Health Tech : l’inspiration vient de Boston

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6 min readNov 17, 2017

La France est quatrième au classement mondial des Nobel et deuxième pour les médailles Fields. Dans son récent rapport, le Boston Consulting Group (BCG) ne manque d’ailleurs pas de souligner que la France a tous les atouts pour devenir la terre promise des jeunes pousses de la santé : recherche de grande qualité, financement public généreux, système hospitalier et sanitaire parmi les meilleurs du monde.

Comme souvent, l’Hexagone fourmille de pépites, avec 600 entreprises déjà positionnées sur ce secteur, dont les 20 premières pourraient à terme toucher 250 millions de personnes dans le monde. Mais, comme souvent, nos pépites peinent à passer du statut de jeune pousse à celui de géant international. Les chiffres sont cruels : une entreprise française de la Health Tech sur 30 dépasse le cap du milliard de dollars de valorisation, contre au minimum 1/14 pour les autres pays (1/8 aux Etats-Unis).

Aussi, dans un contexte de concurrence internationale accrue, il devient urgent que la France conforte sa bonne dynamique et son impulsion créatrice. En effet, le Japon, la Corée du Sud et la Chine progressent très vite dans le domaine de la Health Tech. Ainsi, Samsung Bioepis, émanation du géant coréen, s’est spécialisée dans les biosimilaires. Ses ventes européennes ont atteint 257 millions de dollars au Q3 2017. Quant à la Chine, elle devrait voir ses dépenses de R&D brutes dépasser celles des Etats-Unis à l’horizon 2019. Enfin, l’Etat d’Israël, auto-proclamé « start-up nation », a fait de la santé l’une de ses six priorités sectorielles.

L’exemple de Boston, hub mondial des biotechnologies, devrait aider la France à se libérer de ses démons et à devenir cette fameuse terre promise.

Pourquoi Boston ?

En une trentaine d’années, Boston est devenu le hub mondial des biotechs et des medtechs. Générant près de 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires, levant 7 milliards de dollars en 2016, la ville du Massachusetts représente 6 % du pipeline mondial de la recherche. Ses sociétés (les plus fameuses étant Biogen, Boston Scientific, Genzyme et Hologic) sont protégées par des brevets et ne subissent qu’une très faible concurrence internationale. Conséquemment, leur marché croît à un rythme annuel moyen de 10%.

Cette formidable réussite est due à plusieurs éléments. D’abord, les sociétés de Boston ont pu compter sur des levées de fonds importantes. En effet, il existe aux Etats-Unis plusieurs fonds de capital-développement aux “poches profondes” et qui sont considérés comme des investisseurs de référence, prompts à en entraîner d’autres dans leur sillon. Parmi ces fonds, on compte notamment Flagship Pioneering et Polaris Partners.

La densité de la communauté scientifique de Boston et le grand nombre d’universités présentes ont permis l’émergence d’un vivier de talents et le développement d’une véritable expertise sectorielle. Par ailleurs, alors qu’en France la collaboration public-privé crée des situations de blocage, elle s’est au contraire révélée très fructueuse aux Etats-Unis, dans la mesure où la FDA, l’administration autorisant ou non la poursuite d’essais cliniques et la commercialisation, échange régulièrement avec les entrepreneurs qui la sollicitent, ce qui permet d’éclaircir les situations.

A l’image de Boston, les biotechs/medtechs peuvent revitaliser l’ensemble du secteur de la santé, actuellement stagnant en France. Une montée en puissance de ces nouvelles sociétés permettrait également de résorber le déficit commercial. En suivant l’exemple de Boston, la France pourrait créer 130 000 emplois supplémentaires d’ici à 2030.

Pourquoi faire grandir la Health Tech est nécessaire

Au-delà de la création de revenus et d’emplois, il s’agit bien de cerner les grandes tendances macroéconomiques, technologiques et scientifiques à l’oeuvre.

Le vieillissement de la population, l’augmentation de l’espérance de vie et la croissance démographique font peser une menace sur la soutenabilité des dépenses publiques, notamment dans un pays où la protection sociale est particulièrement développée. A cet égard, il est vital d’utiliser les nouvelles technologies afin de permettre aux professionnels de santé et aux hôpitaux de traiter plus efficacement, plus rapidement, et à moindre coût.

Dans le même temps, si l’espérance de vie augmente, la durée de vie en bonne santé augmente, elle, à rythme plus lent. Pour des enjeux de santé publique et de cohésion sociale, c’est-à-dire pour ne laisser personne “au bord de la route”, il est important d’investir dans la qualité de vie des patients. Cela passe, par exemple, par la télémédecine et le développement de la médecine préventive. L’administration de traitements à distance, l’assistance à domicile et le diagnostic dématérialisé pourraient à la fois soulager les professionnels de santé et couvrir les patients.

Heureusement, toutes les technologies dites “de rupture” trouvent une application dans la santé : l’intelligence artificielle arrive à interpréter des images médicales depuis 2012, les robots sont utilisés pour opérer des patients, la réalité virtuelle peut servir à la reconstruction post-traumatique, et, en 2015, une prothèse de main a été imprimée en 3D.

La France en a les capacités

Trois des plus grandes biotechs internationales (Actelion, Incyte et Biomarin) sont dirigées par des Français mais aucune des sociétés implantées sur le sol hexagonal ne dépasse le milliard de valorisation.

Le couple fondateur d’Actelion a décidé de s’installer en Suisse.

68 % des essais cliniques des Health Tech sont réalisés à l’étranger, en raison d’une réglementation française restant encombrante. Les procédures de validation sont longues et lourdes : il faut quatre fois plus de temps pour commercialiser un produit en France qu’en Allemagne. Or, il y a un vrai intérêt à conserver les essais cliniques en France. Du point de vue de la santé publique, cela permet l’accès à un médicament plusieurs années avant sa commercialisation, ce qui est très utile dans le cas de maladies graves. Du point de vue des hôpitaux, cela constitue une source complémentaire de revenus et une occasion de former son personnel.

De plus, les fonds de capital-développement manquent pour financer les Health Techs, et les fonds de capital-risque ne peuvent suivre la hausse des besoins de financement lorsque les sociétés avancent dans leurs essais cliniques. Enfin, la France est pénalisée par le manque de talents connexes.

Pourtant, elle dispose de beaucoup d’atouts pour réussir. Elle compte l’une des recherches les plus performantes du monde, avec cette seconde place pour les médailles Fields, notamment. Son système hospitalier et sanitaire exerce un bon maillage territorial. Le dispositif fiscal en place est très favorable, avec l’existence du CIR (Crédit Impôt Recherche) qui a permis aux entreprises, en 2013, de déduire pour plus de 6 milliards d’euros d’impôts. Et, sur le plan financier, la Banque Publique d’Investissement est particulièrement active : en 2015, elle a investi en fonds propres dans 35 entreprises de la Health Tech pour un montant total de 135 millions d’euros. Au total, le soutien public à l’amorçage représente 1/3 des dépenses R&D des entreprises, ce qui place la France au second rang mondial en la matière.

Pour exploiter au mieux ces capacités et faire de la France un vrai leader mondial, le BCG fait donc 15 propositions, parmi lesquelles la prolongation de la durée maximale du statut de Jeune Entreprise Innovante, le développement de contrats types pour favoriser les transferts de technologie, le rapprochement des cursus universitaires de l’écosystème de la Health Tech, et la mise en place d’un système d’indicateurs de performance pour équilibrer le coût des nouvelles solutions thérapeutiques. Il faudra une forte volonté politique pour mettre en place ces initiatives.

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