La vague LREM se confirme sur Twitter — enseignements d’une analyse des législatives 2017 par Reputation Squad

L’activité générée sur Twitter autour des candidats aux législatives confirme le paradoxe d’une élection à double dimension, entre scrutin local et dynamique pour une majorité présidentielle. Si les communautés FN et France Insoumise profitent de l’influence de leurs leaders pour confirmer leur emprise sur les réseaux sociaux au niveau national, les candidats LREM se hissent en tête de l’engagement sur Twitter dans la majorité des circonscriptions, sur la période étudiée, du 22 mai au 9 juin 2017.

Frédéric Paillet
Reputation Squad

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Une majorité de candidats font campagne sur Twitter, où LREM fait figure de bon élève

Signe de l’adoption progressive des médias numériques par le personnel politique, une majorité de candidats aux législatives (52%) a utilisé Twitter dans le cadre de la campagne, avec une moyenne de 76 tweets par candidat.

Les candidats LREM apparaissent ici comme les bons élèves ayant adopté les règles élémentaires d’une communication digitale réussie, à savoir disposer d’un compte Twitter et l’animer régulièrement afin de générer de l’engagement et accroître sa communauté. En proportion, les candidats LREM sont plus nombreux que leurs concurrents à être présents sur Twitter. Trois candidats LREM sur quatre disposent d’un compte Twitter, contre 60% au FN, et seulement 48% chez FI.

Les candidats LREM affichent par ailleurs un niveau d’activité comparable à celui de la France Insoumise, avec une moyenne de 75 tweets publiés par personne pendant la campagne des législatives.

La dynamique LREM se vérifie à l’échelle locale

Si les candidats étiquetés du jeune mouvement de La République en Marche peinent à s’imposer face à des figures nationales particulièrement influentes sur les réseaux sociaux telles que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, ils bénéficient d’une répartition beaucoup plus équilibrée de leur influence au niveau local.

Les candidats LREM s’imposent comme les plus influents sur Twitter dans 239 circonscriptions sur 577, contre 111 pour le FN, 92 pour le PS, 70 pour LR-UDI et 52 pour la FI. Les candidats engagés aux côtés du Président nouvellement élu remportent alors une majorité relative de circonscriptions sur l’ensemble des régions, exception faite de Provence-Alpes-Côte-d’Azur où le FN parvient tout juste à rivaliser avec LREM, avec 13 circonscriptions chacun.

Fait notable, LR-UDI réussit à arracher les Dom-Tom à l’hégémonie des « marcheurs », en dominant les engagements générés sur Twitter dans 11 circonscriptions, contre 8 et 5 respectivement pour LREM et le PS.

Les personnalités de la France Insoumise et du Front National sont les plus influentes sur Twitter, devant les candidats de LREM

Le top 25 des candidats les plus influents est largement dominé par des figures politiques nationales qui ont pu constituer de larges communautés autour d’elles à l’occasion de précédentes campagnes d’envergure nationale — anciens candidats à l’élection présidentielle comme Benoît Hamon (PS) ou Nicolas Dupont-Aignan (DLF), anciens chefs de partis comme Cécile Duflot (EELV) et Jean-Frédéric Poisson (PCD) ou encore, ministre en exercice comme Richard Ferrand (LREM). Les porte-parole des candidats à l’élection présidentielle sont également très bien représentés dans ce classement, à l’instar de Valérie Boyer (LR), Benjamin Griveaux (LREM) ou encore Alexis Corbière (FI). Certains élus ou militants très médiatisés comme Eric Ciotti (LR), Aurore Bergé (LREM) ou Caroline de Haas (EELV) sont également présents. Les enjeux locaux d’une élection pèsent pour autant largement dans l’influence des candidats. Ainsi Adrien Quatennens, primo-candidat FI aux élections législatives dans la 1ère circonscription du Nord (Lille) se hisse-t-il en 22e position du top 25.

Soulignons que parmi les dix twittos les plus influents, la moitié n’a pas réussi à transformer leur influence dans les urnes : trois ne se sont pas qualifiés pour le second tour (Benoît Hamon, Cécile Duflot et Nicolas Bay) et deux sont en ballotage défavorable (Nicolas Dupont-Aignan et Jean Messiha).

Jean-Luc Mélenchon, dont les tweets ont suscité plus de 103 586 retweets au cours de la campagne sur la période étudiée, apparaît sans conteste comme le candidat le plus influent de ces législatives sur Twitter, avec un score plus de deux fois supérieur à celui de Marine Le Pen (50 927 retweets), arrivée deuxième du classement. Les candidats de la France Insoumise sont également les plus nombreux à figurer au sein de ce top 25, devant le Front National (7 candidats contre 5).

LREM arrive quant à lui en troisième position. Si, à l’instar du FN, cinq de ses candidats sont présents dans ce classement (notamment les ministres et figures médiatiques du jeune mouvement), ils arrivent en revanche loin derrière le Front National et la France Insoumise en nombre de retweets cumulés (27 052 contre 134 677 pour le FN et 152 189 pour FI).

LREM échoue à s’imposer au niveau national face aux communautés FN et France Insoumise

Les « patriotes » de Marine Le Pen et les « insoumis » de Jean-Luc Mélenchon confirment, dans le sillage de l’élection présidentielle, un niveau d’engagement moyen sans commune mesure avec les soutiens de la majorité présidentielle et des partis traditionnels.

Si l’on réalise, à l’échelle du pays, une moyenne des résultats obtenus par l’ensemble des candidats de chaque force politique, le Front National et la France Insoumise affichent à la fois les communautés les plus importantes (7500 followers en moyenne pour le FN, 6100 pour la FI) et les plus engagées (23 retweets par post en moyenne, soit près de 3 fois le score atteint par les candidats LREM).

Ces scores élevés s’expliquent notamment par la présence de quelques acteurs très influents parmi les candidats des deux mouvements, à commencer par leur leader respectif. Le Front National, suivi de près par la France Insoumise, s’imposent donc comme les deux partis les plus influents de cette élection législative sur Twitter.

Concrètement, le FN et la France Insoumise bénéficient encore aujourd’hui d’une stratégie de long cours privilégiant la conquête des réseaux sociaux au détriment des médias traditionnels. Toutefois, il est intéressant d’observer que pour cette élection, si LREM profite certainement de la dynamique portée par l’élection d’Emmanuel Macron au sommet de l’Etat, c’est avant tout son maillage local méticuleux et les bonnes pratiques numériques adoptées par une large majorité de ses candidats, qui lui permettent de s’imposer sur la quasi-totalité du pays. Pour emporter la bataille de l’influence sur Twitter dans le cadre d’une élection locale comme celle-ci, disposer d’un leader régnant en maître sur les réseaux sociaux ne suffit pas.

MÉTHODOLOGIE

Après avoir analysé les communautés Facebook des candidats à la présidentielle, Reputation Squad révèle les résultats de son baromètre d’activité des candidats aux élections législatives sur Twitter. L’étude analyse les 145 662 tweets publiés par un échantillon de 3691 candidats entre le 22 mai, début officiel de la campagne, et le 9 juin. Sans chercher à prévoir le résultat du scrutin final, l’étude permet d’évaluer l’état du rapport de force existant entre les différents mouvements politiques engagés dans cette nouvelle bataille électorale, deux mois après la fin de la présidentielle.

Chiffres clés

- Une majorité de candidats aux législatives (52%) a utilisé Twitter dans le cadre de la campagne, avec une moyenne de 76 tweets par personne

- 3/4 des candidats LREM disposent d’un compte Twitter, contre une minorité de leurs concurrents FI (48%) et à peine plus de 60% des candidats FN.

- Le Front National et la France Insoumise affichent à la fois les communautés les plus importantes (7500 followers en moyenne pour le FN, 6100 pour la FI) et les plus engagées (23 retweets par post en moyenne, soit près de 3 fois le score atteint par les candidats LREM)

- Jean-Luc Mélenchon, dont les tweets ont suscité plus de 103 586 retweets au cours de la campagne, apparaît sans conteste comme le candidat le plus influent de ces législatives sur Twitter, avec un score plus de deux fois supérieur à celui de Marine Le Pen (50 927 retweets)

- Les candidats LREM s’imposent comme les plus influents sur Twitter dans 239 circonscriptions contre 111 pour le FN, 92 pour le PS, 70 pour LR-UDI et 52 pour la FI.

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