Jeanne Dompierre (gauche) et Marie-Eve Maheu (droite).

Journal intime : un balado par et pour les jeunes

Catherine Legault
Radio-Canada Lab
Published in
4 min readApr 28, 2017

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Après plusieurs mois de travail, Jeanne Dompierre et Marie-Eve Maheu ont mis au monde le balado pilote de Journal intime, une série radio qui souhaite réconcilier l’aspect narratif de ce que font les youtubeurs avec celui de la radio.

Au départ, les deux productrices faisaient deux constats : non seulement les jeunes de 12 à 17 ans ne sont pas d’emblée friands du contenu offert sur les ondes radio de Radio-Canada, mais ils n’y sont pas adéquatement représentés.

« Ce que nous avons voulu essayer, c’est de donner la parole à des jeunes, que ce soit eux qui conçoivent le balado au complet, que ce soit leurs voix qu’on entende et que ce ne soit pas nos voix qui racontent l’histoire », mentionne Marie-Eve Maheu.

Selon les productrices, si les jeunes ne regardent pas la télé ou n’écoutent pas la radio, la baladodiffusion s’imposait comme un moyen intéressant d’atteindre ce public adepte de nouvelles technologies et de téléphone intelligent.

Les deux productrices lors de la première séance d’écoute du balado à Radio-Canada.

Développement du projet

Journal intime est, à la base, issue de deux idées. Jeanne avait tout d’abord proposé un projet de balado d’un jeune qui raconte une histoire à l’aide d’une enregistreuse. Par contre, elle n’avait pas nécessairement l’idée d’informer et d’aller dans des thèmes sociaux. Le projet de Marie-Eve était relié à l’information, et elle voulait intéresser les jeunes à la nouvelle et à ce qui se passe dans le monde. Il y avait une partie de son projet qui touchait le webdocumentaire, dans le but d’aborder des questions qui intéressent les jeunes.

Les deux ébauches se sont retrouvées dans les cinq meilleures idées proposées, et c’est à ce moment que les deux journalistes se sont rencontrées et ont décidé de faire équipe afin de rallier leurs forces pour créer un documentaire intimiste, pour les jeunes, par les jeunes.

Jeanne et Marie-Eve ont dû passer à travers plusieurs étapes pour arriver au résultat final. Elles s’étaient tout d’abord tournées vers des organismes pour trouver un jeune avec qui travailler, mais elles l’ont finalement trouvé sur Facebook. Elles ont décidé de faire le balado avec une jeune fille de 16 ans qui vivait ses derniers moments dans un centre d’accueil. À partir du moment où l’adolescente et son père ont donné leur accord, l’aventure a immédiatement débuté.

La jeune fille a passé deux ou trois mois avec un magnétophone dans le but de capter des moments de sa vie quotidienne et des discussions plus intimes avec ses amis et ses intervenants. L’équipe se rencontrait un soir par semaine pour écouter les enregistrements et donner quelques conseils à l’adolescente pour aller chercher du matériel plus précis.

Même si Jeanne et Marie-Eve n’ont jamais douté de la motivation de l’adolescente, elles ont tout de même vécu certaines inquiétudes. « Il y a une semaine, elle a été privée de son cellulaire, et nous ne le savions pas. ous n’arrivions pas à la joindre. Nous avons dû appeler au foyer pour pouvoir lui parler. Nous avons eu quelques petits moments de panique, mais chaque fois que nous la voyions, sa motivation était tellement palpable que ça nous remettait immédiatement en confiance », mentionne Jeanne Dompierre.

Thomas Le Jouan (gauche) et Xavier Kronström Richard (droite) lors de la présentation du prototype.

Marie-Eve mentionne qu’il s’est écoulé environ un mois avant que l’enregistreuse se fasse oublier et que le résultat soit vraiment authentique, non seulement pour l’adolescente, mais aussi pour ses amis. À la fin, la jeune fille s’était tellement habituée à l’avoir entre les mains qu’elle ne voulait pas la remettre. « C’est beau à voir, parce que ça a été dur pour elle de l’apprivoiser au début. Nous lui avons laissé l’enregistreuse, même si nous avions tout le matériel dont nous avions besoin, et nous sommes parties en montage », ajoute Jeanne Dompierre.

Les deux conceptrices ajoutent avoir censuré beaucoup de matériel, car les conversations qu’elle avait avec ses amis étaient parfois très intimes et profondes. « Parfois, elle se rappelait que nous allions écouter le tout, et elle nous expliquait certains mots parce qu’elle se disait que nous n’allions pas comprendre ce qu’elle voulait dire. C’était très drôle », mentionne Marie-Eve Maheu.

A posteriori, le pilote de Journal intime a permis à Radio-Canada de tester un nouveau format, lequel extrait un maximum d’interventions externes en misant sur les confidences d’une jeune ado. Le balado a ainsi gagné un niveau d’authenticité remarquable, créée grâce à un amalgame de liberté d’expression façon YouTube appliquée à l’audio et d’accompagnement soutenu de la part de la production.

TL;DR

Problème : Comment mieux représenter les jeunes de 12 à 17 ans sur les ondes de la radio de Radio-Canada?

Solution : Créer un projet de balado documentaire intimiste à la fois divertissant et informatif, pour les jeunes, par les jeunes. Le procédé consiste à donner la parole à des adolescents qui, pendant plusieurs semaines, documentent leur quotidien grâce à une enregistreuse.

Résultats : Le prototype a été diffusé à large échelle sur le web et a profité d’une couverture de C’est juste de la TV. Le court métrage animé publié sur la page Facebook d’ICI Radio-Canada Première compile 100 000 vues. Par ailleurs, des discussions sont entamées avec Première PLUS afin de donner suite au projet.

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