Burkini : les habits neufs du salafisme

Printemps Républicain
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3 min readAug 19, 2016

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Le burkini n’est pas un vêtement comme les autres. C’est, à l’image d’autres formes de voile intégral (niqab, burqa…), un manifeste politique. Le manifeste d’extrémistes religieux –précisément ici des salafistes — utilisé pour rendre visible et tangible, dans l’espace public, leur interprétation radicale de l’islam à travers la soumission de la femme. Ils l’ont imposé là où ils ont pris le pouvoir ; ils essaient aujourd’hui de le faire partout où ils le peuvent. Ce sont d’abord et avant tout les musulmans, les femmes au premier rang, qui en sont les victimes.

Il s’agit là d’une idéologie politique (à base religieuse cette fois et non plus raciale ou sociale comme au XXème siècle) qui embrasse un très large ensemble d’attitudes, de discours, d’actes, de dissimulations, etc. Cela va de l’extrême violence terroriste à la simple défense publique du burkini comme d’une manière « normale », conforme à la religion, pour les femmes de se baigner en public en passant par les prêches radicaux, les injonctions et recommandations à la « bonne » pratique de l’islam, les dénonciations des « valeurs » de l’Occident, etc.

Contre l’idéologie, c’est le combat politique qui est le plus légitime et surtout le plus efficace. Un combat possible à la seule et impérative condition d’une mobilisation de l’ensemble de la société, des citoyens comme des organisations, des institutions, des responsables publics… afin de ne rien laisser passer de cette idéologie dans le débat public, de la contrer et d’en démonter les ressorts, d’où qu’elle émane : religieux, associations, mouvements politiques, chercheurs, personnalités publiques… D’autant, et c’est essentiel, que ne pas combattre cette idéologie chez nous, dans un pays démocratique, c’est abandonner les femmes et hommes qui luttent dans des pays en guerre ou non démocratiques.

Dans un tel combat, de nature et de forme idéologique, il est indispensable de choisir son camp. Non pas comme les identitaires de tous poils, islamistes ou d’extrême-droite, voudraient nous y contraindre, en suivant les lignes de fracture d’un « choc des civilisations » mais parce qu’il s’agit d’une lutte entre la civilisation et la barbarie, entre un « nous » qui inclut tous ceux qui refusent le totalitarisme islamiste et un « eux » qui rassemble finalement tous ceux qui le proclament, le répandent, le justifient ou le soutiennent.

Ce combat politique peut se traduire, dans certaines conditions et circonstances, par des mesures juridiques. L’arme du droit doit toutefois être employée, à nos yeux, avec circonspection et prudence. Un arrêté municipal d’interdiction du « burkini », par exemple, ne saurait en effet intervenir qu’en cas de menace tangible et immédiate à l’ordre public, comme ça a d’ailleurs été le cas à plusieurs reprises ces derniers temps. L’appréciation d’une telle menace devant être laissée aux élus locaux et aux responsables de la sécurité publique, leurs décisions étant toujours susceptibles de recours devant la justice, comme il est normal et indispensable dans un état de droit. Les principes fondamentaux qui régissent notre société, ceux reconnus par notre Constitution en particulier, ont pour vocation d’étendre les libertés individuelles et non de permettre à des idéologies étrangères à toute notion de démocratie de les réduire, fut-ce au nom d’une soi-disant « pratique culturelle » — qui en l’espèce est de surcroît dépourvu de toute justification théologique sérieuse.

Le burkini n’est pas un vêtement comme un autre, le totalitarisme islamiste n’est pas une opinion comme une autre, le combat pour la liberté, la laïcité et les droits des femmes ne sont pas des combats secondaires.
Le Printemps républicain est déterminé à mener, avec d’autres, ces combats. Il proposera des initiatives en ce sens dans les mois qui viennent.

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