Cinq leçons sur la prise de parole engagée par Linh-Lan Dao

Tous les mois, j’ai l’honneur d’interviewer une femme inspirante dans le cadre du programme d’accompagnement au leadership à impact LES FEMMES OUVRENT LA VOIX.E.

Ce mois-ci, nous avions le plaisir de recevoir Linh-Lan Dao, journaliste d’investigation visuelle et journaliste illustratrice chez France TV, engagée sur les questions du racisme anti-asiatique en France.

Voici les cinq précieux apprentissages sur la prise de parole engagée, tirée de cette rencontre.

#1 « Si je l’ai vécu, je suis légitime »

Avant de prendre la parole sur un sujet qui nous touche, nombreux.ses sont celleux d’entre nous qui se retiennent de peur de ne pas être légitime. Le conseil de Linh-Lan : « Ma vérité m’appartient, personne n’a à remettre en cause notre vécu ». Si j’ai été concerné par une problématique, j’ai le droit de prendre la parole.

Selon elle, on peut même aller plus loin et se rappeler que, c’est en parlant qu’on autorisera aussi les autres à le faire. C’est d’ailleurs le fait que d’autres personnes se soient ouvertement engagées, avant elle, contre le racisme anti-asiatique, qui l’a aidé à se lancer.

#2 En cas d’attaque, s’entourer et recontextualiser

Quand on prend la parole sur des sujets aussi sensibles que le racisme en France, il y a de fortes chances — qui plus est, si vous êtes une femme racisée — que les attaques et les critiques fusent. Cela sera d’autant plus déstabilisant que cela pourra venir de personnes que vous pensiez défendre.

La stratégie de Linh-Lan : commencer par s’entourer. Parler avec des personnes qui ont déjà eu à gérer ces attaques. La journaliste Rokhaya Diallo a alors été pour elle un vrai soutien.

L’autre levier précieux : se rappeler que « c’est parce que ça dérange que c’est utile. ». Finalement, les réactions ne font que montrer les peurs et les figements sur des sujets restés trop longtemps tabous et qui ont besoin d’être mis sur la table pour être reconnus.

« Nous avons besoin de reconnaître la violence, pour pouvoir lutter contre. »

#3 Une prise de parole efficace et une prise de parole qui vous ressemble

Quand Linh-Lan s’est lancée, elle était alors plutôt reconnue dans son métier pour son expertise dans la vulgarisation scientifique. Quand elle a décidé de prendre la parole sur le racisme anti-asiatique, elle a décidé de le faire d’une manière qui lui ressemble : par l’humour et la légèreté (Cf vidéo ici).

Elle recommande également de parler depuis un espace de franche sincérité : qu’est-ce qu’on dirait avec nos tripes ? Et de ne pas hésiter à se montrer vulnérable, à parler de nos fragilités, puisqu’il n’y a qu’ainsi que l’on peut vraiment connecter avec l’humanité de l’autre.

Enfin, votre message sera d’autant plus efficace qu’il s’appuie sur du concret. Parler de situations réelles permet d’imager votre message et le rend beaucoup percutant.

#4 Pour se faire entendre, concentrez votre message

Le dernier conseil de Linh-Lan pour s’assurer d’être entendu : faire court. Avant toute prise de parole, posez-vous les questions :

• Quel est l’objectif de ma prise de parole ?
• Quelles sont les 3 idées clé que j’aimerais faire passer ?

« Mieux vaut répéter plusieurs fois les mêmes trois idées et qu’elles soient retenues, que de démultiplier les messages et qu’il n’en reste rien. »

#5 Vers un leadership 100% authentique et sorore

Pour Linh-Lan, être une leader c’est « s’accepter telle que l’on est, et le rester quoi qu’il arrive. ». S’il a pu lui arriver d’être terrorisée par le jugement, elle a désormais travaillé sur elle-même, pour apprendre à aimer ses défauts autant que ses qualités. La clé selon elle : « ne se comparer qu’à soi-même, faire son chemin à son rythme, s’entourer de gens bien. ».

« Croyez en vous, personne ne le fera à votre place, soyez votre meilleure amie, aimez-vous. ».

Enfin, elle nous invite à dépasser le rapport de compétition dans lequel nous nous enfermons trop souvent entre femmes, pour passer à un rapport d’entraide sorore, qui nous aidera à nous tirer mutuellement vers le haut.

Un grand merci Linh-Lan pour cette conversation à cœur ouvert, qui nous donne le courage à chacune d’ouvrir toujours plus notre propre voix.