#quarante-et-un

David Lallemand Pesleux
#Presque50
Published in
4 min readMar 24, 2018

Je le savais !

Personne n’est 100% hétérosexuel. C’est le Daily Mail (un quotidien anglais) qui a diffusé l’information (le 15 mars 2018) citant les résultats d’une étude qui parait fiable (mais je ne suis pas un spécialiste en études fiables) publiée dans le dernier livre de Ritch C. Savin-Williams intitulé « Mostly Straight: Sexual Fluidity Among Men ». Pour faire simple, l’auteur, psychologue spécialisé dans les études sur le genre, arrive à la conclusion que personne ne peut vraiment être considéré comme exclusivement hétérosexuel et qu’il vaut mieux parler de « fluidité de genre » variant d’un être humain à un autre. Les expériences menées sur des hommes et des femmes montrent que TOUS les membres (…) des deux groupes sont, à des degrés divers, « excités » par l’observation d’individus du même sexe ou du sexe opposé en train de se masturber.

Dans le même livre, Savin-Williams en finit, une fois pour toutes, avec le cliché qui voudrait que la bisexualité soit, dans l’immense majorité des cas, un comportement ou une attirance réservée à la gent féminine. Le cliché de l’homme fort dont le comportement ne peut pas être dicté (pollué ?) par ses émotions a empêché jusque-là, selon l’auteur, de mettre au jour la vérité qui s’impose à nous scientifiquement aujourd’hui : nous sommes tous attirés par les deux sexes et tous les genres, à des degrés divers. Il ne faut pas attendre que les conclusions de cette étude fassent l’unanimité demain, ni même après-demain d’ailleurs. Mais que le deuxième quotidien britannique, en nombre d’exemplaires vendus, plutôt conservateur que progressiste, publie ce genre d’information est, de mon point-de-vue, un signe supplémentaire de l’évolution du monde dans ce que je considère être le bon sens.

Evidemment si personne n’est « exclusivement hétérosexuel » force est de constater que personne n’est, non plus, « exclusivement homosexuel ». Ici il faudrait ajouter un émoticône avec des grands yeux. Le truc c’est qu’il ne faudrait pas croire qu’il est obligatoire d’avoir couché avec quelqu’un du sexe avec lequel on n’a pas l’habitude ou simplement envie de coucher pour prouver qu’on est bien ce qu’on dit qu’on est. La question déjà posée dans un # précédent reste complètement nulle et idiote même après avoir lu le bouquin de Savin-Williams : « oui mais tu as essayé avec une fille (ou un garçon, c’est selon évidemment) ? Alors comment peux-tu le savoir ? » Je vous promets, quand on est homosexuel, on le sait. En revanche, je me demande s’il ne reste pas pertinent de poser cette question stupide à certain.e.s hétéros ? (Je vous charrie. Ou pas.)

Regardez, moi par exemple, je savais déjà que j’étais « pédé » comme on me le crie dans la rue (à la gare, etc.) bien avant d’envisager d’épouser une fille. Non, pas par dépit et moins encore pour faire semblant, me racheter une conduite ou pire, faire comme tout le monde… Vraiment par amour. Je dois être le seul gay au monde à s’être fait lourder par un mannequin australien (« New York, sorry je connais déjà ») juste avant de s’installer à New York pour y tomber amoureux d’une fille… Les Etats-Unis d’Amérique accueillent la plus grande communauté juive du monde après l’Etat d’Israël (et ça se compte à quelques milliers près) et juste après, la plus grande communauté homosexuelle à New York. Une ville symbole du combat pour les droits civiques des homosexuels. « La nuit du 27 juin 1969 marque symboliquement pour les États-Unis et l’Europe occidentale la naissance des mouvements de revendication homosexuels contemporains. À l’époque, la législation puritaine interdit le travestissement et la danse entre hommes. Situé dans Christopher Street, à New York, le Stonewall Inn est un des seuls bars à clientèle homosexuelle de la ville, toléré par la police contre pots-de-vin réguliers du patron. L’endroit subit de fréquents contrôles, avec leur cortège d’injures, d’humiliations et de chantage. La descente de police de la nuit du 27 juin déclenche pour la première fois une rébellion des clients interpellés, puis de tout le quartier de Greenwich Village. Au cri de « Gay Power », une bataille de rue de plusieurs jours s’ensuit. Rompant avec les associations « homophiles » soucieuses de discrétion et de respectabilité, le Gay Liberation Front est fondé peu après par Craig Rodwell. Un an plus tard, le 28 juilllet 1970, le tribunal de New York autorise in extremis le défilé de deux mille manifestants pour la Christopher Street Liberation Day Parade, ancêtre de toutes les gay prides. » Merci Encyclopædia Universalis.

Mais moi, en arrivant dans ce qui serait mon bureau pendant presque deux ans aux Nations Unies, j’ai d’abord vu un petit bout de femme à la bouche framboise et aux longs cheveux noirs dont je suis immédiatement tombé amoureux. Comme si le temps s’était arrêté et qu’elle seule était encore en mouvement dans un univers en suspens. Avec une poursuite braquée sur elle comme sur les stars en scène. (Ajouter Super Trouper de Abba). On aurait dit Lea Michele qui reprend Barbra Streisand dans Glee bien avant que Glee n’existe et en beaucoup plus belle (ajouter au lexique). Dans mon souvenir, j’ai dit à la copine qui m’accompagnait en entrant dans la pièce « je ne sais pas qui c’est, mais elle et moi on va se marier ». Dix jours après, la jeune fille et moi nous habitions ensemble. On a même fixé une date pour le mariage quelques mois plus tard. Le même jour que l’anniversaire de mon père. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai complètement oublié. Et heureusement, tout ça est tombé à l’eau. Mais j’ai vécu quelques mois fantastiques, un amour sincère, une relation complète, épanouissante, jusqu’à ce que nos désordres singuliers encombrent trop notre vie commune. On a bien rigolé. Et, avec le recul, je me dis que nous avons évité le pire mais, surtout, que Ricth C. Savin-Williams a bien raison.

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David Lallemand Pesleux
#Presque50

Spécialiste en généralités. Journaliste à mes heures. Au service des droits de l’enfant. J’avais un mois en mai ‘68.