Le seuil mortel de T° humide?

C’est quoi?

Pascal Kotté
revolutions-de-la-transition
7 min readJun 19, 2021

--

A gauche le scénario 2 degrés, à droite, le scénario “business as usual” et 5° en 2100.

https://www.nature.com/articles/nclimate3322 (2017), repris sur https://www.hawaii.edu/news/2017/06/19/rising-deadly-heatwaves/

Pour résumer, les mammifères ont biologiquement été conçus pour des climats “polaires et désertiques”, car à “sang chaud”… Mais bien adapté dans un monde avec un climat “stable”… Or, notre Homéothermie est de 37 degrés, et entre 32 et 42 degrés pour les autres espèces. Les épisodes de chaleur de plus de 37 degrés, sont compensées par la sudation.

Mais dans une atmosphère saturée à 100% en humidité, la sudation ne fonctionne plus. Quel est alors l’espérance de vie d’un animal, humain?

Nous ne sommes pas tous égaux, et ce seuil est donc variable, et la durée exposée avant un “coup de chaleur” mortel, est en réalité une très large “fourchette” de valeurs, mais en moyenne, ce seront quelques heures au maximum, si on dépasse les 35 degrés à 100% d’humidité.

Dans un environnement chaud, le vaste réseau de vaisseaux sanguins qui se trouvent sous la peau va aussitôt se dilater. La peau rougit sous l’afflux de sang tandis que le cœur s’accélère pour pouvoir continuer d’alimenter correctement en oxygène les organes nobles tels que le cerveau. La perte d’eau est extrêmement rapide puisqu’elle peut atteindre 2 ou 3 litres par heure, il faut donc compenser en buvant abondamment. (LeFigaro 2015)

Décès journaliers entre 2000 et 2020

Source INSE, territoire: France

https://bonpote.com/canicules-a-venir-des-etes-a-50-degres-en-france/

Voir l’article de Romane SAUVAGE (2020)

35 degrés de température humide, ce seuil mortel pour l’homme n’est plus une fiction — Edition du soir Ouest-France — 18/08/2020

35 degrés de température humide, ce seuil mortel pour l’homme n’est plus une fiction

Par Romane SAUVAGE

Parmi les phénomènes extrêmes accompagnant le dérèglement climatique, la chaleur humide devient plus fréquente. Une étude publiée en mai 2020 a recensé à deux reprises 35 degrés Tw, le seuil de température humide mortelle pour l’homme. Cela n’aurait pas dû survenir avant la fin du XXIe siècle.

L’été 2003, le plus chaud enregistré en France depuis 1950 a marqué les esprits et chacun observe que les vagues de chaleur, comme celles de ce début août, deviennent monnaie courante. Avec le changement climatique, les scientifiques s’attendent à la multiplication de ces phénomènes météorologiques extrêmes. Et ces épisodes de chaleur intense pourraient, dans certaines régions du globe, s’accompagner d’une forte hausse de l’humidité dans l’air. Or cette combinaison est fatale pour l’organisme humain.

Les scientifiques appellent cela la « température humide » ou « température du thermomètre mouillé ». Combinant la température et le taux d’humidité dans l’air, elle est notée Tw, le « w » correspondant au mot anglais wet, signifiant « humide ».

35 degrés Tw, le seuil fatal pour l’être humain

Quand on dépasse les 35 degrés Tw, l’air est si chaud et humide que le corps humain, censé maintenir sa température interne entre 36,5 et 37 degrés Celsius, est alors incapable de transpirer suffisamment pour se rafraîchir : la thermorégulation n’est plus possible. En effet, pour que la sueur joue son rôle de régulateur de température pour l’organisme, il faut que l’air à la surface de la peau soit plus humide que l’air ambiant.

Or ce seuil de 35 degrés Tw vaut pour un corps en bonne santé, inactif, à l’ombre et correctement hydraté. Ces conditions idéales n’étant que rarement atteintes, le seuil auquel l’organisme est en danger peut se situer plus bas… Ainsi, dès 27 degrés Tw, la santé peut être mise en danger, surtout si l’épisode de chaleur humide dure.

Quand l’air est trop humide, la transpiration ne peut plus jouer son rôle thermorégulateur. (Photo : Minghong / Wikimédia / CC BY-SA 3.0)

Les canicules mortelles de 2003 en France et de 2010 en Russie ont fait des milliers de morts, alors que la chaleur humide n’avait pas excédé les 28 degrés Tw.

Faute de pouvoir se rafraîchir, en six heures, le corps succombe… Avec une humidité de l’air de 5 %, il faut une température réelle de 44,4 °C pour atteindre ces dangereux 35 degrés Tw. Avec une humidité de 85 %, le seuil fatidique est atteint à partir de 37,8 °C.

Plus de 35 degrés Tw au Pakistan et aux Émirats Arabes Unis

L’atteinte de seuils bas de température humide, mais déjà dangereux (entre 27 et 33 °Tw) a déjà doublé en fréquence entre 1979 et 2017, selon une étude publiée par des chercheurs américains et britanniques en mai 2020 dans la revue ScienceAdvances .

Et si on suit le scénario du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), en supposant que les activités humaines ne changent pas, le sud de l’Asie et le Moyen-Orient pourraient régulièrement atteindre des températures humides mortelles d’ici le dernier quart du XXIe siècle.

Les prévisions envisageaient que le seuil mortel de 35 °Tw serait atteint vers 2100, mais les coauteurs de l’étude ont observé que cela s’était déjà produit deux fois dans le passé. Deux stations météorologiques, l’une au Pakistan, l’autre aux Émirats Arabes Unis, auraient d’ores et déjà dépassé ce niveau de température humide, durant une à deux heures.

Par ailleurs, en divers endroits de la planète, on a déjà recensé des températures humides de 31 à 33 °Tw. Ces observations se concentrent en Asie du Sud, sur les côtes du Moyen-Orient et dans le sud-ouest de l’Amérique du Nord.

> Lire aussi : La grande plaine de Chine risque de devenir une fournaise inhabitable

La chaleur humide va toucher des zones très peuplées

Selon cette même étude, les zones les plus à même de connaître régulièrement ces températures et taux d’humidité élevés sont les zones subtropicales. Soit une partie de la zone tempérée où les climats sont rarement extrêmes mais où, pour certaines zones, les étés peuvent être très chauds et humides.

Capture d’écran de la carte des records de température humide dans le monde. Carte interactive établie par les auteurs de l’article « The emergence of heat and humidity too severe for human tolerance » publié dans ScienceAdvances le 8 mai 2020. (Crédit : Colin Raymond, Tom Matthews et Radley M.Horton)

Ces températures pour l’instant rares sont susceptibles d’apparaître dans des zones très spécifiques. La recette ? Des zones côtières, dans l’idéal proche de golfes ou de baies, où l’eau peu profonde limite la circulation océanique et permet des températures élevées à la surface de la mer et à proximité de sources de chaleur continentale.

Le golfe Persique, le sud-est des États-Unis, le Pakistan ou encore le Mexique sont ainsi de bons candidats à l’observation de températures humides élevées.

Les zones océaniques et tropicales, elles, ne connaissent pour l’instant pas de températures humides supérieures à 31 ou 32 °Tw, cocktail pourtant déjà éprouvant. De plus, les forts épisodes d’El Niño, le courant côtier au large du Pérou et de l’Équateur, ont été l’occasion de températures humides atteignant régulièrement les 27 °Tw et 29 °Tw.

Les zones géographiques à risque désignées sont aussi parmi les plus peuplées de la planète. L’étude prévient : « Le littoral sud du golfe Persique et le nord de l’Asie du Sud abritent des millions de personnes, ce qui les place en première ligne de l’exposition aux températures humides extrêmes. »

Mesurer et appréhender la température humide deviendra donc rapidement essentiel à la survie d’une bonne partie de la population du globe, qui n’aura parfois pas d’autres choix que de déserter ces lieux aux conditions les plus extrêmes.

Voir aussi:

--

--

Pascal Kotté
revolutions-de-la-transition

Réducteur de fractures numériques, éthicien digital, Suisse romande.