Etude: les journalistes sont-ils, comme le disent certains, de connivence avec les politiques?

Le monde vu d’en bas
Putod Claire
Published in
21 min readNov 21, 2015

Depuis les années 1930 , les progrès ne cessent de s’accroître dans le milieu médiatique. La télévision, la radio, les journaux, internet… Tous sont des moyens de transmettre les informations dans le monde entier. Des pigeons voyageurs, aux smartphones, le but est resté inchangé : communiquer. Les
journalistes sont la base de tout ce système, reposant sur une déontologie , des valeurs , et des principes fondamentaux .
Cependant, si les rôles sont transgressés, c’est toute l’instance médiatique qui perd ses notions d’objectivité, de pluralisme, et d’indépendance.
Les médias français se sont toujours proclamés « contre-pouvoir » . Mais comment continuer d’ycroire quand la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévisionappartient à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir, tels que les groupes Bouygues et
Lagardere ?
En 1932, Paul Nizan a publié « Les chiens de garde ». Cette œuvre s’adressait aux philosophes et écrivains de son époque qui prônaient la neutralité intellectuelle, alors qu’ils défendaient l’ordre établi.Actuellement, Serge Halimi reprend cette même idée « Les nouveaux chiens de garde » en l’associant aux journalistes éditorialistes , et experts médiatiques de notre époque. Il dresse le portrait d’instances médiatiques, oublieuses de leurs valeurs fondamentales, en connivence avec le pouvoir. L’information
se dit alors « pervertie en marchandise » .
Le traitement de l’information varie selon les grands médias de masse. Ils influent sur l’opinion publique , et font aller la société dans le sens qui leur est bénéfique. Mais les médias se proclament toujours « contre-pouvoir » . Comment encore y croire, lorsqu’on voit le PDG du magazine Marianne,
(dans le film « Hollande, DSK, etc » de Pierre Carles), affirmer très clairement qu’ils ont pris position pour Hollande, lors de la médiatisation de la campagne électorale de 2012 ?
« réconforter ceux qui vivent dans l’affliction et affliger ceux qui vivent dans le confort » , disait une formule américaine. Est-ce toujours le cas ? Les médias ne manipuleraient-ils pas l’opinion publique, pour leur plus grand bénéfice ?
Pierre Bourdieu démontre noir sur blanc dans son livre « Sur la télévision — L’emprise du journalisme » , qu’on assiste à une « amnésie journalistique » très répandue. Insinuerait-il que les médias oublient bien vite ce qui les arrange ? Est-il possible de continuer à jouer son rôle d’informateur quand on « oublie» certaines informations ? Et qu’elles sont ces genres d’informations passées à la trappe ?
Nous allons nous poser les bonnes questions, afin de pouvoir définir de manière claire et concise, si cette connivence entre pouvoir et journalistes est répandue à l’ensemble des instances médiatiques. Il est important de redéfinir très clairement le rôle du journaliste .
Sont-ils, comme le disent Halimi, Bourdieu, et Carles , de connivence avec les politiques?
Pouvons nous encore faire confiance, aujourd’hui, à tous les médias ? Les journalistes corrompus sontils majoritaires , où assistons-nous à une minorité omniprésente dans les médias de masse ?
Objectivité, Indépendance, Pluralisme … Où en sommes nous du coté des médias ?
Métier : le journalisme
« Est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources. » Loi Brachard de 1935.
Un journaliste est le représentant d’une instance de production. Il peut avoir plusieurs statuts ( envoyé spécial, présentateur, rédacteur..) . Il a la responsabilité de l’information et doit faire face à trois difficultés majeures :
• La collecte d’informations : il doit trouver un accès à l’information, et en vérifier sa véracité
• Difficulté d’espace : il ne peut pas couvrir ce qu’il se passe dans le monde entier
• Difficulté de temps : chacun veut être le 1er à diffuser l’information, mais il est tenu d’en vérifier sa véracité d’abord.

http://urlz.fr/2ItD

Déontologie du métier de journalisme

La Charte de Munich est une déclaration des droits et des devoirs du journaliste, signée le 24 Novembre 1971 à Munich. Elle reprend les principes de la Charte des devoirs professionnels des journalistes français écrite en 1918 , et revue en 1938. Elle se compose de dix devoirs , et de cinq droits.
Ainsi, les journalistes sont tenus de respecter les lois qui régissent leur métier. Malgré les difficultés, et les nombreuses règles qui leurs sont imposés, ils se doivent d’être au service du peuple français avant toute chose. Leur métier est avant tout un outil d’informations. Ils sont le lien entre l’instance de production et les citoyens .

Rôles
Le journaliste fait partie d’un organe médiatique. Il est au service du citoyen , et se doit de remplir ses rôles de :
– Médiateur : entre les événements du monde et la mise en scène publique
– Révélateur : révèle les infos publiques pour le public. Il est l’adversaire du pouvoir, mais l’allié du public .
– Interprète des événements : il met l’accent sur les causes et les conséquences. Il interprète l’actualité , la rend compréhensible.
– Éducateur de l’opinion publique : rend les informations accessibles à un large public.
Ces rôles représentent les fondements mêmes du métier de journaliste. Officiellement, ils ne peuvent être corrompus. Étant l’allié du citoyen, ils ne peuvent pas se rallier aux pouvoirs politiques, économiques, juridiques…etc. Il fait partie de leur fonction, de rester objectif, et de ne pas se faire
guider par d’autres directions que celles de leur instance de production.

Nous qui lisons les journaux , regardons la télé, écoutons la radio, surfons sur le net .
Nous qui voulons toujours être au courant de tout ce qu’il se passe , par le biais des réseaux sociaux, des émissions en direct, des flash infos .
Qu’attendons nous des médias ? Lorsque nous voulons connaître le monde, se tenir informé , prendre connaissance des hommes politiques, de ceux qui nous gouvernent, et de ce qui nous entoure ?
La réponse est toute simple : en tant que citoyens européens, dans un pays démocratiques , nous sommes pour la liberté de la presse, la liberté d’expression. Nous sommes contre la propagande, la diffamation, et la corruption.
Nous formons nos opinions par le biais des médias .
Nous nous informons par le biais des médias .
Nous nous positionnons dans une société par le biais des médias.
Ainsi, les citoyens ont confiance en ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, et ce qu’ils lisent.
Ce que nous attendons des instances médiatiques, c’est de pouvoir leur faire confiance . Et ainsi avoir confiance en la conceptualisation du monde que l’on perçoit.
Nous voulons des informations vraies, crédibles, vérifiées, et honnêtes.
Nous attendons des médias qu’ils jouent leur rôle de « contre-pouvoir » .

http://urlz.fr/2ItF

Le quatrième pouvoir
L’expression quatrième pouvoir désigne la presse et les médias. L’ampleur de ce terme montre bien à quel point les journalistes jouent un rôle déterminant dans la société. Il servent de « contrepouvoir » face aux trois autres incarnant l’État , qui sont : le pouvoir judiciaire, législatif, et exécutif.
Les médias seraient donc ceux qui dirigent et orientent l’opinion publique.
Cependant, le pouvoir médiatique ne représente pas un pouvoir au même titre que les autres. Il ne génère aucune puissance, ni aucune autorité qui demande obéissance. Les journalistes se reconnaissent d’avantage par le terme de « groupe de pression ».
C’est alors que l’on remarque la réticence des médias à accepter le terme de « pouvoir », lorsqu’ils se prônent « contre-pouvoir ». Bien qu’un pouvoir soit toujours le contre d’un autre, il reste difficile d’en assumer les conséquences ouvertement , cela approuverait trop explicitement le rôle qu’ils jouent dans notre société.
Les pouvoirs démocratiques sont bien conscients de l’importance de ce « groupe de pression ».
C’est ainsi qu’en cherchant à le contrôler, ils en sont arrivés à tant de dérives que les conséquences seraient néfastes pour la démocratie. Les pouvoirs démocratiques ne sont pas faits pour se lier d’amitié .
En situation de crise économique telle que nous la percevons actuellement, il est plus facile pour des hommes politiques d’avoir la main-mise sur les instances médiatiques.

Un schéma simple :
→ Les médias influencent l’opinion publique
→ Les politiques veulent conquérir la majorité de l’opinion publique
→ Donc les politiques doivent d’abord contrôler les médias
On en arrive donc à une conclusion aberrante
→ Si les politiques contrôlent les médias, ils ont également la main mise sur l’opinion publique .
Mais l’opinion publique ne doit-elle pas justement juger de l’intérêt des politiques ? Comment est-ce possible si l’information transmise est contrôlée par ces personnes ? L’information serait subjective , dénuée de toute crédibilité ? L’opinion se formerait-elle selon le bonne volonté des
politiques ?
Si tel est le cas, nous assistons alors à une crise médiatique . Oui , dans le sens où les dérives vont jusqu’à en oublier l’objectivité qui fait de notre pays une démocratie libre de choisir honnêtement son opinion, par le biais d’instance médiatique objective, crédible, et indépendante.
Au delà des valeurs fondamentales
• Pierre Bourdieu :
« Le petit livre rouge sur la télévision et le journalisme » : ici, Bourdieu fait référence à l’emprise des journalistes sur la société , à partir du très puissant facteur qu’est la télévision.
Précarité accrue du métier de journaliste, autocensure, médium aseptisé et dépolitisé, tels sont ses mots. Les discours clés de la télé sont le culte des faits divers et des idées reçues, élevé au rang d’idéologie officielle.
« Les faits divers ce sont aussi des faits qui font diversion » dit-il . Il relève les soucis actuels du journaliste, qui reflètent une société de consommation, en pleine crise économique. Il relève la tension au sein du journalisme entre « pur » et « commercial » , l ‘effet d’homogénéisation lié à la concurrence, et l’emprise du journalisme sur les autres champs.

http://urlz.fr/2ItA

TF1 , dont Bouygues en fait son prestige , est comparé à l’une des chaînes la moins respectueuse des valeurs du journalisme en terme d’indépendance, de pluralité, et d’objectivité. Sous l’influence de Lagardere directeur de le chaîne, membre du groupe Bouygues, et grand ami de Nicolas Sarkozy, comment être sûr qu’elle fasse preuve d’une impartialité absolue ?
L’économie s’empare même du pouvoir d’information. La télévision en est son allié le plus proche . Comment lutter quand on sait que plus de 85% des français regardent la télé au moins une fois
par jour ? (TF1)

• Pierre Carles :
Après visionnage de son film « Hollande, DSK, etc » Pierre Carles fait resurgir le problème du traitement de l’information politique lors des campagnes électorales. Par de nombreuses interviews des dirigeants des grands journaux , chaînes de télé, et radio, il démontre que l’objectivité n’est plus une valeur que l’on trouve chez tous les journalistes. Les médias défendent
leur objectivité par des subtilités linguistiques qui nous auraient échappé : mais leur rôle n’est-il pas de se faire comprendre à un large public ? Pourquoi tant de subtilité si personne ne la comprend ? Se cacheraient-ils derrière des outils linguistiques, qu’ils seraient les seuls à manier et interpréter de la « bonne manière » ?

http://urlz.fr/2Itz

Un exemple tout simple de cette mauvaise foi : Un article dans « Libération » intitulé « Aubry peut-elle le battre ? » datant des éléctions législatives de 2012 . Selon la directrice de photographie , le point d’interrogation serait très important, et serait la preuve d’une objectivité parfaite « Nous ne prenons parti pour aucun des deux, en aucun cas nous n’insinuons qu’Hollande sera gagnant » Toute la subtilité du titre se joue dans le point d’interrogation, signe
d’impartialité absolue. On voit aussi une photo, avec sur le devant Hollande en gros plan , faisant la bise à Aubry , lui cachant ainsi le visage . On ne la voit donc pas , on la devine. Toujours selon la directrice de photographie, cette photo ne voudrait rien dire , le fait qu’Hollande la cache (signe de domination pourtant) ne signifierait rien . La seule explication qu’elle nous donne
« Nous n’avions que cette photo du meeting, le photographe n’a pas pu être placé différemment ,n’y voyez aucune signification » .
Voir de la subtilité ou il n’y en a pas, et la nier quand il y en a . Serait-ce nier la subjectivité elle même ?

• Serge Halimi :
Depuis l’œuvre de Paul Nizan, le film et le livre « Les nouveaux chiens de garde » sont maintenant d’actualité. Accusateur d’une société de l’information corrompue par les pouvoirs politiques, Serge Halimi dénonce des liens intimes trop présents, entre des personnes qui ne devraient pas avoir à se côtoyer en dehors des circonstances médiatiques. Il dénonce de nombreuses citations, preuves du nouveau journalisme de connivence . « Nous sommes là pour donner une image lisse du monde » , disait Patrick Poivre-d’Arvor . Julien Benda, en 1927 résumait très bien la situation : « volonté, chez l’écrivain pratique, de plaire à la bourgeoisie, laquelle fait les renommées et dispense les honneurs » .

http://urlz.fr/2Ity

En interviewant un salariés de tf1 , Halimi arrive à lui faire cracher le morceau : « Les journalistes politiques souhaitent se mettre en valeur aux yeux des hommes de pouvoir, avoir des rapports d’amitié avec eux sous prétexte d’obtenir des informations. Mais cela les rend courtisans, ils ne font plus leur métier. Ils approchent le pouvoir et en sont contents parce qu’ils
se sentent importants. Quand le ministre fend la foule et vient leur serrer la main, ça leur fait vraiment plaisir. Ils vont aussi en tirer de menus avantages : les PV qui sautent, une place en crèche pour les enfants, des appartements pas chers grâce à la ville de Paris… »
Difficile, quand on lit son livre, de continuer de croire en une objectivité parfaite dans le journalisme actuelle . Exemple concret d’une connivence : Rachida Dati
Rachida Dati est une femme politique française. Elle fut porte parole de Nicolas Sarkozy, ministre de la justice, garde des Sceaux (Fillon) , maire du 7e arrondissement, et députée européenne.
Son rôle dans la société va sans dire, elle est très importante dans la politique française. Faisant partie du gouvernement , elle a longtemps été très médiatisée .
Dans cette vidéo publiée sur Dailymotion et Youtube, on la voit sur un plateau de télévision , avec une journaliste, pour France 3. L’émission a déjà commencé et marque une pause , mais la caméra tourne encore, sans qu’elles le sachent . On peut les voir discuter de la justice, dont Rachida Dati fait
partie. Elles ont l’air de se connaître depuis longtemps.

La journaliste en question était , avant d’être sur France 24, journaliste pour France 3 .
Un journaliste , et un homme politique, ont-ils le droit de se mettre d’accord de cette manière, sur ce qu’ils diront ou non ? Est-il juste que les journalistes protègent les politiques de cette façon ? Sont-ils toujours les informateurs du peuple ? Ont-ils le droit de nous cacher des choses, d’éviter des sujets, ,
pour servir le bénéfice des pouvoirs politiques ?
Contre-pouvoir, loin de l’ORTF et de toute censure . Mais est-ce vraiment le cas ?
Dans cette vidéo, on voit très clairement le « chien de garde » de Rachida Dati . Un journaliste est censé avoir des distances avec le pouvoir politique. Car il doit pouvoir le critiquer, l’observer, et rendre des compte de maniere totalement objective .
Comment cette journaliste peut-elle l’être , alors qu’elle semble être très proche de Mme Dati ? Cette situation n’est pas normale . C’est la représentation même d’une situation de connivence.

Conséquences et gravité du phénomène
Le fondateur du Monde , Hubert Beuve-Méry nous disait il y a déjà un moment que « Le journalisme, c’est le contact et la distance » . Une conséquence au phénomène actuel ? Il ne reste que le contact .
Dans cette vidéo, on peut clairement voir que l’alliance qui les unit passe avant les intérêts du peuple.
La journaliste est prête , sans remords, à suivre les indications de Rachida Dati, à faire passer des sujets à la trappe .
Respecter la vérité , qu’elles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même , et ce en raison du droit que le public a de connaître la vérité .
Refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.
Voilà des droits et des devoirs que cette journaliste ne respecte pas . Mais elle n’est pas la seule .
La gravité du phénomène vient du fait que les médias jouent le lien entre une société et son gouvernement. Nous sommes censés avoir une confiance absolue en l’information qui nous est transmise. C’est eux qui nous informe, nous influence dans nos points de vue, nous font remarquer des événements qui nous échappent. Ils représentent véritablement un pouvoir sur le peuple qu’ils informent.
A partir du moment ou les intérêts des politiques, passent avant ceux d’une société, c’est ceux qui nous dirigent , qui nous informent. Si le journaliste accepte de répondre aux exigences des politiques, il trahit son devoir d’objectivité, et rompt le lien qui l’unit au peuple. Il ne répond plus à nos attentes, mais nous manipule pour servir les intérêts de ses dictateurs.

Nicolas Sarkozy et les médias
La relation qu’aura entretenue Nicolas Sarkozy avec ses médias, restera l’une des clés de l’analyse de sa présidence .
Jean-Marie Colombani soulignait ainsi : « la qualité de la relation que Nicolas Sarkozy entretient avec Martin Bouygues, Arnaud Lagardère ou Serge Dassault est la marque d’une puissance potentielle dans les médias qui appelle une vigilance de tous les instants. »
Durant tout son quinquennat, on n’a cessé de voir le président partout dans les médias . Mais tout commence le soir de son élection à l’Élysée . On le retrouve un peu plus tard, dans le grand restaurant au Fouquet’s . Avec qui fête-t-il sa victoire ?
– Bernard Arnault : propriétaire de Les Échos , ancien propriétaire de La Tribune
– Martin Bouygues : gestionnaire et activiste du groupe TF1 et LCI
– Serge Dassault : président de la Soc presse, groupe publiant Le Figaro
– Alain Minc : président du conseil de surveillance du journal Le Monde
– François Pinault : propriétaire de Le Point
– Albert frere : actionnaire de M6
– etc …
Son gouvernement se compose de deux ministres mariés à des journalistes de la télévision publique , il nomme Georges Marc Benamou ( éditorialiste a Nice-Matin) comme conseiller pour la culture et l’audiovisuel , Catherine Pégard ( Le Point) à l’Élysée, et Myriam Levy ( qui a suivi la campagne de
Ségolene Royal au Figaro) à Matignon.
Laurent Solly, qui était un conseiller très proche du président , prend la direction de TF1.
Les journalistes sont ici la proie et les acteurs de rapports de force politiques. Les connivences personnelles reposent sur des connivences structurelles . Elles dépendent de convergence d’intérêts .
Quelle efficacité à ces interventions et cette pression entre le courant de la droite au pouvoir, et le capital qui détient les entreprises médiatiques ?

Extrait du journal : Paris Match « Lagardere le répète, Sarko c’est son frère , on y touche pas »

http://urlz.fr/2Itr

Nicolas Sarkozy déclare , sur France Inter, le 18 Avril 2007 :
« le problème (…) de la presse aujourd’hui, ce n’est absolument pas un problème de concentration, c’est un problème de sous-capitalisation. (…)il n’y a pas assez de capitaux pour développer les grands journaux,
ils font des tirages trop petits . Notre industrie des médias a besoin d’avoir des groupes solides qui la structurent et la renforcent. C’est pourquoi l’équilibre doit viser en permanence à conforter le développement des groupes français, tout en préservant le pluralisme et l’indépendance du secteur »
Mais comment est-il possible de préserver le pluralisme en laissant le secteur des médias sous l’emprise des concentrations financiarisées ?
Alain Lancelot, lui, considère en 2005 dans un rapport sur « les problèmes de concentrations dans le domaine des médias » , que la presse « n’est pas un fournisseur d’information, ce sont des supports de publicité ! Elle ne vit que comme support de publicité » .
Patrick le Lay le confirme : « TF1, expliquait-il, a pour fonction de vendre à Coca Cola du temps de cerveau humain disponible » .
Nicolas Sarkozy est le porte parole des intérêts des médias, et ils sont le relais de ses projets. Cette connivence a vu le jour grâce au bon vouloir de chacun, a y trouver des intérêts personnelles, qu’ils soient légitimes ou non . Le capitalisme s’empare de secteurs , par le biais des politiques, afin de
toujours plus s’accroître . Malheureusement au dépend d’une démocratie qui prônait des valeurs d’objectivité, d’indépendance, et de pluralisme .
Fin des années 2000 : la capitalisation cumulée en bourse de TF 1 , canal + , et M6 était supérieure à celle des groupes automobiles français.

Sans commentaires.

Voici quelques exemples de groupes activistes sur internet, qui continue d’exercer une information indépendante et objective . Voici des groupes de personnes qui se battent pour que l’information reste une donnée libre pour les citoyens , sans pression politique , ni revenus publicitaires.
Ces personnes exercent leur métier en respectant les devoirs et les droits du journalisme, ou se battent pour qu’ils le soient.
Acrimed
Actions critique médias est une association réunissant des journalistes et salarié des médias, des chercheurs , des acteurs du mouvement social, et des usagers des médias. Elle met en place en place une critique indépendante, intransigeante et radicale. La constitution de leur association s’est crée en 1996.
C’est une association qui se trouve sur internet seulement, sur le site http://www.acrimed.org.
En ce qui concerne les politiques et les journalistes, elle dénonce des pressions exercées par les politiques et les économistes, tout en expliquant ce qui les rend possibles et efficaces.
Elle critique les formes d’appropriation des médias , des logiques économiques et sociales qui les gouvernent, et la marchandisation de l’information et de la culture qui en découle.
Elle défend le pluralisme, l’objectivité, et l’indépendance . Elle n’entend pas se laisser impressionner par « les pouvoirs » , et ne concède pas taire leur noms non plus . Elle est entièrement financée par des cotisations, et des dons des lecteurs. Aucune publicité .

Montpellier journal
Un petit trésor d’indépendance prés de chez nous, se reconnaît sous le nom de Montpellier Journal. C’est un site internet proposant des informations sur Montpellier et sa région. Ils sont indépendants car ils ne diffusent ni publicité ni d’annonces légales.
Ses revenus viennent des abonnements et des dons des lecteurs , c’est tout .
Leur devise : « Le marchand de sable est passé, nous on garde un œil éveillé » (Noir désir)
Ils se prônent rigoureux et honnêtes, invoquant un véritable travail journalistique. Ils ne veulent pas subir de pression quelconque, et veulent rester indépendants pour que l’information le soit elle aussi.

Fakir presse
Ce journal est entièrement rédigé et illustré par des bénévoles.
Il met en avant sa liberté totale d’expression,et est financé par les abonnements. Il n’y figure aucune publicité.
Il se situe comme un média de reportage et d’enquêtes sociales, allant toujours chercher plus loin dans les archives.
Ils publient des bimestrielles, et ont un site internet avec tous les articles existants, et vidéos.
C’est l’indépendance économique qui permet à ce journal sa liberté de ton, ils sont totalement indépendants , et loin d’être amnésiques quant à l’information .
Pour en finir
Dassault, Lagardere, Rothschild sont les propriétaires de trois des principaux quotidiens nationaux français. Un syndicaliste américain a observé dans son pays , en parlant des journalistes « Il y a ving ans , ils déjeunaient avec nous dans des cafés, aujourd’hui ils dînent avec des industriels »
( Les nouveaux chiens de garde p145) .
Les journalistes sont entourés de gens qui passent leur temps à décider . Ainsi, ils ne vivent que dans une société de cour et d’argent , et se transforment en machine « à propagande de marché » . Les lecteurs s’appauvrissent. Leurs crédibilité, pluralisme, objectivité et indépendance disparaissent .
Cette situation n’est que le reflet de tout un système que l’on a laissé se mettre en place , d’années en années .
Une société de consommation, ou même l’information se consomme en moins de temps qu’il en faut pour regarder un journal télévisé.
Comme le dit Halimi, « la lucidité est une forme de résistance » . Nous devons prendre conscience de ce risque , et ne pas se contenter d’une seule information . Il faut apprendre à lire, écouter , et voir les informations, savoir se faire sa propre opinion sur un événement , et prendre du recul par rapport à tout ce qui nous est transmis.
Le monde de connivence ne concerne pas tous les journalistes , mais il faut cependant se méfier de tout ce qui est médiatisé. Informer une société de ce risque, c’est aussi résister .
Un des grands soucis actuels est de savoir comment survivre, quand on est une instance médiatique, sans faire appel à des fonds publicitaires, ou à des actionnaires ?
On assiste ainsi à une indépendance du journalisme.
On peut dire que oui, certains journalistes sont de connivences avec les politiques. Ceux là se reconnaissent principalement dans les grands médias de masse. Ils connaissent des pressions économiques , et politiques, en partie liées à une concurrence entre groupes, tel que Bouygues par exemple.
Mais il ne faut pas être défaitiste. Aujourd’hui, on assiste à de nombreuses évolutions dans le journalisme , notamment par le biais de journaux indépendants, se détachant complètement des intérêts économiques et politiques .
Ils remplissent ainsi les critères de pluralisme, d’objectivité, et d’indépendance, essentiels au juste fonctionnement d’une instance médiatique.
Combien de temps accepterons nous d’être ensevelis par des « informations marchandises » ? Par des publicités ?
Les médias de masse retrouveront-ils un jour une indépendance politique ?
Les journalistes se détacheront-ils un jour des intérêts économiques de leur instance médiatique ? Du moins, est-ce seulement possible?

Extraits « Les nouveaux chiens de garde » Serge Halimi :
« Accès de franchise ? Le journaliste de télévision le plus influent de France,
Patrick Poivre d’Arvor, a avoué un jour le sens de sa mission : « Nous sommes là pour donner une image lisse du monde. » Lisse, mais surtout conforme aux intérêts d’une classe sociale. Dénonçant la « trahison des clercs » en 1927, Julien Benda soulignait déjà la « volonté, chez l’écrivain pratique, de plaire à la bourgeoisie, laquelle fait les renommées et dispense les honneurs ». Bien des années et quelques guerres ont passé.
Pourtant, on chancelle encore devant l’abondance des preuves d’une telle prévenance. En particulier quand on a compris qu’au mot de « bourgeoisie », jugé trop archaïque, il suffit de substituer celui de « décideurs ». Ce « cœur de cible » des responsables de publication et des annonceurs qui ne masquent plus leur fonction d’appariteurs de l’ordre. »
« Le capitalisme a ses charités, ses philanthropes dont la mission est d’enjoliver un système peu amène envers ceux qu’il ne comble pas de ses bienfaits. La presse trône au premier plan de ces campagnes de blanchiment. Ainsi, Davos, autrefois conclave des « global leaders » soucieux de « créer de la valeur » pour leurs actionnaires, serait presque devenu un lieu de virée pour patrons copains et citoyens. Les uns impatients de méditer sur la démocratie européenne sous la houlette de Christine Ockrent; les autres faisant à Sharon Stone l’obole de quelques moustiquaires pour éradiquer le paludisme en Afrique. Les médias adorent relayer ces grandes causes […] »

Extrait de la conférence du Dr Loum Ndiaga : Médias et démocratie, le
quatrieme pouvoir en question

« Les rapports entre le quatrième pouvoir et le pouvoir politique: Les dérives
Là également les positions restent partagées. Là où certains mettent l’accent sur les dangers de l’emprise du journalisme, d’autres manifestent plus la crainte d’une soumission des médias au pouvoir politique. Mais dans les deux cas, l’objectif est à peu près le même, un retour à une certaine orthodoxie des valeurs démocratiques: la démocratie du peuple, pour le peuple. De
BOURDIEU à WOLTON, en passant par CHOMSKY, Mc CHESNEY, Serge HALIMI, Patrick CHAMPAGNE, Roland CAYROL etc, la préoccupation reste la même, les conséquences néfastes pour la démocratie d’une certaine orientation médiatique. Ainsi WOLTON pose-t-il l’hypothèse d’un renversement des rapports entre médias et hommes politiques au détriment de ces derniers. Les éléments du déséquilibre sont nombreux. Élus, pour un temps relativement court, les hommes politiques disposent d’un faible marge. Les médias, en les forçant à répondre rapidement accélèrent leur relatif discrédit, le public voyant sur la longue durée qu’ils n’ont pas grand-chose à proposer. Ils se trouvent ainsi devant une contradiction: les médias sont nécessaires pour rendre visible leur action en même temps qu’ils dévoilent la faiblesse de leur marge de manœuvre. Prenant le parti du citoyen, WOLTON estime que le décalage entre la rapidité de l’information et la lenteur de l’action crée un malaise parfaitement visible par ce dernier qui tout en souhaitant ne pas être dupe de ses hommes politiques, ne souhaiterait pas le voir fragilisé. La fragilité des hommes politiques et leur faible marge de manœuvre déstabilisent ainsi le citoyen. L’auteur constate que la ribambelle des sondages poursuit l’œuvre de déstabilisation de l’information, les hommes politiques sont ainsi assaillis de baromètres et de cotes de popularité. Et comme les sondages sont continuellement commentés par les médias qui en sont d’ailleurs souvent les commanditaires, les hommes politiques sont sous pression. Une bonne partie de peur emploi de temps étant consacrée aux opérations visant à conjurer le sort des baromètres défavorables. Il estime ainsi que les hommes politiques ont tort d’accepter que les médias et la communication soient des arbitres de leurs relations avec les citoyens. Situés sur un terrain qui n’est pas le leur, les hommes politiques perdent l’altérité qui leur est indispensable. Les hommes politiques, seraient ainsi “ malgré leur fanfaronnade “ les grands perdants de cette mutation. Les journalistes seraient alors les grands bénéficiaires du mouvement actuel selon WOLTON qui les invite ainsi à desserrer l’éteau sur la classe politique, car les armes ne sont plus égales. Ce qui ne signifie pas pour l’auteur une diminution du rôle critique des médias, mais d’admettresimplement la différence radicale. »

--

--

Le monde vu d’en bas
Putod Claire

Vision du monde qui nous entoure. Révéler les valeurs de chacun. Donner à voir les oubliés.