J’emmerde

par Jean-François Gayrard

J’emmerde les pirates.

Zola accusait, moi, aujourd’hui, j’ai envie de dire « j’emmerde ». Je ne pensais pas, qu’un jour, je pourrais volontairement être vulgaire, en public, comme ça et en plus je signe de mon nom, pas sous un pseudo. Je m’en excuse tout de suite. Je suis un sanguin (j’suis pas né à Sète pour rien), j’ai un franc parlé, je déteste les discours condescendants (je ferai un très mauvais politicien), mais d’habitude, j’évite les invectives au ras des pâquerettes — faut que je fasse attention à ma condition d’éditeur, tout de même, même si celle-ci est tout le temps remise en question parce que nous faisons du “tout numérique” ! J’assume mes propos et le ton volontairement provocateur employé. Les pirates, bien cachés derrière leur écran d’ordinateur bidouillé de merde, qu’est-ce qu’ils assument, eux ?

J’emmerde les pirates, j’emmerde leurs discours, j’emmerde celles et ceux qui passent leur temps à lancer de grands discours sur les réseaux sociaux sur la gratuité, le partage sous prétexte que tout ce qui est sur le Web doit être gratuit et qui en même temps n’arrêtent pas de gémir sur les pauvres petites conditions des créateurs, mal payés, mal rémunérés, mal de tout. J’emmerde cet absence de logique dans un discours à la gloire du “tout gratuit”. Rien n’est gratuit dans la vie. Que cela plaise ou non ; mon loyer n’est pas gratuit, ma connection à Internet n’est pas gratuite, mon frigo ne se remplit pas gratuitement, les auteurs ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche et non nous ne vivons pas aux pays joyeux des Bisounours !

Qui pirate un ebook à 15€ avec DRM pirate tout autant un ebook à 4€ sans DRM et j’emmerde royalement ceux qui voudraient nous faire croire le contraire, ceux qui mettent les pirates sur un piédestal en nous faisant croire que c’est pour le bien-être de la culture. Mon cul.

Le piratage est une plaie. Mais continuez à l’encourager, vous faites le lit des systèmes fermés comme Amazon et ce n’est pas demain la veille que vous verrez vos best-sellers préférés à un prix raisonnable si vous continuez à mettre ces putains de pirates sur un piédestal !

J’emmerde ceux qui pensent que faire du numérique ne coûte rien. Je sais ce qu’il nous en coûte tous les jours, en taxe, en impôt, en distribution, en promotion, en éditorial. Non, mais il faut arrêter une bonne fois pour toute de dire et de relayer des conneries.

Le piratage est une plaie. Mais continuez à l’encourager, vous faites le lit des systèmes fermés comme Amazon et ce n’est pas demain la veille que vous verrez vos best-sellers préférés à un prix raisonnable si vous continuez à mettre ces putains de pirates sur un piédestal ! En revanche, je peux vous prédire que les systèmes fermés ont un bel avenir devant eux et même le streaming (ça tombe bien, j’adore le streaming). Et vous savez quoi ? Tant mieux. À un moment donné, il y en a un peu marre d’être pris pour des poires ! En fin de compte, je me demande si à Numeriklivres, on ne devrait pas mettre des DRM parce qu’en fait, ça change quoi ?