QUAND LE DESIGN THINKING RENCONTRE L’IMPRO

Ou comment penser le digital autrement… et sans post-it !

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7 min readJul 11, 2019

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Mêler design thinking et improvisation théâtrale pour s’interroger sur les moyens de créer du lien à l’ère digitale : un concept incongru et pourtant hautement productif et fonctionnel, imaginé de toutes pièces par Mario Esposito, coach agile chez Rocket Labs, et Philippe Patteyn, coach en développement relationnel. Ensemble, ils ont entraîné plus d’une centaine de personnes dans cette expérimentation qui laisse entrevoir de belles perspectives. Retour cet événement organisé le 8 janvier à l’Insa (La Doua).

Tout commence par une rencontre…

Lorsque Mario et Philippe font connaissance au cours d’un meetup du CARA Lyon (Club Agile Rhône-Alpes), la mayonnaise prend immédiatement, au point qu’ils décident très vite d’organiser l’un de ces ateliers ensemble. Quels points communs, pourtant, entre un UX designer devenu coach agile au sein de notre agence d’innovation et un coach en développement relationnel aux méthodes issues de l’improvisation théâtrale ?

Les rencontres Meetup Cara à Lyon.

À les entendre, il en existe plus d’un et la convergence entre leurs deux mondes est même fondamentale. Assidu aux meetups depuis sa période parisienne, Mario s’est en partie formé aux théories de l’UX design (le design basé sur l’expérience utilisateur) grâce à ces rencontres professionnelles où la connaissance circule sous un format ludique, bienveillant et très ouvert. C’est ainsi qu’il fréquente celles du CARA Lyon où il rencontre Philippe, lui aussi séduit par ces réunions et leur caractère pluridisciplinaire.

« En discutant, nous avons tout de suite compris que nous faisions la même chose, mais de deux manières différentes.

Evident comme une crêpe pizza !

Évident comme une crêpe-pizza

Italien marié avec une Française, Mario mêle les cultures et les approches au fil de ses expérimentations. Au point d’inventer avec sa femme… la crêpe-pizza. C’est dans cet esprit qu’il a toujours cherché à innover et mélanger le design thinking avec d’autres méthodologies de travail pour en revenir au fondamentaux de ce processus de créativité, au-delà de l’effet de mode actuel.

Et ce sont ces fondamentaux, justement, qui trouvent un écho chez Philippe lors de leur rencontre. Plaçant l’improvisation et la psychologie positive au cœur de ses ateliers, ce dernier conçoit l’agilité comme la capacité à accepter une situation donnée pour ensuite « faire avec ». L’immersion, la génération d’idées, le prototypage puis les phases de test du design thinking correspondent pour lui à l’écoute, au lâcher-prise, à la créativité et à l’expérimentation inhérents à l’improvisation.

« Les parallèles entre nos pratiques étaient évidents et le format des meetups permettait d’expérimenter directement une sorte de nouvelle crêpe-pizza méthodologique, rencontre entre l’improvisation et le design thinking. »

Faites comme Mario et penser à lâcher prise avant tout !

Lâcher-prise avant tout

C’est ainsi que nos deux nouveaux amis se retrouvent et préparent leur meetup pour le CARA Lyon… en quelques heures à peine. Le thème sonne comme une évidence pour Mario : « comment créer du lien dans l’ère digitale ? ». Ce questionnement fondamental de Rocket Labs a trouvé chez lui un écho tout particulier lors des dernières fêtes de Noël :

« Mon fils avait reçu des cadeaux qui l’amenaient uniquement à jouer seul… je me suis donc demandé comment recréer du lien pour jouer ensemble. »

Après la thématique, c’est le déroulement de la soirée qui fait très vite l’objet d’un consensus : il reprendra les grandes phases traditionnelles du design thinking (empathie, définition du problème, idéation, prototypage et test), tout en insistant particulièrement sur le lâcher-prise. Car pour Philippe, cette dernière phase est trop souvent négligée dans les ateliers de créativité :

« Le lâcher-prise est une étape essentielle en improvisation. Elle permet de casser les barrières entre participants et de prendre confiance en la suite du processus : la créativité et la génération d’idées viennent ensuite naturellement. »

Phillipe Patteyn chauffe un salle avant la séance !

Casser la glace

Réunissez un spécialiste de l’improvisation théâtrale et un Napolitain devant une centaine de personnes et laissez l’alchimie opérer : avec les grandes étapes de leur atelier en tête, Philippe et Mario plongent directement dans le grand bain, entraînant avec eux tous les participants du meetup.

Nos deux intervenants commencent par présenter le design thinking à l’audience, le définissant comme une approche de conception globale et centrée sur l’utilisateur, permettant d’innover quel que soit son secteur d’activité, de l’architecture… à la pâtisserie.

C’est ensuite que débute véritablement l’atelier avec un temps de lâcher-prise piloté par Philippe. Le corps et la voix sont au cœur de ces quinze minutes décisives pour le reste de la soirée, car elles permettent de briser la glace entre les participants :

« Au début, certains étaient un peu inquiets, se demandaient ce que nous allions faire. Puis, tous se sont prêtés au jeu dans une atmosphère bon enfant. C’était de bon augure pour la suite. »

“Oui et…”

« Oui et… »

Après cet échauffement inhabituel pour beaucoup d’entre eux, les participants enchaînent donc les étapes du design thinking. L’immersion leur permet de partager des histoires vécues, d’échanger des anecdotes sur le thème de la soirée afin de faire ressortir des mots-clés. La phase d’idéation est ensuite menée de manière atypique ; chacun doit rebondir sur un mot-clé transmis par un autre participant, en utilisant le concept « Oui et Hop » inventé par Philippe :

« Comme en improvisation, il s’agit d’abord d’accepter un donné avant d’apprendre à “faire avec” et ainsi, s’inscrire dans une co-construction. »

Générées de cette manière en petits groupes, les idées sont ensuite formalisées sous forme de trouvailles, présentées aux autres groupes. C’est alors que nos deux organisateurs introduisent un changement qui déstabilise certains participants : les groupes doivent s’échangent leurs trouvailles avant de poursuivre le processus… avec des idées qui ne sont pas les leurs, tout en respectant de nouvelles contraintes — la trouvaille doit créer du lien avec les enfants, les parents, les amis, les relations professionnelles, etc.

D’abord étonnés, beaucoup se prennent au jeu et expérimentent véritablement l’agilité et le design thinking : ce processus leur apprend à accepter la situation puis à s’y adapter pour en tirer parti, afin d’innover sans se mettre de barrières.

Le théâtre supplante les post-it !

Quand le théâtre supplante les post-it

Dans notre imaginaire, aucune séance de design thinking ou de brainstorming sans murs de post-it colorés. Pour sortir de cette approche conventionnelle, Mario et Philippe utilisent le théâtre, vecteur d’expression et de créativité. Debout dans l’amphithéâtre, les groupes travaillent d’abord oralement sur les premières phases d’idéation, puis de décision.

Et lorsque vient le tour des phases de prototypage et de test … les participants sont invités à préparer puis jouer une présentation de leur solution pour créer du lien dans l’ère digitale. Si elle semble a priori complexe, cette demande finit par enthousiasmer l’assistance :

« Chaque groupe voulait jouer la scène qu’il avait préparée et tous étaient très motivés. Au point que nous n’avons pas eu le temps d’assister à toutes les présentations. »

Épilogue

À l’issue de l’atelier, l’intuition de Philippe et Mario s’est confirmée, ouvrant la voie à une approche différente du design thinking. Décisif, le lâcher-prise a permis aux participants de mieux appréhender les phases d’idéation, tandis que le théâtre leur a ouvert la voie à une expression corporelle, plus directe et moins cérébrale que les étapes de prototypage et de test habituelles.

Déroulement des 5 étapes du design thinking par Yvan Boissaux (Product Owner) !

Pendant ces deux heures très intenses, les designers et acteurs en herbe sont restés à la fois concentrés et enthousiastes, tout en générant beaucoup d’idées et de propositions beaucoup plus osées que lors des ateliers traditionnels. Une preuve que l’innovation peut venir du mélange des méthodologies :

« La réussite des équipes multiculturelles et pluridisciplinaires le montre : les mélanges créent de la richesse. En mêlant des méthodologies qui semblent éloignées les unes des autres, on met en fait le doigt sur ce qui les rapproche et on en retire le meilleur, à l’image de l’improvisation théâtrale et du design thinking. »

Rétrospective réalisée par Lydie Boffy, Mario Esposito et Philippe Patteyn pour Rocket Labs

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