Résilience

Répare-moi
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4 min readMar 29, 2017

Le concept de résilience, développé dans le monde francophone par Boris Cyrulnik, désigne la capacité d’un individu à surmonter une situation traumatique, d’aller au-delà du trouble de stress post-traumatique en trouvant en lui-même les ressources pour aller de l’avant. Il s’agit pour une personne de développer une capacité de résistance et cela malgré les difficultés de la vie (Cyrulnik, 2003).

Pour le Professeur Michel Manciaux, la résilience se définit de la sorte : « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à bien se développer, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’évènements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères. » (Manciaux, 2001).

Comme le remarque Bernard Michallet, pour certains auteurs, la résilience est le résultat de la mise en action de facteurs ou de capacités propres à la personne qui lui permettent de faire face avec succès à l’adversité. Pour d’autres, la résilience de l’individu dépend de la qualité des liens et des interactions que cet individu entretient avec son environnement (Michallet, 2009 ; 2010).

Les qualités individuelles qui permettent cette résilience pourraient se catégoriser de la manière suivante :

  • Avoir une stabilité affective au moment de l’événement traumatique.
  • Avoir développé des mécanismes de défense comme la rêverie, le déni, le clivage, l’intellectualisation.
  • Avoir une forte personnalité permettant de faire face à l’incident, de combattre le stress et de gérer les émotions.
  • Avoir confiance en soi, être optimiste.
  • Avoir un entourage qui croit en nous et nous soutient.
  • Etre autonome.
  • Etre sociable, pour permettre de lier facilement des contacts qui pourraient aider à surmonter l’incident.

Les sujets résilients peuvent en plus mettre en œuvre différentes ressources pour s’en sortir comme l’humour, l’imagination, la créativité, l’investissement affectif, l’idéalisme, l’engagement, l’altruisme, l’éthique relationnelle, la spiritualité. (Michallet, 2009–2010).

Steven et Sybil Wolin puis le psychanalyste Bessoles, ont quant à eux retenu sept caractéristiques de personnalité susceptibles d’avoir un rôle protecteur face aux évènements difficiles :

  • Perspicacité = capacité d’analyse, de repérage, de discrimination
  • Indépendance = capacité à être seul, autonomisation
  • Aptitude aux relations = facteur de socialisation
  • Initiative = capacité d’élaboration et de représentation
  • Créativité = capacité à créer des formations réactionnelles et substitutives
  • Humour = sublimation
  • Moralité = capacité à interroger les valeurs

Lorsqu’une personne subit un traumatisme profond, elle doit développer un processus psychique de résilience jusqu’à sa mort. La résilience est une aptitude durable, mais non acquise pour la vie. Cette aptitude à se défendre d’abord, puis à se réparer, puis à remanier la représentation de sa blessure, nécessite la durée, comme tout processus. Ce qui ne veut pas dire invulnérabilité. Le processus de réhabilitation peut durer toute une vie.

(Wolin et Wolin, 1999 ; Bessoles, 2001)

La résilience a en fait plusieurs visages et chaque auteur en donne sa propre définition. Bernard Michallet (2009 ; 2010) remarque que le concept peut être compris en tant que capacité, en tant que processus et en temps que résultat.

Résilience en tant que capacité

La question à se poser ici est de se demander ce qui différencie ceux qui ont réussi à se développer correctement et ceux qui n’ont pas réussi malgré qu’ils soient soumis aux mêmes facteurs de risque. De cette comparaison ressortent certains traits de personnalité ou attitude : fiance primitive, estime de soi, compétences sociales, capacités à résoudre des problèmes, optimisme, humour, créativité, capacité à donner un sens aux événements, spiritualité, volonté de faire face aux événements, aptitude à se bâtir un réseau de soutien social, à demander de l’aide et à recevoir de l’aide (Michallet, 2009 ; 2010).

Ce sont des auteurs comme Cyrulnik, Patterson, Werner et Smith qui pensent dans ce sens.

Résilience en tant que processus

En s’intéressant au processus permettant à une personne de devenir résiliente, les auteurs se sont rendus compte que le concept pouvait être considéré comme un processus modulable, qui évolue avec le temps. La résilience serait alors ici un processus résultant de l’interaction entre les facteurs de protection et les facteurs de risque au niveau personnel, familial et environnemental. C’est la capacité de réaction et d’adaptation à des situations stressantes, aux changements. Ce n’est pas l’événement qui cause le stress, mais la manière dont la personne perçoit l’événement (Michallet, 2009 ; 2010).

Ce sont des auteurs comme Manciaux, Richardson, Boss qui vont dans ce sens.

Résilience en tant que résultat

Ici la résilience est perçue comme une sorte de résultat ou de conséquence de la mise en oeuvre de stratégie d’adaptation à son environnement.

L’esprit met en place une stratégie et un but pour réaliser un objectif. Les qualités nécessaires ici sont la confiance en soi, la croyance en son efficacité personnelle et avoir à sa disposition des solutions. Les auteurs rappellent ici que la résilience n’est jamais absolue, acquise pour toujours. Elle varie selon les circonstances et les stratégies mises en place (Michallet, 2009 ; 2010).

Des auteurs comme Semprun, Rutter, Tisseron vont dans ce sens.

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