Ce que nous dit “l’affaire Mehdi Meklat”

Printemps Républicain
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3 min readFeb 19, 2017

Le plus grave dans l’affaire concernant ce chroniqueur du Bondy Blog, Mehdi Meklat, qui a librement tenu pendant des années sur son fil Twitter (sous le pseudo de Marcelin Deschamps avant de revenir à son nom) des propos antisémites, homophobes, sexistes, insultants à l’égard de telle ou telle personnalité… dont certains tombent clairement sous le coup de la loi, c’est la responsabilité des médias qui l’ont embauché, soutenu, promu, encensé

Des dizaines de tweets de ce genre ont été postés sur son compte depuis 2012.

De deux choses l’une, soit ces médias (Mediapart, Libération, Télérama, Le Monde, Les Inrocks, France 2, France Inter…) ne savaient pas qui était Mehdi Meklat, et alors leur crédibilité est profondément mise en cause, soit ils le savaient mais ont fait comme si de rien n’était, ce qui pose des questions sur leurs intentions et sur la manière dont ils conçoivent leur rôle dans la restitution de ce qui est à l’oeuvre dans la société française.

D’autant, circonstance aggravante, que l’on peut constater ici le gouffre béant du deux poids deux mesures de donneurs de leçon professionnels en matière d’antiracisme et de lutte contre les discriminations. Car un jeune affilié au FN, par exemple, qui aurait commis ce genre de tweets aurait été instantanément, et à fort juste titre, cloué au pilori par ces médias, et se serait certainement retrouvé devant la justice.

On a même vu récemment en “une” des Inrocks, l’ancienne ministre de la justice, si sensible aux discriminations, poser fièrement à côté de l’auteur de ces tweets antisémites, homophobes, sexistes, injurieux… à l’occasion de la promotion de la sortie de son dernier livre, écrit avec son compère du Bondy Blog !

Les tentatives de défausse ou de défense produites aujourd’hui, entre l’excuse par l’humour et celle par le “jeu de rôle” sous anonymat, ne seraient que pathétiques si elles ne témoignaient pas de l’impunité ressentie par leurs auteurs, qu’il s’agisse de Mehdi Meklat ou de ceux qui l’ont soutenu. On notera d’ailleurs que sous le pseudonyme Marcelin Deschamps, Mehdi Meklat ne s’en prenait jamais (sous prétexte d’humour) qu’à certaines catégories de personnes, jamais à d’autres. Le parallèle tenté par certains de ses défenseurs avec l’humour parfois très limite de Charlie Hebdo ne tenant donc pas ici, car Charlie s’en prend à tout le monde, sans exception.

Tentatives d’explication…

Des leçons doivent bien évidemment être tirées de cette affaire. La première, positive, étant que ces médias, qui ont joué consciemment ou inconsciemment le jeu de ce personnage comme ils le font volontiers avec d’autres entrepreneurs identitaires du même acabit présents tous les jours sur leurs antennes et dans leurs colonnes, auront désormais beaucoup plus de difficulté à venir nous faire la morale et nous expliquer qu’ils luttent de toutes leurs forces contre les discriminations et les stigmatisations. C’est à ces médias de tirer les enseignements de leurs erreurs en la matière ces dernières années, en donnant la parole, par exemple, à tous ceux qui combattent contre ces dérives identitaires, celles dont on a eu, cette fois, sous les yeux, une éclatante preuve de ce qu’elles peuvent produire.

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