Différents types d’accidents

Répare-moi
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7 min readMar 29, 2017

Le premier concept à définir est celui d’accident car la notion est centrale dans notre travail.

Mais de manière plus précise encore, il faudra certainement différencier certains types d’accidents. L’impact psychologique étant différent en fonction du type d’accident, nous allons donc les séparer durant notre travail. Une victime d’attaque à l’acide aura des séquelles psychologiques différentes d’une victime d’explosions ou brûlures. Car dans le cas de l’attaque à l’acide, la personne est directement visée et cela est encore plus difficile à accepter. La personne se demande ce qu’elle a fait, ce qui lui a valu cette agression. Chaque cas sera étudié et séparé. Même si des caractéristiques seront communes, cela permettra de mieux visualiser et cerner les conséquences sur le niveau psychologique en fonction du type d’accident.

De plus, à conséquence égale, le parcours psychologique est différent en fonction du type d’accident. Les séquelles physiques peuvent être anodines par rapport aux séquelles psychologiques. Il faut donc bien différencier l’impact au niveau physique de l’impact au niveau psychologique.

D’après le Larousse, un accident est un événement fortuit qui a des effets plus ou moins dommageables pour les personnes ou pour les choses. Dans le cas de notre travail, nous nous intéressons aux accidents graves, donc les accidents ont ici des effets fort dommageables sur les personnes. (Dictionnaire de français Larousse, 2016).

Nous séparerons donc les victimes de brûlures, d’attaques à l’acide, d’explosions, d’attentats, d’accidents de voiture et d’accidents domestiques car même s’ils constituent différents types d’accidents graves, la conséquence au niveau psychologique est différente.

Brûlures

Pour Els Vandermeulen, psychologue à la Fondation des brûlés, il y a une vingtaine d’années la problématique des brûlures n’était qu’une affaire médicale (Vandermeulen, 2016). Les difficultés au niveau psychosociales étaient directement traitées par les infirmiers. Faire appel à un psychologue externe était possible dans le cas où le patient n’arrivait pas à accepter ses cicatrices. Mais ce psychologue n’était pas très bien vu car venait s’immiscer dans le rôle privilégié entre le patient et les infirmiers. Mais petit à petit les gens se sont rendus compte de l’importance et de la nécessité de ce soutien psychologique.

L’accident n’était alors plus limité aux conséquences physiques mais fut étendu aux conséquences sur le psychique. Le suivi psychologique fait donc maintenant partie intégrante du processus de guérison. Dès que le grand brûlé est pris en charge, un accompagnement psychologique est prescrit pour la victime comme pour sa famille, son entourage. Après un accident qui laisse des séquelles de brûlures graves sur un patient, les réactions sont souvent celles de la stupéfaction, du désespoir, de la perte de confiance en soi, de l’horreur ou de l’angoisse. Les personnes touchées par ce type d’accident perdent leurs repères, le sentiment de sécurité et l’emprise sur leur vie. Il est donc nécessaire pour l’équipe médicale et psychologique de recréer un environnement apaisant et contrôlable pour la victime. (Vandermeulen, 2016).

Attaque à l’acide

Ce type d’agression consiste à jeter de manière intentionnelle de l’acide sur une personne.

La raison de ces attaques peut être la vengeance, la jalousie, pour régler un conflit, …

Les attaques à l’acide causent de graves blessures, défigurent les victimes de manière quasi irréversible et entrainent des infections. Mais en plus de cela, ces attaques causent des traumatismes psychologiques extrêmement profonds car même si l’attaque est inattendue, la victime est directement visée. Ce n’est pas le hasard qui aurait mal fait les choses, ici la personne est la cible précise de l’attaque. Et au niveau psychologique c’est très dur à accepter. Certaines personnes en veulent au médecin qui les a sauvées de les avoir laissées en vie. Elles auraient préféré mourir que de vivre comme cela.

C’est le cas de Patricia Lefranc qui, en 2009, a été aspergée d’acide sulfurique par son ex-compagnon qui n’a pas supporté qu’elle mette fin à leur relation. « Je suis restée trois mois dans le coma. A mon réveil, j’en ai voulu aux médecins de m’avoir laissée en vie ». Un sentiment très présent chez ces victimes est celui de la culpabilité. Elles doivent essayer de comprendre ce qu’il s’est passé et pourquoi elles ont été la cible de ces attaques horribles pour pouvoir aller de l’avant. Certaines de ces personnes arrivent à trouver en elles et grâce à leur entourage une capacité de surmonter l’accident et de se battre. Patricia témoigne : « Il devait y avoir une raison pour que je sois toujours vivante. Et c’est là que j’ai remarqué que le système judiciaire ne tournait pas rond, qu’il fallait faire reconnaître les victimes, lutter pour que l’acide sulfurique ne soit plus en vente libre. J’étais un numéro de dossier ! J’ai décidé de m’en sortir autrement”. (Lefranc, 2009).

Explosions et attentats

S’il y a bien un type d’accident particulièrement inattendu et soudain c’est ceux-ci : les explosions et attentats. On vit sa vie comme d’habitude et puis tout d’un coup cela se produit. Les victimes ne peuvent s’empêcher de penser qu’elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment. En plus des conséquences physiques, au niveau psychologique c’est très dur à accepter. Pour certaines personnes l’accident aurait pu être évité à quelques minutes ou choix près.

Pour Elodie Gastaldo (psychologue), lors de ce type d’événement, les victimes sont tellement touchées que le premier sentiment ressenti est celui d’irréalité. Ce qu’il s’est passé ne paraît pas réel. Il s’agit d’un processus de protection psychique appelé « état de dissociation ».

On voit apparaître par la suite des conséquences au niveau du sommeil, de l’appétit, de l’anxiété et de l’angoisse (Gastaldo, 2015).

Un sentiment intense de culpabilité apparaît également. Surtout si les victimes ont perdu un proche dans le même accident. Comme Amaury, rescapé du Bataclan : « J’éprouve encore aujourd’hui des scrupules à avoir eu autant de chance de m’en être sorti avec un simple éclat dans la cuisse et dans le dos. Et je sais que c’est idiot, mais je n’y peux rien. » Ou Medhi, rescapé du Carillon à Paris le 13 novembre : « Nous retrouver ne sera pas simple. On était cinq et on n’est plus que deux. » (Panfili, 2016).

Il faut apprendre à vivre avec un nouveau corps et avec les séquelles de l’accident à jamais gravées dans le corps et l’esprit. Aurélie, survivante du Carillon : « Cela m’a pris du temps pour m’accepter et faire le deuil de mon ancien visage. Les premières fois, je me trouvais horrible, monstrueuse. Les médecins me répètent que ce ne sera plus comme avant. C’est dur à entendre. Est-ce que je peux avoir au moins une bonne nouvelle ?» (Panfili, 2016).

Il faut aussi apprendre à surmonter les images qui reviennent sans arrêt et à les accepter mais cela prend du temps. Comme Omar, vigile au Stade de France : « Je ne dors presque pas. Je revis sans cesse cette nuit-là. Je me rappelle de tout. Les bruits, les images me reviennent sans arrêt. Je ne suis plus maître de mon corps. Parfois j’entends des voix. (…) J’espère aller mieux bientôt. Mais je ne serai plus jamais le même homme. » (Panfili, 2016).

Accident de voiture

Au niveau de ce type d’accident, l’impact psychologique différera en fonction de l’implication de la victime. Ce ne sera pas la même chose si la personne est responsable de l’accident qui va la défigurer ou si elle en est uniquement la victime.

Si les séquelles sont graves, comme une amputation ou le fait de devoir se déplacer en fauteuil roulant, il faut reconstruire une vie à laquelle on n’avait jamais songé. Il faut apprendre à s’accepter et accepter le regard des autres.

Tanguy, 23 ans témoigne : « Ma vie a basculé il y a cinq ans. J’étais passager arrière dans la voiture d’un ami. Une voiture nous a brutalement coupé la priorité et cela a été l’accident. Je suis resté deux mois dans le coma. Puis j’ai passé près de deux ans au Centre neurologique William Lennox où j’ai dû tout réapprendre : manger, parler, marcher… J’ai perdu l’œil droit dans l’accident et je ne vois donc plus en relief ce qui m’empêche de conduire par exemple. J’ai aussi des problèmes d’équilibre. Le plus dur, c’est sur le plan affectif. J’ai du mal à me faire des copains et à les garder. Ceux qui étaient avec moi dans la voiture ne m’ont plus jamais recontacté. Ma copine de l’époque a fini par me laisser tomber car elle trouvait que j’avais trop changé. » (Delvaux, 2002).

Si la personne a causé l’accident, en plus de séquelles physiques, l’impact psychologique est énorme. Car en plus de s’être blessé, d’autres le sont aussi par sa faute. L’accompagnement psychologique est d’autant plus important que la victime se sent tellement responsable qu’elle a besoin d’aide pour aller de l’avant.

Accidents domestiques

Les accidents domestiques se produisent régulièrement et peuvent avoir de graves conséquences. Comme la mauvaise utilisation d’un outil de travail, une brûlure à l’eau bouillante ou encore de l’huile de friteuse qui se renverse sur la victime. Ce qui est dur à gérer ici au niveau psychologique est le fait que l’accident aurait pu être évité si une meilleure surveillance était prévue ou si la personne manipulait mieux l’engin responsable de l’accident.

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