Résumé et vulgarisation du 3ème volet du 6ème rapport du GIEC

Gregoire Guirauden
Riverse
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9 min readApr 4, 2022

A. Introduction

Ceci est un résumé du “Résumé à l’attention des décideurs politiques” du rapport du 3ème groupe de travail du 6ème rapport du GIEC !

L’objectif de ce document est une vulgarisation des principales conclusions du rapport. Elle n’engage que moi, mais vous permettront d’avoir rapidement une vision synthétique !

Je vous invite à suivre les traductions officielles qui vont suivre dans les semaines à venir, qui ne manqueront pas d’être plus strictes que les miennes.

Lien vers les rapports :

B. Développements récents et tendances actuelles

B.1 Plein gaz 1

Les émissions anthropiques de GES ont continué à augmenter sur 2010–2019, mais un peu moins vite que sur 2000–2009. Toutefois, On reste sur un record mondial, que l’on continue de battre chaque jour !

Graphe relativement simple qui explique qu’on augmente pépère les émissions de gaz à effet de serre.

B.2 Plein gaz 2

Les émissions anthropiques GES ont augmenté depuis 2010 dans tous les grands secteurs de la planète à l’échelle mondiale. Il n’y a aucun bon élève, mais les zones urbaines sont particulièrement responsables de la hausse. Enfin, on a bel et bien amélioré l’intensité énergétique du PIB et l’intensité carbonique de l’énergie, mais bien en deçà de l’augmentation des émissions due à la hausse de l’activité mondiale dans l’industrie, l’approvisionnement en énergie, les transports, l’agriculture et les bâtiments.

B.3 Les disparités entre régions sont colossales.

Cela dépend des stades de développement et de revenus mais également des régions. Le top 10% des ménages contribuent jusqu’à 45% des émissions totales. Sur la dernière décennie, seuls 18 pays ont réussi à réduire les émissions continuellement tous les ans.

Note : les pays les moins avancées (PMA) et les pays-îles isolés ont contribué respectivement à 0,4% et 0,5% des émissions anthropiques sur 1850 et 2019. Ca fait pas beaucoup quand on sait que c’est les pays qui en souffrent le plus.

Tableau certes peu digest mais qui mérite qu’on s’y penche un peu.

B.4 Politique d’innovation = baisse des coûts = adoption massive

Les coûts unitaires de plusieurs technologies à faible taux d’émission n’ont cessé de baisser depuis 2010, grâce à des politiques d’innovation ambitieuses. Cela a permis une explosion des taux d’adoption. L’adoption de ces émissions prend du retard dans les pays en développement en raison de conditions moins favorables. La numérisation peut permettre de réduire les émissions, mais elle peut avoir des effets secondaires négatifs si elle n’est pas gérée de manière appropriée.

Note : entre 2010 et 2019, les coûts unitaires ont décru de 85% pour l’énergie solaire, 55% pour l’éolien, 85% pour les batteries ion-lithium

Séries de graphes plutôt limpides, mettant en lumière que dans les bagnoles électriques sont pas chères, forcément les gens les achètent beaucoup plus. Il fallait y penser.

B.5 Les politiques publiques ça marche, mais faut accélérer !

Les politiques de lutte contre le réchauffement climatique sont en expansion constante et très efficaces. En revanche, elles ne couvrent pas encore tous les secteurs, et sont insuffisantes par rapport aux objectifs des accords de Paris.

Note : les flux financiers pour lutter contre le réchauffement climatique ont augmenté de 60% entre 2013/14 et 2019/20, mais la croissance moyenne s’est réduite depuis 2018. Faut pas lâcher !

B.6 Les engagements de la COP26 : insuffisant !

Les engagements pris lors de la COP26 ne permettent pas d’atteindre les 1,5°C, et très difficilement les 2° (seulement en cas de décrue massive après 2030). De plus, les politiques jusqu’alors appliquées ne sont pas conformes aux objectifs que les pays se sont eux-mêmes fixés !

Schéma compliqué expliquant que si on ne fait rien c’est le gros trait rouge, et qu’on aura alors très très chaud.

B.7 Construire de nouvelles infrastructures fossiles = Highway to Hell

Les infrastructures de combustibles fossiles existantes et actuellement prévues assurent un dépassement certains des 1,5°, et nous dirigent à minima vers les 2 degrés. En construire de nouvelles relève désormais donc de l’inconscience ou de la folie.

Brian Johnson en pleine diatribe contre le réchauffement climatique avant le rapport Meadows. Visionnaire.

C. Les transformations nécessaires du système

C.1 From 1,5°C to 3,2°C ?

Pour atteindre nos objectifs de 1,5° ou 2°, il faut que le pic d’émissions soit compris entre 2020 et 2025. Sans réel effort d’ici 2025, on se dirige grosso modo vers un réchauffement planétaire de 3,2° a minima. C’est chaud ma gueule.

Tableau synthétique, visiblement à destination des décideurs politiques.

C.2 Objectif Net Zero

Au plus tard on atteint le Net Zero, au plus on augmente de manière certaine le réchauffement pour ce siècle et ceux à venir. Cela doit être notre unique boussole pour les 3 décennies prochaines. La réduction drastique des émissions de méthane d’ici 2030 et 2040 est une condition cruciale pour atteindre ces objectifs.

C.3 C’est pas OU c’est ET et c’est partout !

Pour atteindre nos objectifs, les réductions drastiques doivent concerner tous les secteurs, dès que possible. Transition hors des combustibles fossiles, déploiement massif d’énergies décarbonées, amélioration de l’efficacité énergétique, réductions drastiques des autres GES que le CO2, et séquestration de carbone pour neutraliser le reste à charge, tout doit y passer. Du plein gaz au full speed !

Full Speed dans mon nazgul zéro carbone

C.4 On ne peut pas le dire autrement : il faut arrêter de puiser plus de pétrole, de gaz et de charbon.

Pour le secteur de l’énergie, l’équation est basique. Il faut sortir dès que possible du fossile, développer massivement les énergies décarbonées, et augmenter l’efficience énergétique. Poursuivre l’installation de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est une folie, quelles que soient les excuses que trouvent les majors du secteur. (Coucou Athena et Cryo Pur)

C.5 Réduire les émissions de l’industrie : un défi complexe mais nécessaire

Réduire les émissions de l’industrie est difficile, mais possible en mobilisant tous les acteurs des chaînes de valeur. L’efficacité, la décarbonation énergétique et la transition vers un modèle d’économie circulaire, sont les trois axes à attaquer. La captation carbone reste une option, mais qui reste annexes par rapport aux autres objectifs. (Coucou Enogia, H2P et EcoTechCeram)

C.6 Les villes : quand les gens voient un risque, le GIEC voit une opportunité

Les 3 axes de travail pour réussir la transition vers des villes modernes sont les suivants :

  1. la réduction ou la modification de la consommation d’énergie et de matériaux
  2. l’électrification
  3. l’amélioration de la captation carbone dans l’environnement urbain.

En cas de succès de ces transitions, les cobénéfices locaux seront colossaux.

C.7. Le bâtiment, c’est colossalement Net Zero

Les bâtiments doivent faire, avec l’aide des gens, leur transition vers des modèles de neutralité carbone. Face aux enjeux colossaux, des politiques publiques non moins colossales doivent être mises en œuvre. La contribution de la transition du bâtiment aux ODD peut être, elle aussi, colossale (coucou Accenta et Ithaque)

C.8 Transport : réduction et décarbonation

La réduction de l’intensité et de la quantité de transport par des changements sociétaux est la première réponse aux enjeux, et contribuera largement à l’amélioration de la qualité de vie. Le passage aux énergies décarbonées est évidemment obligatoire. Les énergies du futur telles que l’hydrogène, les biocarburants durables ou les carburants de synthèse ont un certain potentiel, mais nécessitent une forte amélioration des process (coucou Dioxycle et Carboneo)

C.9 Agriculteurs et forestiers, on compte toujours sur vous

Les potentiels de capture par les sols agricoles et les espaces naturels restent clés, et les politiques doivent être mises en oeuvre pour faire des terres des puits de carbone puissants et résilients. Les cobénéfices liés à ces politiques seront puissants et cruciaux sur la résilience systémique des écosystèmes. (Coucou Rize Ag et Sysfarm)

C.10 Arrêt-buffet pour la consommation effrénée

Réduire notre consommation peut induire des réductions d’émissions de 40 à 70%. Je redis : 40% à 70% de réduction d’empreinte carbone si on arrête de consommer comme des gorets. Place à la qualité et à l’économie circulaire !

Combattant du climat en pleine lutte dans une grande enseigne de mode

C.11 Captation technologique du CO2 : on n’y coupera pas

On a trop tardé pour s’en passer. Donc même si ces technologies sont loin d’être efficientes, nous n’atteindrons malheureusement pas nos objectifs sans. Mais sans réduction drastique, elles ne seront jamais suffisantes non plus, on n’oublie pas le sens des priorités !

C.12 100€ la tonne et la moitié du travail est fait !

50% des émissions mondiales peuvent être réduite d’ici 2030 avec des mesures en dessous de 100€ la tonne. Donc au boulot sur les quick wins, et on travaillera sur le plus dur après. S’il en vrai que ces politiques de lutte contre le changement climatique risquent de limiter quelque peu la hausse du PIB, les effets néfastes de ne rien faire seront largement pires que ces quelques points de PIB non gagnés !

Ca vaut le coup de s’y pencher malgré le détail : prix moyen dans le monde du coût des différentes mesures nécessaires pour atteindre la neutralité carbone.

Liens entre l’atténuation, l’adaptation et le développement durable

D.1 Les ODD comme boussole du compromis

Pour un développement réellement durable, il faut une accélération de l’action climatique, et une meilleure équité dans la répartition des ressources et des usages. Pour juger des différents compromis qui seront nécessaires, les ODD offrent la solution pour une grille de lecture efficace.

Deuxième parpaing, peu synthétique mais utile, décrivant les bénéfices et inconvénients pour chaque ODD des différentes mesures nécessaires.

D.2 Développement durable, vulnérabilité, risque climatique : tout est tout.

Les pays les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables et les moins à même de lutter contre le changement climatique. Des politiques d’aides aux populations et aux pays vulnérables sont nécessaires pour protéger les plus vulnérables, et les écosystèmes dans lesquels ils vivent.

D.3 Equité et partage

Il faut collaborer et mieux partager la richesse créée, autrement les conséquences seront dramatiques et tout le monde en patira. Il est important d’inclure toutes les parties prenantes, mêmes les plus vulnérables, aux discussions et décisions, pour prendre les meilleures mesures.

E. Renforcer la réponse

E.1 Chap-chap les quick wins (i.e. se bouger de déployer les solutions connues et matures)

Il existe des solutions qui fonctionnent et qui peuvent être déployées massivement et rapidement. Il faut lever tous les freins qui limitent ces déploiements partout dans le monde, quand les barrières ne sont plus techniques. Les institutions politiques et sociales ont un rôle clé à jouer dans cette transition express et nécessaire.

Chap-chap, référence nouchi assez pointue

E.2 On ne lutte pas contre le changement climatique, on change de modèle

Il faut faire de cette transition nécessaire une chance. En intégrant les décisions dans un contexte économique plus large, et un nouveau modèle de développement, les bénéfices sociaux et économiques seront majeurs et permettront de lutter efficacement contre les méfaits du changement climatique. Il faut profiter des enjeux pour changer notre modèle productif, et ne pas être simplement dans un changement marginal d’un modèle à bout de souffle.

E.3 Une gouvernance climatique puissante et nécessaire

Les enjeux sont tellement nombreux et diffus que seule une gouvernance climatique forte peut fournir les cadres nécessaires à une telle transition. Une gouvernance climatique efficace et équitable repose sur l’engagement des acteurs de la société civile, des acteurs politiques, des entreprises, des jeunes, des travailleurs, des médias, des peuples autochtones et des communautés locales.

E.4 Les politiques climatiques marchent… et sont plus que jamais nécessaires

Des mesures réglementaires et économiques ont déjà été déployées avec succès. Celles qui favorisent l’innovation et renforcent les capacités sont plus à même de soutenir une évolution vers un avenir équitable à faible taux d’émission que les politiques individuelles. Les mesures prises à l’échelle de l’économie, en fonction des circonstances nationales, peuvent permettre d’atteindre des objectifs économiques à court terme tout en réduisant les émissions et en orientant les modes de développement vers la durabilité.

E.5 Il faut plus d’oseille

Les flux financiers recensés sont inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs. Des soutiens politiques forts des gouvernements et de la communauté internationale sont nécessaires pour augmenter ces flux. Une réattribution des flux vers les pays en développement pour leur permettre d’effectuer leur transition et de réduire les impacts du changement climatique est également importante.

E.6 Nous devons tous coopérer.

La coopération internationale est un catalyseur essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux de lutte contre le changement climatique. La CCNUCC, le protocole de Kyoto et l’accord de Paris soutiennent les niveaux croissants d’ambition nationale et encouragent le développement et la mise en œuvre de politiques climatiques, même si des lacunes subsistent. De telles initiatives doivent perdurer, et être renforcées.

Enigmatique message de “Trap Bob” pour finir

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Gregoire Guirauden
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