Ronchonnements et grognements d’ex expats français…

BackToFrance
Retour en France
Published in
5 min readOct 23, 2016

--

…Et leurs avantages

Les Français sont connus (tout du moins par eux-mêmes) pour être de vrais ronchonneurs. Jamais contents. Et quand vous croisez des Français à l’étranger, un des sujets dont ils se plaignent le plus, c’est du fait que leurs compatriotes se plaignent tout le temps. Le comble ! Ils seraient partis ou ne souhaitent pas rentrer pour cette raison, entre autres : fuir les râleurs. Allez, avouez-le, vous êtes déjà en train de râler en lisant ces lignes : “pfff, encore un qui se plaint” ou bien “n’importe quoi, je ne me plains pas moi”. En tout cas, ne vous en faites pas, l’objet de cet article est d’exprimer ma gratitude, et non pas pour me plaindre !

De nombreuses personnes viennent témoigner de leurs retours réussis ! Dans de nombreux cas, les choses se passent relativement rapidement, de façon fluide et sans mauvaises surprises. Ils ne se perdent pas dans les méandres de l’administration française, trouvent rapidement des écoles pour leurs enfants et un travail tout aussi qualifié que les postes occupés précédemment, et n’ont pas de problèmes particulier à recréer un cercle d’ami et une vie sociale satisfaisante. Vous trouverez facilement de tels témoignages dans les forums d’échange d’ex-expats, sur Facebook et ailleurs.

Toutefois, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Pour certains, le retour est marqué par une période intense d’efforts acharnés pour se refaire une place dans leur pays natal : recherche d’emploi, recherche de logement, réinscriptions à la sécurité sociale, sur les listes électorales etc. Une fois cette période passée, tout cela se tasse et la réintégration commence réellement. Pour d’autres, ces difficultés durent dans le temps. Certains ont énormément de mal à retrouver un emploi, leur parcours n’étant pas lisible pour les recruteurs français, et font ainsi face à des difficultés financières et à une précarité, dont plus le temps passe, plus il est difficile d’en sortir. Certains passent des mois et des mois noyés dans des batailles administratives qui leur prennent tout leur temps : ils n’arrivent à faire valoir leurs droits, à exister aux yeux des administrations françaises. Certains, enfin, sont confrontés au choc culturel inversé. Décalage, incompréhensions, angoisse, dépression. Ces obstacles sont parfois liés entre eux, et cela peut donner un cocktail d’obstacles à surmonter.

Un phénomène amplifie ces difficultés. En rentrant en France, les ex-expats pensent revenir dans un environnement favorable. S’exprimer enfin dans sa langue maternelle, comprendre tout ce que l’on vous dit, jusqu’aux sous-entendus et allusions, en passant par l’ironie et le sarcasme, connaître la mentalité… Un véritable confort ! Des parents ne sont pas loin et peuvent vous prêter main forte si besoin. Et selon là où vous avez habité, rentrer signifie retrouver également du confort, mais cette fois au sens propre du terme : un climat plus doux, de l’eau chaude et de l’électricité… Assurément, le retour doit signifier un retour à une certaine facilité !

Une partie de la difficulté au retour réside donc dans le décalage entre les attendus et la réalité.

Echanger entre ex-expatriés pour évoquer les obstacles, ce n’est donc pas se plaindre pour le simple plaisir de ronchonner. Ces échanges permettent déjà de trouver des personnes qui rencontrent les mêmes difficultés et de les résoudre ensemble, d’échanger des trucs et astuces qui peuvent réellement simplifier la vie.

Cela permet également à ceux qui préparent leur retour de savoir ce à quoi ils pourraient être confrontés. Et donc de réduire le différentiel entre les attendus et la réalité. De cette manière, on peut mieux se préparer en amont du retour, et la confrontation avec les tracas du retour n’est pas une si grosse claque pour l’ex-expat qui est déjà au courant. La désillusion est moins grande. Et alors les choses sont plus faciles.

Pour avoir vu des amis rentrer de l’étranger, et les années de galère qui avaient suivi pour eux, je savais bien avant mon retour qu’il s’agirait d’une étape à franchir. J”ai donc mis les bouchées doubles. Je pense que ça a payé, même si je ne suis pas au bout de mon parcours de réintégration. En revanche, connaître de façon théorique les potentielles difficultés reste très différent que de les traverser soi-même. J’avais sans doute tout de même sous-estimé certains aspects. Plusieurs réseaux et forums consacrés à la question sont d’une grande aide : France Accueil Retour, Club VIE.. Sans parler du site Retour en France, des groupes d’entraide. Un travail acharné se cache derrière certains groupes, un enthousiasme sans limite derrière des initiatives qui sont d’une grande aide. Ainsi, le mise en place du simulateur des démarches administratives au retour, ou la rédaction du Guide du retour en France 2016 par Anne-Laure Fréant, qui a su partager et capitaliser sur son expérience de façon à aider des milliers d’impatriés. Mon retour a ainsi été bien plus simple que celui de mes amis, rentrés il y a plusieurs années, grâce à tout ce qui a été créé depuis. Encore une fois : MERCI !

Le nombre de messages publiés quotidiennement sur les réseaux sociaux concernant le retour d’expatriation témoignent des nombreuses réponses que se posent les impatriés. Et de la réelle nécessité de les avertir afin qu’ils puissent préparer leur retour du mieux possible. L’expression de ces difficultés n’est pas une plainte, un ronchonnement superflu, c’est un besoin, une façon de résoudre les problèmes et de les éviter au maximum pour les futurs ex-expats !

Un fait surprenant ne fait que souligner ce besoin. Parmi les personnes satisfaites de leur impatration passent beaucoup de temps sur les forums d’ex-expats et viennent avec grand plaisir aux rencontres qui peuvent être organisées. Visiblement, même si tout se passe bien, il y a tout de même un besoin, ou tout du moins une envie d’échanger, de retrouver d’autres personnes avec qui on peut partager ce que l’on a vécu, ou alors qui partagent certains centres d’intérêt et goûts (pour le voyage, les langues, pour un pays en particulier…). Ou simplement, ils savent que cela va prendre du temps, et mettent toutes les chances de leur côté pour que tout se passe bien.

Je me suis bien demandé à un moment si les échanges sur les difficultés ne pouvaient nous ajouter une difficulté supplémentaire : stigmatiser un groupe. En donner une image de rois du ronchonnage. Evidemment, si en plus d’avoir des parcours atypiques illisibles sur le marché de l’emploi français, si en plus on se colle une image de râleurs, exigeant d’être assistés et n’étant pas autonome, cela ne peut nous aider dans nos carrières !

Mais il faut bien faire la part des choses. Ces discussions ont lieu dans des espaces dédiés et bien délimités. Et, comme je l’ai montré plus haut, elles ont un vrai rôle pour faciliter le retour des ex-expats et sont réellement constructives, car débouchent sur des solutions concrètes pour les personnes qui y participent.

Ainsi, chaque personne qui vient échanger sur ses difficultés aide tous les autres qui préparent leur retour ou qui viennent de rentrer. Continuez !

--

--

BackToFrance
Retour en France

Après plusieurs années de vie à l'étranger, je rentre en France. Petit journal de bord :) #expatriation #retour #retourdexpatriation