Rencontre avec l’intelligence émotionnelle

Gaelle Mouraret
Publicis Sapient France

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Sujet passionnant et vaste que l’intelligence émotionnelle. Je n’aurais pas la prétention de tout résumer dans cet article. Non, non, non. J’aimerais juste qu’à la fin de cette lecture, vous ayez envie de creuser le sujet. Ou, a minima, que vous vous posiez des questions et que vous lanciez le sujet à votre prochaine soirée !

Commençons par une petite définition pour que nous soyons alignés sur ce qu’on appelle l’intelligence émotionnelle.

Intelligence (n.f.) : L’intelligence est l’ensemble des processus retrouvés dans des systèmes plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent de comprendre, d’apprendre ou de s’adapter à des situations nouvelles. (1)

Émotion (n.f.) : Réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement. (2)

« L’Intelligence Émotionnelle, IE, est la capacité d’identifier, comprendre et maîtriser ses propres émotions et à composer avec les émotions des autres personnes ». Ce concept a été proposé en 1990 et popularisé en 1995 par Daniel Goleman (Auteur de l’intelligence émotionnelle, l’intégrale).

Vous commencez à entrevoir ce dont je vais vous parler ensuite ?

Décomposons maintenant un petit peu les grandes émotions. Je vous vois chercher dans votre tête quelles pourraient être ces fameuses émotions principales ? Allez-vous trouver les 7 ?

Je vous aide : La colère, l’amour, la joie, la surprise, la tristesse, le dégoût, la peur. Et si vous n’avez jamais eu l’occasion de voir “Vice et Versa” des studios PIXAR, je vous y encourage (même si toutes les émotions n’y figurent pas).

Alors, est-ce que c’est la même “Intelligence” dont on parle tout le temps ? Et bien non, ce mot est galvaudé, surtout dans l’univers scolaire. Cette « Intelligence », est une intelligence rationnelle. Elle nous permet d’acquérir des diplômes et des compétences.

Alors que l’intelligence émotionnelle, elle, permet d’évoluer plus facilement dans son environnement (personnel ou professionnel).

Je profite de cette comparaison pour préciser que ce n’est pas parce que vous ne comprenez rien en maths que vous n’êtes pas intelligent (contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire à l’école par exemple).

La maîtrise de ses émotions (par le biais de l’IE) aide à faire des choix décisifs et à saisir des opportunités de façon plus objective. Ce qui n’est pas rien !

Vous connaissez surement ces expressions : « L’amour rend aveugle », « Médusé par la peur », … Elles illustrent parfaitement que certaines émotions nous empêchent d’être objectif ou de faire les meilleurs choix. Souvent parce qu’elles sont mal contrôlées, voire pas du tout.

Maintenant, il s’agit de savoir quand utiliser cette Intelligence Émotionnelle. Vous ne serez pas surpris si je vous annonce que l’utilisation est constante. Pourquoi ? Parce que plusieurs centaines d’émotions sont traitées par nos soins quotidiennement. Souvent, c’est comme respirer, on ne s’en rend pas compte.

L’Intelligence Émotionnelle est une aide précieuse pour gérer, au mieux, les grosses émotions qui nous traversent. Elle permet de prendre du recul sur une situation et agir au plus juste. Elle aide à se mettre à la place des autres et mieux les comprendre (ou au moins essayer). Particulièrement utile lors de conflits ou lors de dialogues rompus. Et même (et c’est ma préférée) avoir de meilleures relations avec les autres et surtout avec soi-même !

Maintenant que vous savez ça, il ne faut pas partir dans tous les sens. Il existe plusieurs formes à cette intelligence émotionnelle.

Selon Daniel GOLEMAN, on peut les catégoriser sous forme de « compétences émotionnelles » répertoriées en thèmes. Prenez une grande inspiration, y’en a pas mal :

CONSCIENCE DE SOI
Conscience émotionnelle
Auto-évaluation précise
Confiance en soi

MAÎTRISE DE SOI
Contrôle de soi
Fiabilité
Conscience professionnelle
Adaptabilité
Innovation

MOTIVATION
Exigence de la perfection
Engagement
Initiative
Optimisme

EMPATHIE
Compréhension des autres
Passion du service
Enrichissement des autres
Exploitation de la diversité
Sensibilité politique

APTITUDES SOCIALES
Influence
Communication
Sens de la méditation
Leadership
Gestion des changements
Construction des liens
Sens de la collaboration
Capacité de mobiliser une équipe

Ce n’est pas une grille de bingo, il n’est pas nécessaire de maîtriser toutes ces compétences. Certaines vous sembleront innées d’autres moins. Prenez connaissance de cette grille. Notez celles où vous vous reconnaissez le plus. Cela pourra vous servir pour travailler sur votre IE : améliorer celles où vous vous reconnaissez déjà et acquérir de nouvelles.

Ces compétences ne sont pas figées, elles peuvent être enrichies au gré de nos expériences de vie. Quel genre d’expériences de vie ?

Rappelez-vous, je vous dis qu’on utilise l’IE tout au long de sa journée. On peut donc acquérir/enrichir ces dites compétences dans son cadre familial, professionnel, dans l’éducation qu’on donne ou qu’on reçoit, au café du coin, finalement dans n’importe quelle interaction avec une autre personne.

Est-ce qu’une petite auto-évaluation vous tenterai ? Le résultat vous permettra d’avoir un point de départ pour vos futures améliorations. Pas de panique, contrairement à ce qu’on appelle QI (Quotient Intellectuel), le QE (Quotient Émotionnel) est lui extrêmement malléable. Mais attention, comme tout apprentissage, cela prend du temps et aussi de l’humilité.

Par une pratique répétée, vous allez bâtir de nouveaux fonctionnements cognitifs (3) pour créer de nouveaux automatismes. C’est le même principe que d’ancrer une nouvelle habitude. Le tout, c’est de ne pas lâcher en cours de route.

Voici un questionnaire pour jauger (un peu) votre niveau d’intelligence émotionnelle ? C’est le moment “Quizz de magazine” de l’article. Répondez simplement par oui ou par non.

  • Est-ce que je stresse facilement ?
  • Est-ce que j’ai des accès de violence (ou de colère) ?
  • Est-ce que mon vocabulaire émotionnel est limité ? (c’est à dire comment je nomme/qualifie une émotion)
  • Est-ce que je connais mes points sensibles ?
  • C’est de toute façon toujours la faute des autres…
  • Est-ce que je porte des jugements rapides que je défends fortement ?
  • Est-ce je me sens souvent incompris ?
  • Je ne montre jamais mes émotions

Une majorité de oui ? Vous manquez peut-être d’entraînement sur ces compétences émotionnelles. Pourquoi ? Certaines de ces questions montrent l’incapacité à gérer ses émotions, voire à les reconnaître. Elles mettent potentiellement en avant un manque de confiance en soi, une mauvaise reconnaissance de vos émotions, une incapacité à gérer vos frustrations, …

Malheureusement, il n’y a pas de « Quick Win ». C’est l’intelligence dont vous êtes le héros, parce que c’est VOUS qui avez le pouvoir pour vous améliorer. Comme chacun d’entre nous.

Il faut comprendre que c’est un travail d’abord personnel, qui vient de soi. Il n’est pas impossible de déterrer de vieux sujets dont les émotions ont été mal digérées (voire juste oubliées sur une étagère mentale) qui en font des sujets déclencheurs ou tabous.

Il va donc y avoir des étapes difficiles, mais pas impossibles à surmonter. Ne vous trompez pas non plus sur l’émotion à décoder car une émotion pourrait en cacher une autre. Si vous avez un doute, pensez à un exercice comme les “5 pourquoi”. Cela aidera à arriver à la racine de votre émotion réelle.

Il est important, si ce travail est trop difficile seul(e), de se faire accompagner/aider : proches de confiance, thérapeute, …

Afin de faire évoluer son IE, il est nécessaire de reconnaître ses émotions. De cette façon, il est plus simple d’y faire face. Affronter ses émotions va aider à les comprendre pour les prendre en charge correctement et ne pas accumuler de dette émotionnelle.

Il est essentiel de comprendre et d’intégrer qu’on est seul(e) maître à bord et seul(e) responsable de sa « météo intérieure ». Il faut donc faire attention à soi et s’écouter.

Avez-vous remarqué que les émotions ne sont pas forcément traduites par des mots ? Que le ton d’une voix, la gestuelle, l’expression du langage va avoir un impact tout aussi important que les mots ?

D’ailleurs, plus votre vocabulaire émotionnel sera vaste, plus vous serez précis sur l’identification de votre émotion et la façon de la traiter.

Par exemple, savoir exprimer le degré de joie donne de l’amplitude à l’expression de votre ressenti : « Je suis content(e), je suis extatique, je suis joie, je suis refait(e), Je suis tellement content(e), … ». Vous voyez le degré d’intensité changer ? Chercher à trouver de nouvelles façons d’exprimer vos émotions. Cela donne aussi des indices à vos interlocuteurs sur la force de cette dernière.

Je vous propose un petit exercice pour vous permettre de reconnaître vos émotions :

Observation de vos émotions et de vos sentiments :

  • À l’aide d’un cahier, que vous aurez toujours avec vous, notez comment vous vous sentez quand une émotion/sentiment apparaît. Pas de jugements ni d’analyses, juste la description précise du moment. Un exemple : La colère monte en vous, vous remarquez que vous vous raidissez, serrez les dents (notez dans votre cahier : Lundi : colère à 11h27. Je serre les dents, je me raidis. Déclencheur ?).
  • Faites cette retranscription sur cahier pendant 1 semaine.
  • À l’aide de feutres de couleur, identifiez les émotions. Faites une légende de vos couleurs à côté. Restez simple : colère en rouge, heureux en bleu, amoureux en vert, … Essayez de voir celles qui reviennent le plus souvent. Positif ? Négatif ? Déclencheur ?

NB : Faites bien attention aux sensations corporelles. Elles sont révélatrices de votre état. Vous pouvez mettre la même couleur que l’émotion à laquelle vous la liez.

BRAVO ! Vous commencez à identifier vos propres émotions, peut-être même ce qui les déclenche. Vous voyez sur une semaine si vos tendances émotionnelles sont plutôt positives ou négatives. Vous avez maintenant des faits. La prochaine étape sera d’analyser ces émotions. Ce qui les déclenche, le Pourquoi. Cela vous permettra ensuite d’essayer de choisir comment vous allez y réagir pour qu’elles ne stagnent pas en vous (pour les émotions négatives) et qu’elles ne s’accumulent pas. Affaire à suivre dans un prochain article, pourquoi pas lié à la dette émotionnelle.

TAKE AWAY

  • L’IE c’est l’intelligence qui nous fait vivre avec l’autre et soi-même
  • Accueillir et maîtriser ses émotions pour vivre mieux et faire les meilleurs choix dans sa vie
  • L’IE est malléable, et donc par la pratique et la connaissance de soi peut s’améliorer jour après jour
  • Commencer par regarder vos émotions en face pour commencer à avancer et s’améliorer
  • Maîtriser ses émotions, ce n’est pas retenir ses émotions. C’est la reconnaître, la voir arriver et la traiter comme on a décidé.

Mes sources / inspirations

(1) — Source Wikipédia

(2) — Source Larousse

(3) — Fonctionnement Cognitif : Ce sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent d’être en interaction avec notre environnement : elles permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances, raisonner, s’adapter et interagir avec les autres.

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