleurs, cette musique vit et attire tous les publics. Le théâtre en est le terrain de jeu parfait avec son café à nouveau ouvert pour une pause gourmette entre 2 gorgées de musique.

JazzOrJazz est fini, alors vive JazzOrJazz !

Crédit photo : Sébastien Richard

--

--