JO 2024 : l’occasion de réinventer la mobilité urbaine

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6 min readDec 7, 2017

L’Île-de-France dispose de l’une des meilleures offres de transport collectif au monde, avec 90 % des Franciliens se situant à moins de 2 km d’une station de transport collectif. Pourtant, 56 % des habitants de la région ont chaque semaine des difficultés dans leurs déplacements et les temps de trajet en voiture ont augmenté de 38 % dans l’agglomération parisienne. L’horizon maintenant clair des JO 2024 doit accélérer le renouvellement de la mobilité urbaine, fondée sur la rupture technologique et sur la rupture des usages, à mettre évidemment dans le contexte du Grand Paris. Comme beaucoup d’autres métropoles, Paris connaît effectivement les contraintes de la saturation des infrastructures existantes, de la raréfaction de l’espace disponible, et subit une réelle pression environnementale.

Pour cadrer la transformation urbaine, le groupe Mobility Nation (Uber, AXA, BlaBlaCar, Europcar, Île-de-France Mobilités, Seabubbles, Engie…), a publié cette semaine un livre blanc, intitulé “Réinventer la mobilité urbaine et périurbaine à l’horizon 2030”. Celui-ci présente trois types de rupture technologique (zéro-émission, connectivité, autonomie) et trois types de rupture d’usage (mobilité partagée, mobilité à la demande, mobilité comodale). Ces ruptures conditionnent et favorisent le développement de nouvelles offres de mobilité. Elles doivent permettre de répondre à trois défis : le défi social, le défi de la qualité de vie et le défi de l’optimisation des ressources.

Le défi social

90 % des Franciliens se trouvent à moins de 2km d’une station de transport collectif, mais les inégalités sont très fortes entre zones denses et zones peu denses, entre centres et périphéries. Seulement 15 % des ménages parisiens disposent d’une voiture contre 85 % de ceux de Seine-et-Marne. Quand 77 % des Parisiens considèrent avoir le choix des modes de déplacement qu’ils utilisent, seulement 48 % des habitants de Seine-et-Marne sont du même avis (enquête Mobility Nation de mai-juin 2017). Cela renvoie aux études récentes de Christophe Guilluy sur la France périphérique. Ces zones sont moins bien desservies et évoluent dans des cercles presque isolés. Il est pourtant crucial de ne pas les laisser “au bord” de la route, et de faire ensemble que les technologies de rupture profitent à la multitude plutôt qu’à une minorité.

Zone rurale des Yvelines

De fait, les travaux de Jean Poulit, ancien directeur général de l’IGN, avaient montré qu’il y avait une forte corrélation entre le Produit Intérieur Brut d’une région et l’accession rapide aux actifs économiques. C’est pourquoi l’augmentation de la vitesse de déplacement, en augmentant la portée des déplacements, peut constituer une réelle opportunité économique pour les Franciliens. L’emménagement dans des zones moins denses et périphériques ne sera donc pas associé au risque d’appauvrissement, puisqu’il sera facile et rapide de rejoindre des bassins d’emploi. Dans le même temps, cela permettra de revitaliser des territoires en déshérence, en y implantant une population jeune, active, qui y déversera une partie de ses revenus, et de décongestionner les centres. Dans ces mêmes centres, les prix de l’immobilier pourront alors baisser, ce qui encouragera parallèlement l’installation de foyers divers.

Une navette autonome EasyMile, entreprise dans laquelle Alstom a investi

Il y a donc une réelle opportunité de dynamiser le tissu social et territorial, et d’utiliser au mieux les capacités de la région.

En la matière, le covoiturage urbain (BlaBlaLines, IDVroom…) ainsi que les navettes autonomes (EasyMile, Chariot) peuvent s’avérer à terme des solutions tout à fait adaptées.

La qualité du transport

Les transports collectifs sont la plupart du temps vécus comme une contrainte et un désagrément, faisant en sorte que les usagers tentent le plus possible de réduire les temps de trajet. Avec une augmentation de 38 % du temps de trajet en 2016, les automobilistes individuels n’ont pas non plus été en reste.

Aussi, faire du transport urbain une expérience désirable doit être un axe essentiel de travail de la part de l’écosystème. Faisant partie du quotidien des individus, le transport influe significativement sur la qualité de vie et sur la satisfaction. A terme, une expérience enrichie de transport doit améliorer les interactions de l’usager avec son environnement, accroître les opportunités d’échange et soigner l’image de la région à l’international. Ce dernier aspect est particulièrement important pour un pays qui accueillait l’Euro de football 2016 et qui hébergera les Jeux Olympiques 2024.

Justement, la rupture technologique peut intensifier la valeur intrinsèque du transport. Alors que la voiture était autrefois conçue prioritairement autour du conducteur, les voitures autonomes ont vocation à servir le passager. Elles pourront donc devenir des espaces de repos, de lecture, voire offrir des petits aménagements de bureau. En améliorant l’expérience du transport, les technologies de rupture conduiraient donc à rendre la perception du trajet plus importante que le temps de trajet en lui-même.

Enfin, des technologies encore au stade expérimental (voiture volante, taxi sur l’eau…) permettraient à l’usager de bénéficier d’une ouverture sur l’extérieur, élément important dans l’expérience de transport.

SeaBubbles ambitionne d’industrialiser les “taxis sur l’eau”

L’utilisation la plus pertinente possible des actifs

Un des principaux avantages portés par cette économie de la mobilité est précisément la facilitation de l’usage, amenant à une meilleure utilisation des ressources.

Actuellement, une voiture n’est utilisée en moyenne que 5 % du temps et le taux d’occupation est faible (à peine 1.1 personnes par voiture). Les plateformes de covoiturage et d’autopartage permettent justement une optimisation de ces ressources, de ces actifs. Quand un conducteur embarque avec lui deux, trois passages supplémentaires, voire plus s’il y des arrêts, il permet de faire baisser la quantité d’actifs nécessaires à la mobilité des personnes. Cela constitue donc une réponse intelligente à la sur-consommation et, son sous-jacent, la surproduction.

Drivy permet de louer des véhicules près de chez soi, ou de louer son propre véhicule

Par ailleurs, en mettant à la location sa voiture, sur Drivy par exemple, quand il ne l’utilise pas, le propriétaire peut mieux financer l’amortissement de son véhicule et permettre aux locataires d’améliorer leur mobilité. Quand on sait que les dépenses de transport représentent 15 % du budget d’un ménage équipé d’une voiture contre 5 % de celui qui n’en est pas équipé, on comprend qu’il peut y avoir une véritable création de valeur.

La Norvège, exemple de transition écologique

Le Grand Paris et la mobilité urbaine ont suscité quelque remous, ces derniers temps. Le sujet, lancé il y a une dizaine d’années, interpelle effectivement de nombreux acteurs des territoires : communes, région, associations, entreprises, syndicats. Et, avec l’arrivée des technologies de rupture ainsi que des JO, un tel foisonnement est finalement bienvenu. Cependant, Mobily Nation prévient : il faut agir vite. Sans expérimentation réelle et à grande échelle, sans adaptation juridico-réglementaire, sans investissement matériel (bornes électriques, capteurs, stockage des données, aménagement de la voirie…) et immatériel (5G, open source des données, sensibilisation…), la rénovation de la mobilité n’aura pas lieu, et l’arrivée des voitures autonomes pourrait au contraire aggraver la congestion, avec enchevêtrement des voies, roulage à vide, et contradiction des systèmes d’information.

Oslo est l’une des villes les plus “écologiques” du monde

En termes de mobilité, la Norvège peut être considérée comme un exemple. Ainsi, elle est passée à la voiture électrique, associée à l’émission-zéro, seulement en montrant la carotte. Dès 1997, elle crée un contexte favorable (péages et parkings publics gratuits pour les véhicules électriques). Puis, elle lance des investissements ambitieux (expansion des stations de recharge publiques dans les grandes villes en 2008), et, enfin, en accompagnant le mouvement auprès des particuliers (mis en place d’une subvention équivalente à 12 000 dollars). Résultat : les voitures électriques y représentent 29 % des immatriculations nouvelles en 2016. Élément décisif pour la qualité de vie urbaine, puisque les centres-villes ont pu s’enrichir d’espaces verts et améliorer la qualité de l’air. Pas étonnant que la Norvège ait été désignée pays le plus heureux du monde.

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