Illustration : Solène Sanié

Catherine Ladousse : « Ne pas être sur les réseaux sociaux serait une faute professionnelle »

Depuis 2012, Catherine Ladousse est directrice de la communication de Lenovo pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Au sein de ce groupe d’informatique chinois de portée mondiale, elle mène une communication engagée pour l’égalité des genres, et respectueuse des altérités de chaque région.

Albane Dreyer
Published in
5 min readJun 26, 2018

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Quelles sont les grandes priorités de communication pour Lenovo ?

Notre communication a pour objectif de soutenir les visions de nos équipes en termes de business et de croissance sur le marché. Pour cela, nous proposons un cadre global de communication, tout en laissant la possibilité à chaque pays d’adapter ses prises de parole. Nous sommes soucieux d’offrir à chacune de nos équipes de communication la possibilité d’utiliser des exemples locaux et de s’exprimer dans la langue locale.

Les communications doivent être adaptées à la maturité du marché informatique, et cela même si nous tendons à plus nous exprimer sur nos dernières innovations et nos nouveaux terrains de développement comme l’Intelligence artificielle, la réalité virtuelle ou encore la réalité augmentée.

Et sur le plan de la communication corporate ?

On ne peut pas séparer complètement la communication corporate de la communication produit. Nous souhaitons affirmer que nos produits sont créateurs de valeurs, et nous voulons, aussi, véhiculer une image corporate d’agilité et de diversité. Notre moto est « different is better » utilisé dans nos campagnes de communication.

Le but de notre communication corporate, c’est tout d’abord d’expliquer ce qu’est Lenovo, car nous restons une entreprise jeune, surtout au niveau mondial. Sur ce point, nous avons énormément progressé depuis quelques années. Notre notoriété auprès du grand public à l’échelle mondiale a notablement crû. Ce statut d’entreprise mondiale de premier plan nous donne le devoir de nous investir dans certains importants sujets de société comme, par exemple, l’équilibre des genres et la féminisation de notre industrie, ce que nous appelons « gender diversity ».

Aujourd’hui lorsqu’on invite un journaliste, on invite moins un média qu’un journaliste et sa notoriété digitale.

D’un point de vue pratique, comment ces grandes orientations sont-elles mises en place ?

Comme toute entreprise industrielle, notre communication — même corporate — est rythmée par les lancements de nouveaux produits et de nouvelles innovations technologiques, et par les temps forts de l’industrie : le CES de Las Vegas, le Mobile Congress à Barcelone, l’IFA à Berlin…

Au-delà de ces grands moments clés, nous avons aussi une stratégie événementielle propre. Nous rassemblons nos clients et partenaires, mais aussi des médias et influenceurs, pour expliquer notre stratégie et analyser quels sont les besoins de nos clients. Au-delà de toutes les campagnes, et des relations virtuelles, nous attachons beaucoup de valeur au face à face. Puis, nous sommes évidemment très présents sur les réseaux sociaux : une très grande partie de nos investissements sont sur le digital, que ce soit pour l’interne comme pour l’externe. Nous avons aussi une activité très importante d’influence auprès de la presse business.

Mettez-vous en place des stratégies d’influence sur les réseaux sociaux ?

Sur le volet grand public, nous développons des expériences où nous convions des influenceurs, nous les invitons aussi à des grands événements de l’industrie, comme il y a quelques jours à Vivatech.

Aujourd’hui lorsqu’on invite un journaliste, on invite moins un média qu’un journaliste et sa notoriété digitale. Car cette personne va non seulement être quelqu’un qui écrit dans la presse, mais dans le même temps, cela peut-être quelqu’un qui a un blog, de l’influence sur les réseaux sociaux… Nos prises de paroles sont portées par la question de l’innovation technologique, mais nous gardons en tête, qu’en tant que leader global, nous devons tendre à faire évoluer les mentalités sur les grandes questions sociétales.

Vous pensez donc que la communication peut être moteur d’inclusion ?

Il ne faut pas tomber dans le piège de ne faire que de la communication. Je pense que la communication joue le rôle de relais afin de faire savoir ce que fait l’entreprise. Dans notre métier de communicant, il y a cette partie de médiateur, de chef d’orchestre. Nous travaillons avec les ressources humaines, les différentes équipes de ventes… C’est la direction de la communication qui décide d’être partenaire de certains événements clés comme le Women’s forum, ou qui amplifie les initiatives comme par exemple des formations sur la façon de rédiger des descriptions de postes afin qu’elles attirent autant de femmes que d’hommes.

Nous avons pour but de mettre en valeur l’expertise de l’entreprise et de construire son image et sa réputation. Nous faisons émerger les messages clés de l’entreprise, puis nous mettons en place des stratégies pour que ces messages soient bien compris par tous les publics, internes comme externes.

Dans un monde où tout le monde, à tout moment, est susceptible de donner son opinion sur une entreprise, il est essentiel d’être à l’écoute pour pouvoir consolider la compréhension des messages stratégiques.

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux, cela vous semble-t-il essentiel ?

Je crois que ce serait une faute professionnelle de ne pas être sur les réseaux sociaux. Je ne fais pas partie de la génération qui est née avec Twitter, LinkedIn ou Facebook. En revanche, je considère ces outils comme absolument indispensables dans n’importe quel plan de communication.

Nous mettons à disposition du contenu pertinent pour les employés sur une multitude de sujets, qu’ils peuvent réutiliser dans leurs propres cercles d’influences. A titre personnel, en tant que responsable d’une équipe de communicants, nous devons montrer l’exemple. Sur Twitter, il m’arrive de recevoir des messages d’utilisateurs mécontents, alors je joue le jeu, je réponds et renvoie la demande au service concerné. Être présent sur les réseaux sociaux nous permet d’être en prise directe avec le marché, c’est indispensable. J’ai commencé ce métier il y a 25 ans. C’était très différent mais les principes restent les mêmes : il faut être cohérent, privilégier l’interne à l’externe, être transparent. Si vous ne communiquez pas sur quelque chose de tangible et de solide, vous risquez d’obtenir un effet négatif immédiat.

A votre avis, quel est le plus grand écueil communicationnel actuel ?

C’est de croire qu’il faut faire intervenir les équipes de communication à la fin d’un projet quand tout est déjà décidé et le travail fait. Il faut que la communication accompagne en amont, que la communication joue son rôle de conseil et d’influence, que la communication guide, que la communication clarifie. Lorsque l’on est face à une crise, l’important est de connaître la réalité et de pouvoir la transmettre de façon la plus cohérente possible.

Dans un monde où tout le monde, à tout moment, est susceptible de donner son opinion sur une entreprise, il est essentiel d’être à l’écoute pour pouvoir consolider la compréhension des messages stratégiques. Des messages clairs pour l’externe sont des messages bien appréhendés en interne.

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