Une culture de plaisir et d’excellence

Ian Bussières
Rum&Code

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J’ai 31 ans. Ça fait de moi un « Y » ou un « millénial » : cette génération connectée, curieuse, téméraire et impatiente, des enfants d’Internet en constante recherche de renouveau. Avec le départ progressif des boomers du marché du travail, on représente collectivement une proportion grandissante des travailleurs. C’est particulièrement vrai dans les domaines technologiques ou numériques où le défi de recruter et de retenir les talents cause de nombreux maux de tête aux entreprises, aussi ambitieuses soient-elles. Si les employeurs des années ’70 avaient le luxe de choisir leurs employés, les rôles sont inversés depuis et les employés d’aujourd’hui ont le loisir de sélectionner l’environnement de travail qui correspond à leurs attentes et leurs habitudes de vie.

Quand mes deux associés et moi avons décidé de lancer Rum&Code, on l’a fait pour des raisons qui nous sont bien propres. Vous serez peut-être surpris, mais notre souhait n’était pas nécessairement de créer une entreprise. Certains lecteurs trouveront ça bien philosophique, mais en toute sincérité, l’entreprise était totalement accessoire. Elle est davantage le résultat d’une ambition de créer un environnement à notre image et une ambiance qui place le bonheur au travail au sommet des priorités.

On souhaitait mettre de l’avant nos connaissances et notre talent sur plusieurs projets d’envergure avec les personnes les plus compétentes et ambitieuses qu’on pouvait trouver. C’est vrai pour les collègues qui s’ajoutent à l’équipe, c’est vrai pour nos partenaires et c’est vrai pour nos clients. On voulait être des porte-étendards du mouvement #ShawiLove. Au final, le résultat concret est bel et bien la création d’une entreprise dont on est très fiers, mais de façon toute aussi importante, d’une culture qui nous ressemble.

Get shit done

Dès le commencement, la culture qu’on a entrepris de mettre en place repose sur un élément fondamental : un environnement de confiance universelle. Ça se traduit par une semaine de travail non pas à horaire flexible, mais littéralement sans horaire et le droit de travailler de n’importe où. Ce sont des concepts qui prennent leur sens que si on se fait tous confiance les uns et les autres.

Parfois, on nous demande comment on fait pour savoir si les employés font toutes leurs heures, mais c’est justement ce qu’on ne fait pas. En quoi est-ce que c’est important de travailler un nombre prédéterminé d’heures chaque semaine ? C’est certainement un changement de paradigme. La réponse c’est que ce n’est pas important du tout. L’important est de réaliser un objectif commun dans lequel le talent, les compétences et le potentiel de chaque individu sont maximisés. Chacun est maître de prendre les engagements à la hauteur de ses capacités et chacun est tenu de respecter les engagements qu’il a pris. C’est ça, notre philosophie get shit done.

Work hard, play hard

On prend à coeur la qualité des logiciels que l’on crée. On aborde chaque projet comme s’il allait être la tête d’affiche de notre portfolio. On embauche des gens que l’on peut qualifier de super-héros de leur domaine. C’est pourquoi chacun des nouveaux membres de l’équipe sélectionne un super-héros qui le représente bien puis on installe une affiche taille cinéma à son effigie qui décorera nos murs. On ne se contente que d’excellence dans nos projets et chez nos coéquipiers. Cela ne nous empêche pas d’avoir un coin lounge dans notre bureau à aire ouverte, avec une télévision et une console de jeux. Ainsi, il arrive qu’une personne passe son après-midi au bureau à amener notre franchise virtuelle des Canadiens de Montréal en séries éliminatoires, une journée pédagogique en ski avec les enfants ou un long weekend pour une retraite yoga.

Ce sont ces mêmes personnes qui prennent l’initiative de proposer un code bash (des soirées où l’on commande une toute garnie, se verse une bière — ou deux — et reste tous au bureau pour compléter un projet ou un livrable). Non seulement cette flexibilité et ce dévouement nous permettent d’accomplir de grandes choses, mais on a la chance de côtoyer des collègues qui sont authentiquement heureux.

Suite à l’initiative d’un membre de l’équipe, on a mis en place un garde-manger ouvert où tous peuvent se servir. Depuis ce temps, les gens prennent le temps de déjeuner au bureau et ça crée des moments où on peut discuter ensemble, se cafféiner (parfois un peu trop) et débuter notre journée sur des moments teintés d’échanges, de social et de sourires. L’odeur des toasts et du café quand on entre a un charme qu’on ne retrouve pas dans l’odeur de nos bouteilles du jeudi.

Toutes les semaines, on prend le temps de célébrer nos bons coups avec une bière, et oui, souvent avec un Rhum&Coke. Plus récemment, on a commencé une nouvelle activité pour toute l’équipe un jeudi sur deux. Geeks jusqu’au bout, on ferme les lumières en milieu d’après-midi, on sort les dés et on joue à Donjons et Dragons, un jeu de rôle sur table où chaque joueur interprète un personnage fictif dans un univers médiéval fantastique formant une équipe d’aventuriers. C’est une excellente activité d’équipe et de team bonding et c’est aussi un bon moment pour décrocher, rire et avoir du plaisir tous ensemble.

Que ce soit par ces initiatives ou les classiques comme les BBQ d’équipe, les soupers de Noël, ou les partys costumés d’Halloween, on se permet ces moments parce qu’on sait que lorsque le temps est venu pour réaliser nos objectifs et les produits de nos clients, on a le talent, le dévouement et les processus en place pour être efficaces. En plus, toute l’équipe travaille dans le bonheur et il n’y a pas de meilleur contexte pour réussir.

Évaluer au « P.I.F. »

Une des choses que l’on trouve complexe à faire en création de logiciels, c’est l’évaluation de la complexité et l’effort nécessaire pour la réalisation du projet. Les meilleures personnes pour s’approcher de la véritable réponse ce sont les personnes qui auront les mains sur le clavier. C’est l’une des raisons pour lesquelles, à toutes les deux semaines, on tient une période d’évaluation des projets au P.I.F. Contrairement à l’expression québécoise qui sous-entend que cette évaluation pourrait être bâclée, les lettres représentent le Potentiel du projet, l’Intérêt de l’équipe à le réaliser et la Faisabilité ou la difficulté. On y estime le projet avec le maximum de précision, en fonction de l’information que l’on a. C’est à ce moment que l’équipe a l’occasion de manifester son intérêt — ou désintérêt — à la réalisation. Un projet qui ne passe pas un certain seuil de Potentiel/Intérêt/Faisabilité déterminé par l’équipe entière ne sera tout simplement pas réalisé chez nous.

Cette transparence dans la sélection de projets, dans l’état de nos finances d’entreprise, dans l’embauche de nouveaux employés et stagiaires ainsi que dans la relation avec nos différents partenaires est essentielle à notre croissance. On croit fermement que ce sont des facteurs ayant grandement contribué à mieux recruter, à mieux retenir, mais aussi à améliorer la notoriété qu’on a su établir dans nos deux premières années d’activités.

Une culture d’entreprise ce n’est pas quelque chose que se planifie. C’est quelque chose qui se construit avec le temps, par et pour les individus. Il faut être capable d’accepter que celle-ci sera continuellement influencée, adaptée et changée par les personnes qui composent l’équipe.

Bien que cela ne fait que deux ans que notre entreprise existe, on a beaucoup appris (parfois à la dure). Peu importe ce que sera notre culture, notre niveau de volonté et notre capacité d’adaptation, jamais elle ne pourra plaire à tous. Il y aura des conflits de valeurs. Certaines personnes ne pourront pas performer dans un contexte où notre équipe, pourtant, réussit exceptionnellement. Ces gens-là changent éventuellement d’emploi, de leur propre chef ou non, et la bonne nouvelle c’est qu’ils en sortent plus heureux au final. Dans le fond, c’est ce qu’on souhaite tous.

On n’est pas les gourous de la culture d’entreprise. Ce n’est certainement pas une science exacte. On essaie des choses et ça marche. Au final, je souhaite m’adresser à toute personne, peu importe son rôle dans son entreprise : apportez des idées, essayez des choses, faites des erreurs. Encouragez les initiatives des gens qui vous entourent. C’est quand tout le monde met l’épaule à la roue qu’on peut réellement parler d’une culture d’entreprise.

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Ian Bussières
Rum&Code
Editor for

Tech Entrepreneur @ Rum&Code, startup and entrepreneurship enthusiast, work hard play harder type of guy.