Après l’annonce de l’atteinte des objectifs de production au début du mois d’août, Tesla a connu un été très compliqué, qui semble ne pas s’arrêter. Plusieurs évènements sont venus ébranler l’image ainsi que le cours boursier du constructeur américain, de quoi inquiéter très sérieusement les investisseurs mais également les grandes banques, qui prédisent de grandes baisses du prix de l’action de Tesla dans les mois à venir.
Des objectifs de production atteints
Début 2017, Elon Musk annonce vouloir produire plus de 500 000 véhicules par an, cette année-là il en produira finalement 100 000, des résultats très décevants pour les investisseurs. Au début de l’année 2018, le PDG a revu ses objectifs à la baisse et annonce vouloir atteindre le chiffre de 5000 Model 3 produits par mois. Chose faite à la fin du premier trimestre 2018 : au mois de juin Tesla en a produit 5031.
Des résultats dus notamment à un changement de stratégie de la part d’Elon Musk : il décide de supprimer 9% de ses effectifs, l’objectif étant de devenir rentable pour la première fois depuis la création du groupe, et il met également un coup de frein sur la robotisation de la production, qui n’est pas assez efficace comparée aux objectifs fixés.
Le mois d’août commençait donc très bien pour Tesla qui a enregistré une hausse de 9% du prix son action au NASDAQ.
Annonce d’une potentielle sortie de la bourse
Le 7 août 2018, seulement quelques jours après l’annonce de ces bons résultats, c’est la panique chez les investisseurs, Elon Musk tweet qu’il envisage de retirer Tesla de la bourse, assurant même que les fonds seraient déjà sécurisés pour cette opération. Si cette opération avait eu lieu, le Fonds Souverain Saoudien (PIF) aurait été l’acteur majeur de cette opération, lui qui poussait depuis deux ans Elon Musk à sortir Tesla de la Bourse.
Elon Musk retirera ses propos quelques semaines plus tard, après s’être fait rattraper par la SEC et le DoJ qui ont commencé à mener des enquêtes sur les agissements de la Société et de son PDG depuis quelques années ainsi que sur les raisons de ce tweet très controversé.
Un séisme sur le marché américain, et une tension qui commence à monter chez les investisseurs ainsi que chez les professionnels du marché qui trouvent que le PDG prend trop de libertés sur la communication financière pourtant régulée par la Bourse Américaine. Depuis ce tweet le titre Tesla a perdu plus de 25% passant à 297,1$ à ce jour, et selon Goldman Sachs il pourrait perdre encore 30% supplémentaires durant les 6 mois à venir.
La justice ne lâche pas Elon Musk
Ces derniers mois plusieurs plaintes ont été déposées à l’encontre du PDG, et plusieurs enquêtes sont ouvertes à ce jour. Des enquêtes notamment menées par la SEC : une enquête a été ouverte sur la communication de la production de Tesla, une autre a été ouverte suite à une plainte d’un de ses anciens salariés qui l’accusent d’avoir piraté les téléphones et ordinateurs de plusieurs de ses employés pour lutter contre l’espionnage industriel. Karl Hansen a également ajouté dans sa plainte que le PDG n’avait pas déclaré le vol pour 37 millions de dollars de cuivre à ses investisseurs.
Enfin plusieurs enquêtes ont été ouvertes sur l’annonce de retrait de la bourse de Tesla. Un investisseur influent du groupe, Andrew Left, a notamment déposé une plainte en nom collectif contre Elon Musk, l’accusant de manipuler le cours de bourse en diffusant de fausses informations.
La fuite des cerveaux chez Tesla
Un autre problème se pose pour Elon Musk qui voit depuis quelques temps ses cadres quitter le navire un à un. Le dernier en date est Justin McAnear, vice-président des opérations financières qui quittera le groupe le 7 octobre 2018. Il s’ajoute à la liste des dirigeants qui ont quitté Tesla cette année : Dave Morton, directeur comptable, qui a quitté Tesla après seulement un mois à son poste ; Doug Field, vice-président de l’ingénierie ; Jim Keller, vice-président de l’Autopilote et enfin Gaby Toledano, DRH.
L’attaque des concurrents
Pour finir tous les grands constructeurs se lancent à présent dans les voitures électriques, et lancent également des projets de conduite autonome.
Mercedes a lancé en septembre son SUV 100% électrique, l’EQC, le constructeur allemand a prévu d’investir près de 10 milliards de dollars dans les véhicules électriques et autonomes d’ici 2022.
Audi a présenté ce lundi 17 septembre 2018 son modèle E-Tron, un SUV 100% électrique, qui sera commercialisé d’ici la fin de l’année 2018, il sera le premier des 12 véhicules électriques qu’Audi lancera d’ici 2025.
Le constructeur anglais Jaguar a également lancé un crossover 100% électrique. D’autres marques s’ajoutent à cette liste, comme Aston Martin, Volkswagen qui commercialise déjà des véhicules électriques et qui va investir plus de 3,5 milliards d’euros pour les 5 prochaines années, ou encore Ford qui va dévoiler son projet de SUV électrique.
La longue liste des problèmes pourrait encore s’alourdir si Tesla ne se remet pas en scelle rapidement. C’est en tout cas ce qu’essaye de faire Elon Musk en cette rentrée 2018 avec la nomination d’un français, Jérôme Guillen, à la présidence de Tesla en charge des activités automobiles et du développement de la supply chain, mais également d’un nouveau DRH avec une nouvelle équipe.
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