Les diasporas russes 5 ans après la Crimée : un instrument de révisionnisme territorial?

Vladimir Poutine lors d’une allocution au 6e Congrès mondial des compatriotes à l’étranger tenu à Moscou le 31 octobre 2018 (Source: http://en.kremlin.ru/events/president/news/59003)

L’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 a mis les minorités russophones de l’espace post-soviétique, conceptualisées en tant que « compatriotes à l’étranger » dans les années 1990, sous le feu des projecteurs. Présents en grand nombre dans l’est de l’Ukraine, en Lettonie, en Estonie, dans l’est de la Moldavie (Transnistrie) et dans les oblasts du nord du Kazakhstan, ils étaient près de 25 millions à se retrouver, au lendemain de l’éclatement de l’URSS, hors de la Russie. Dans le contexte de la crise ukrainienne, plusieurs commentateurs ont vu dans ces diasporas une potentielle « cinquième colonne » sur laquelle la Russie pourrait capitaliser dans le but de déstabiliser ses voisins et de redessiner les frontières post-soviétiques, dans un scénario « à la criméenne 2.0 »[1]. C’est d’ailleurs une crainte qui habite les États baltes depuis leur indépendance, eux qui entretiennent des relations tendues avec la Russie tout en abritant une large proportion de russophones. Mais la question des diasporas russes et de la politique de la Russie à leur endroit, si elle a fait l’objet d’une attention renouvelée récemment en Occident, est un enjeu qui préoccupe la classe politique russe et qui occupe une place importante dans les débats sur l’identité nationale depuis les années 1990[2].

Qui sont exactement ces « compatriotes à l’étranger »? La loi Sur la politique du gouvernement de la Fédération de Russie à l’égard des compatriotes à l’étranger, dans sa dernière version datant de 2013, en offre une définition assez large. Sont considérés comme compatriotes : les personnes et leurs descendants directs qui sont née hors de la Russie mais partagent sa langue, son histoire, sa culture et ses traditions; les citoyens russes résidant à l’étranger de façon permanente; ainsi que les personnes résidant hors de la Fédération de Russie qui « appartiennent aux peuples résidant historiquement sur ce territoire, qui ont fait un libre choix en faveur d’une relation spirituelle, culturelle et légale avec la Fédération russe, et dont la parenté directe a vécu sur le territoire de la Fédération russe ou de l’URSS[3] ».

Si le Kremlin accorde aujourd’hui plus d’importance qu’il n’en a jamais accordé à ses diasporas, ce n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’une tendance qui est en marche depuis la fin des années 1990. Cela revient-il à dire que l’annexion de la Crimée était une conséquence logique de la politique de la Russie envers ses diasporas? À quoi peut-on s’attendre de la Russie par rapport à ses compatriotes à l’avenir? Doit-on craindre d’éventuelles actions perturbatrices de la Russie par l’entremise de ses diasporas? Basé sur des recherches réalisées dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, les prochains paragraphes tenteront de démêler l’ensemble de ces questions.

L’évolution du « thème diasporique » en Russie : un bref historique

Il est possible de distinguer quatre grandes phases d’évolution de la politique de la Russie envers ses diasporas. Une première phase, caractérisée par une lutte politique entre la Douma et la présidence sur le « thème diasporique[4] », s’est étendu grosso modo de 1991 à 1997. L’opposition, dans une alliance de connivence dite « rouge-brune » entre communistes revanchistes et nationalistes[5], critiquait régulièrement l’inaction du gouvernement et faisait pression pour qu’une politique active de défense des compatriotes soit mise en œuvre. Fruit de cette opposition, les premiers balbutiements d’une politique envers les diasporas ont vus le jour en 1994 et visaient à prévenir un retour massif des Russes, auquel le gouvernement était mal outillé pour répondre[6]. C’est dans ce contexte que le concept de « compatriote à l’étranger » a été développé. On voulait offrir de l’aide locale aux communautés russophones pour qu’elles restent dans leur pays, ce qui permettait du même coup d’instrumentaliser la question des diasporas dans les relations avec les autres États[7], comme on a pu le voir notamment lors du retrait des troupes russes dans les pays baltes[8]. Cette période était néanmoins caractérisée par un décalage important entre le discours et la pratique, où un certain « impérialisme verbal » est venu masquer une politique sommes toutes assez modérée, voire inefficace[9].

Une seconde phase s’est dessiné de 1998 à 2003, celle-ci caractérisée par une reprise en main de la question des diasporas par l’État et la marginalisation de l’opposition à la Douma. Elle a représenté la période décisive dans la formation du cadre légal et conceptuel sur lequel s’est développé la politique de la Russie envers ses compatriotes, se conjuguant à la fois avec le déclin démographique, et la volonté affichée de restaurer le statut de grande puissance de la Russie. L’État russe, en tant que cœur de la « russité », cherchait alors à traduire la présence russe à l’étranger en influence[10]. Or, la première itération de la loi Sur la politique à l’égard des compatriotes à l’étranger en 1999[11] a dès lors installé un paradoxe. D’une part, on cherchait à attirer les Russes de l’étranger proche en Russie pour pallier le déclin démographique. Or, d’autre part, on souhaitait aussi utiliser la présence des diasporas comme courroie de transmission de l’influence russe. C’est aussi à cette période que le concept de « Monde russe » (Russkiy Mir), redécouvert et reconceptualisé par des intellectuels proches du Kremlin, a fait quelques percées dans le jargon politique et s’est vu articulé au concept de compatriote, bien qu’il n’est réellement entré dans le discours officiel qu’en 2006[12]. On concevait alors le Monde russe comme une sorte de réseau déterritorialisé d’îlots russophones éparpillés sur le globe, la Russie cherchant à s’ouvrir à ses diasporas (principalement d’Occident) pour l’aider dans sa modernisation économique[13].

Un processus d’institutionnalisation et d’instrumentalisation du Monde russe a caractérisé la troisième phase d’évolution de la politique envers les diasporas entre 2004 et 2011. Le gouvernement russe a tenté de favoriser la structuration verticale des rapports État/diasporas via le développement d’une stratégie de soft power d’une part, tout en priorisant l’immigration des compatriotes d’autre part[14]. Cela s’est traduit, en 2006, dans l’adoption d’un programme pour faciliter leur réinstallation volontaire en Russie[15]. La volonté de lier les organisations diasporiques locales aux structures étatiques visait à faciliter leur utilisation comme levier d’influence pour le bénéfice de Moscou[16]. Les communautés de compatriotes, dont la loyauté à la Russie était présumée, étaient perçues comme une extension de l’État, ses « tentacules » dans l’ex-URSS[17]. Dans ce contexte, certains changements qui s’inscrivent dans la tendance générale du régime ont pu se remarquer dans la politique diasporique[18] : une centralisation des décisions au sein de l’administration présidentielle; une posture plus défensive vis-à-vis de l’Occident en réaction aux « révolutions de couleur »; ainsi que la création de deux jalons, aujourd’hui centraux, de la politique des compatriotes, soit la fondation Russkiy Mir — qui vise la promotion de la langue et de la culture russes dans l’ancien espace soviétique et dans le monde — , et l’agence Rossotroudnitchestvo (Agence fédérale pour la Communauté des États indépendants, les compatriotes à l’étranger, et la coopération humanitaire internationale), opérant sous la juridiction du Ministère des Affaires étrangères.

Enfin, une quatrième phase a semblé s’ouvrir en 2012 dans la mouvance des manifestations anti-régimes et du « tournant conservateur » qui a coïncidé avec le retour de Poutine à la présidence. Le discours officiel est devenu celui du caractère foncièrement distinct de la Russie, qui formerait un État-civilisation à part entière, gardien des valeurs chrétiennes traditionnelles face à un Occident décadent[19]. La question des compatriotes a commencé à se fondre en quelque sorte dans celle du « Monde russe », maintenant perçu comme entité géopolitique homogène[20]. Vers 2014, cela s’est traduit en une quasi-convergence entre les idées de protection des compatriotes, de l’existence du Monde russe, et d’une civilisation russe dans le discours politique du Kremlin[21]. On a notamment ravivé un vieil argument porté, dans les années 1990, par le Congrès des communautés russes (Kongress Russkih Obšin) — première formation politique exclusivement dédiée à la défense des compatriotes — voulant que la Russie soit une « nation divisée » vouée à une éventuelle réunification[22]. Le gouvernement russe s’est ainsi positionné, dans la foulée des événements en Crimée, comme protecteur de l’entité vaguement définie qu’est le Monde russe, et a du même coup implicitement reconnu la conditionnalité des frontières post-soviétiques[23].

La question des diasporas après l’annexion de la Crimée : des analyses divergentes

Les analystes sont divisés quant à la signification de l’annexion de la Crimée pour le futur des rapports entre l’État russe et ses diasporas et par rapport à la manière dont le Kremlin les instrumentalisera dans ses relations avec les États concernés. Si certains n’ont pas de doute quant à la nature irrédentiste des visées russes sur ses voisins en ce qui concerne les diasporas, d’autres restent très sceptiques en pointant du doigt l’incohérence et l’inefficacité de la politique de la Russie, tout comme le faible engouement qu’elle suscite dans les milieux diasporiques.

Il faut néanmoins souligner que presque tous s’entendent pour dire que la prise en importance de l’enjeu diasporique dans les cercles dirigeants depuis les années 2000 — ce qui se remarque dans plusieurs discours présidentiels[24] et certains documents officiels[25] — se conjugue avec la volonté de la Russie de maintenir son influence déclinante dans l’étranger proche et de retrouver son statut de grande puissance sur la scène internationale. Les communautés russophones représenteraient ainsi un instrument sur lequel tabler pour avancer divers intérêts en relation avec les États post-soviétiques.

Or, il existe de profondes divergences en ce qui a trait à l’interprétation des objectifs qu’entendrait servir la politique à l’égard des compatriotes. D’un côté, on retrouve ceux qui la voient d’un œil suspicieux. Elle ne représenterait qu’un outil de plus dans le coffre de Moscou pour promouvoir sa mainmise sur l’espace post-soviétique par l’entremise, entre autres, d’une sphère culturelle et informationnelle russophone qui viendrait manufacturer une adhésion des compatriotes aux projets du Kremlin[26]. En soi, cela n’apparait pas complètement tiré par les cheveux vu les multiples initiatives cherchant à faire du Monde russe l’élément de base d’une diplomatie publique « à la russe[27] » s’articulant autour des compatriotes. Les plus critiques de cette politique tendent cependant à « pathologiser[28] » son potentiel de soft power, la voyant comme simple pièce d’une obscure stratégie méticuleusement planifiée de révisionnisme territorial[29]. Les ressources investies en puissance douce paveraient en effet la voie, selon certains, à une politique plus agressive en préparant « les cœurs et les esprits » à une intervention russe[30]. D’où certaines inquiétudes après l’annexion de la Crimée sur la possibilité que des actions semblables soient entreprises dans d’autres régions où les russophones sont présents en grand nombre. Toutefois, plusieurs études réalisées en Estonie[31], en Moldavie[32] et aux Kazakhstan[33] ont plutôt démontré l’inverse, soit la faible probabilité d’une telle éventualité compte-tenu de l’implication politique limitée des compatriotes et du manque de cohérence de la politique de la Russie.

En effet, plusieurs doutent fortement de l’efficacité de la politique envers les compatriotes du gouvernement russe, et tendent à minimiser le rôle du « facteur diasporique » dans l’annexion de la Crimée et plus globalement dans les relations avec les autres États post-soviétiques, outre un rôle simplement rhétorique[34]. Ceux qui s’inscrivent dans cette tendance voient les efforts de la Russie comme étant essentiellement « sélectifs et contre-productifs[35] ». Un des problèmes majeurs est que le Kremlin n’applique pas une politique uniforme, celle-ci étant subordonnée à des intérêts économiques et géopolitiques plus vastes[36]. Ainsi, malgré de beaux discours sur la « consolidation de la diaspora » autour de la Russie, et sur le « soutien indéfectible » du gouvernement pour la protection des droits de ses compatriotes à l’étranger, ces derniers n’apparaissent clairement pas comme l’ultime priorité s’ils ne permettent pas de faire avancer les intérêts de l’État russe. La Russie n’a d’ailleurs, après la Crimée, fait aucune autre tentative consistante pour réunifier les compatriotes de l’espace post-soviétique avec la patrie, ni même pour les soutenir plus activement face, par exemple, à de nouvelles lois restrictives en Lettonie concernant l’éducation en russe[37].

***

Face à ces interprétations contradictoires, qui ont évidemment été simplifiées pour les besoins de l’exercice, il convient de rester vigilant lorsqu’on analyse la relation entre la Russie et ses compatriotes. Il est facile d’exagérer la portée qu’atteint l’influence russe sur les communautés russophones et de tomber dans le biais de confirmation néo-impérial en voyant l’arsenal de tactiques que développe le Kremlin pour les instrumentaliser. Or ce serait retirer leur agentivité aux compatriotes que d’attribuer au gouvernement russe le pouvoir de dicter la position qu’ils devraient adopter. À vrai dire, si une partie de la diaspora reste politiquement proche de Moscou, la majorité n’ont aucun désir d’être des pions pour le bénéfice des cercles dirigeants corrompus d’un pays dans lequel ils n’habitent pas. Et cela est particulièrement vrai dans les pays baltes[38]. De toute façon, même en Crimée à la veille de l’annexion, beaucoup n’avaient simplement jamais entendu parler de la politique envers les compatriotes ou en étaient insatisfaits[39].

Enfin, les inquiétudes quant la répétition d’un scénario criméen ailleurs dans l’ex-URSS semblent plutôt exagérées. En admettant que les Russes de l’étranger proche aient une loyauté sans faille envers la Russie et demande son intervention, il est loin d’être certain que le Kremlin veuille avoir à gérer les conséquences d’une autre annexion, l’économie et la réputation internationale de la Russie payant encore le prix de la précédente. De plus, il faut garder en tête que la relation de la Russie avec le Monde russe reste contextualisée et essentiellement pragmatique, c’est-à-dire qu’aussi longtemps que les pays abritant une importante minorité russe acceptent d’être « finlandisés » ou que des intérêts plus importants entrent en considération, des tentatives d’instrumentalisation des diasporas à des fins de déstabilisation ont peu de chance de se produire[40].

Évidemment, personne n’est dans le secret des dieux. Il existe toujours la possibilité théorique que la Russie se relance dans l’aventurisme géopolitique dans un avenir pas si lointain. Cependant, si c’est le cas, la politique envers les compatriotes ne saura servir ses intérêts aussi bien qu’elle l’a déjà fait par le passé.

Références:

[1] Voir entre autres: Conant, E. (2014, 2 mai). Ethnic Russians: Pretext for Putin’s Ukraine Invasion? Dans National Geographic News. Récupéré de https://www.nationalgeographic.com/news/2014/5/140502-russia-putin-ukraine-geography-crimea-language/;

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Shuster, S. (2014, 4 décembre). Russia’s Fifth Column. Time. Récupéré de https://time.com/3617671/russia-fifth-column/.

[2] Kosmarskaya, N. (2011). Russia and Post-Soviet “Russian Diaspora”: Contrasting Visions, Conflicting Projects. Nationalism and Ethnic Politics, 17 (1), 54‑74. doi: 10.1080/13537113.2011.550247;

Shevel, O. (2011). Russian Nation-building from Yel’tsin to Medvedev: Ethnic, Civic or Purposefully Ambiguous? Europe-Asia Studies, 63 (2), 179‑202. doi: 10.1080/09668136.2011.547693.

[3] [Traduction libre] Fédération de Russie. (2013, 23 juillet). О государственной политике Российской Федерации в отношении соотечественников за рубежом [O gosudarstvennoj politike Rossijskoj Federacii v otnošenii sootečestvennikov za rubežom] c. N 203-F3. Récupéré de http://pravo.gov.ru/proxy/ips/?docbody=&nd=102059861&rdk=9

[4] Laruelle, M. (2008). Les Russes de l’étranger proche : le thème diasporique et ses lobbies en Russie. Revue d’études comparatives Est-Ouest, 39 (1), 11‑38. https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_2008_num_39_1_1879

[5] Hahn, G. M. (1994). Opposition Politics in Russia. Europe-Asia Studies, 46 (2), p. 306.

[6] Nozhenko, M. (2006). Motherland is calling you! Motives behind and prospects for the new Russian policy on compatriots abroad. Lithuanian Foreign Policy Review, (18), 77‑94.

[7] Ziegler, C. E. (2006). The Russian Diaspora in Central Asia: Russian Compatriots and Moscow’s Foreign Policy. Demokratizatsiya, 14 (1), 103‑126.

[8] Simonsen, S. G. (2001). Compatriot Games: Explaining the « Diaspora Linkage » in Russia’s Military Withdrawal from the Baltic States. Europe-Asia Studies, 53 (5), 771‑791.

[9] Zevelev, I. A. (2001). Russia and its New Diasporas. Washington D.C. : United States Institute of Peace, p. 155.

[10] Suslov, M. (2017). « Russian World »: Russia’s Policy towards its Diaspora. Russie.Nei.Visions, (103), p. 22.

[11] Fédération de Russie. (1999, 24 mai). О государственной политике Российской Федерации в отношении соотечественников за рубежом [O gosudarstvennoj politike Rossijskoj Federacii v otnošenii sootečestvennikov za rubežom]c. N 99-F3. Récupéré de http://pravo.gov.ru/proxy/ips/?doc_itself=&infostr=x&backlink=1&fulltext=1&nd=102059861#I0

[12] Gronsky, A. (2017, 9 octobre). The Russian World in a Quest for Meaning. Slavic Countries in the Post-Soviet Space. Russia in Global Affairs. Récupéré de https://eng.globalaffairs.ru/number/The-Russian-World-in-a-Quest-for-Meaning-19055

[13] Suslov, M. (2018a). “Russian World” Concept: Post-Soviet Geopolitical Ideology and the Logic of “Spheres of Influence”. Geopolitics, 23 (2), 1‑24. doi: 10.1080/14650045.2017.1407921

[14] Tinguy, A. de. (2010). La Russie et les « compatriotes » de l’étranger: hier rejetés, demain mobilisés? Dans S. Dufoix, C. Guerassimoff et A. de Tinguy (dir.), Loin des yeux, près du coeur. Les États et leurs expatriés (p. 183‑204). Paris : Presses de Sciences Po. p. 193.

[15] Président de la Fédération de Russie. (2006, 22 juin). О мерах по оказанию содействия добровольному переселению в Российскую Федерацию соотечественников, проживающих за рубежом [O merah po okazaniû sodejstviâ dobrovolʹnomu pereseleniû v Rossijskuû Federaciû sootečestvennikov, proživaûŝih za rubežom] c. N 137. Récupéré de http://pravo.gov.ru/proxy/ips/?docbody=&nd=102107419&rdk=0

[16] Byford, A. (2012). The Russian Diaspora in International Relations: ‘Compatriots’ in Britain. Europe-Asia Studies, 64 (4), p. 720. doi: 10.1080/09668136.2012.660764

[17] Suslov, M. (2018a). “Russian World” Concept. Op. cit., p. 8–11.

[18] Suslov, M. (2017). « Russian World »: Russia’s Policy towards its Diaspora. Op. cit., p. 22–24.

[19] Tsygankov, A. P. (2016). Crafting the State-Civilization: Vladimir Putin’s Turn to Distinct Values. Problems of Post-Communism, 63 (3), 146‑158. doi: 10.1080/10758216.2015.1113884

[20] Suslov, M. (2018a). “Russian World” Concept. Op. cit.

[21] Zevelev, I. A. (2016). Russian National Identity and Foreign Policy. Washington D.C. : Center for Strategic and International Studies, p. 12.

[22] Laruelle, M. (2015). Russia as a “Divided Nation,” from Compatriots to Crimea: A Contribution to the Discussion on Nationalism and Foreign Policy. Problems of Post-Communism, 62 (2), 88‑97. doi: 10.1080/10758216.2015.1010902

[23] Zevelev, I. A. (2016, 22 août). The Russian World in Moscow’s Strategy. Center for Strategic and International Studies. Récupéré de https://www.csis.org/analysis/russian-world-moscows-strategy

[24] Notamment le discours de Poutine au premier Congrès des compatriotes : Poutine, V. (2001, 11 octobre). Выступление на открытии Конгресса соотечественников [Vystuplenie na otkrytii Kongressa sootečestvennikov]. Président de la Fédération de Russie. Récupéré de http://kremlin.ru/events/president/transcripts/21359

[25] Ministère des Affaires étrangère de la Fédération de Russie. (2008, 12 janvier).The Foreign Policy Concept of the Russian Federation. Récupéré de http://en.kremlin.ru/supplement/4116

[26] Ryazanova-Clarke, L. (2017). From commodification to weaponization: the Russian language as ‘pride’ and ‘profit’ in Russia’s transnational discourses. International Journal of Bilingual Education and Bilingualism, 20 (4), p. 450–452. doi: 10.1080/13670050.2015.1115005

[27] Saari, S. (2014). Russia’s Post-Orange Revolution Strategies to Increase its Influence in Former Soviet Republics: Public Diplomacy po russkii. Europe-Asia Studies, 66 (1), 50‑66. doi: 10.1080/09668136.2013.864109

[28] Knott, E. (2017). Quasi-citizenship as a category of practice: analyzing engagement with Russia’s Compatriot policy in Crimea. Citizenship Studies, 21 (1), p. 121. doi: 10.1080/13621025.2016.1252714

[29] Socor, V. (2014). Putin’s Crimea Speech: A Manifesto of Greater-Russia Irredentism. Eurasia Daily Monitor, 11 (56). Récupéré de https://jamestown.org/program/putins-crimea-speech-a-manifesto-of-greater-russia-irredentism/

[30] Grigas, A. (2016). Beyond Crimea: The New Russian Empire. New Haven : Yale University Press. Récupéré de http://ebookcentral.proquest.com/lib/uqam/detail.action?docID=4403155

[31] Kallas, K. (2016). Claiming the diaspora: Russia’s compatriot policy and its reception by Estonian-Russian population. Journal on Ethnopolitics and Minority Issues in Europe, 15 (3), 1‑25;

Trimbach, D. J. et O’Lear, S. (2015). Russians in Estonia: Is Narva the next Crimea? Eurasian Geography and Economics, 56 (5), 493‑504. doi: 10.1080/15387216.2015.1110040

[32] Rogstad, A. (2018). The Next Crimea? Problems of Post-Communism, 65 (1), 49‑64. doi: 10.1080/10758216.2016.1237855

[33] Diener, A. C. (2015). Assessing Potential Russian Irredentism and Separatism in Kazakhstan’s Northern Oblasts. Eurasian Geography and Economics, 56 (5), 469‑492. doi: 10.1080/15387216.2015.1103660;

Laruelle, M. (2018). Why No Kazakh Novorossiya? Kazakhstan’s Russian Minority in a Post-Crimea World. Problems of Post-Communism, 65 (1), 65‑78. doi: 10.1080/10758216.2016.1220257

[34] Pieper, M. (2018). Russkiy Mir: The Geopolitics of Russian Compatriots Abroad. Geopolitics, 1‑24. doi: 10.1080/14650045.2018.1465047

[35] Pigman, L. (2019). Russia’s Compatriots: Instrument or Responsibility? The RUSI Journal, 164 (2), 24‑35. doi: 10.1080/03071847.2019.1621480;

Suslov, M. (2018b). Geopolitization of the Post-Soviet Diaspora in the Baltic Sea Region. Global Affairs, 4 (4‑5), p. 9. doi: 10.1080/23340460.2018.1535255

[36] Molodikova, I. (2017). Russian Policy Towards Compatriots: Global, Regional and Local Approaches. Dans M. V. Nikolko et D. Carment (dir.), Post-Soviet Migration and Diasporas: From Global Perspectives to Everyday Practices (p. 143‑161). Basingstoke : Palgrave Macmillan, p. 158.

[37] Engel, V. (2018, 26 juillet). Why Is Russia Not Stepping In to Protect its Compatriots Abroad? Fair Observer. Récupéré de https://www.fairobserver.com/region/europe/vladimir-putin-latvia-ukraine-russian-language-school-reform-europe-news-17912/

[38] Suslov, M. (2018b). Geopolitization of the Post-Soviet Diaspora in the Baltic Sea Region. Op. cit., p. 6.

[39] Knott, E. (2017). Quasi-citizenship as a category of practice. Op. cit., p. 130.

[40] Laruelle, M. (2015). Russia as a “Divided Nation,” from Compatriots to Crimea. Op. cit. p. 95.

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Raphael Robitaille
Réseau québécois d’études postsoviétiques

Étudiant à la maîtrise en science politique, bachelier en science politique — relations internationales