EP. 12 — La conspiration de Ciales (1868–1870)

Salón Boricua
Salon Boricua FR
Published in
5 min readDec 31, 2023

Translated by: Cédrine Poulain

Mikeyla [M]: El Telégrafo de Salón Boricua. Un Podcast Culturel dédié au partage de l’Histoire, l’Art et la Culture Portoricaine.

Wilmer [W]: Je suis Wilmer Jobeth.

M: Et moi Mikeyla Jerian.

W: Et ensemble nous allons vous emmener faire un voyage dans le temps.

M: Pour vous raconter les histoires que peu de gens connaissent.

W: Nous allons explorer un passé de grandeur. El Telégrafo parle de vrais patriotes…

M: De femmes fortes…

W: Des événements oubliés dans des livres qui ne sont jamais racontés à nos enfants. Si vous écoutez [ou lisez] ceci vous résistez déjà. Si vous le partagez vous faites la révolution. Comme l’a dit le Maître notre meilleure arme est la connaissance.

W et M: Notre plus grand projet ? Notre air, notre mer, notre ciel, notre patrie… Porto Rico.

[Son de code Morse / Télégraphe]

[Bruit de touche sur une machine à écrire]

[Une cassette se lance]

La Conspiration de Ciales 1868–1870

W: Les habitants de Ciales ont eu dans leur histoire une tradition militaire de luttes libertaires et d’insurrection. Il est commun de dire qu’à l’époque il n’y avait pas de Portoricain plus fougueux qu’un de Ciales. Ce n’était pas dans un sens négatif mais il s’agissait de personnes qui ne permettaient pas ou ne toléraient pas l’injustice. Ce caractère de la population de Ciales (spécialement celle du quartier Frontón) se manifeste lorsque à la suite de l’attaque anglaise de 1797 les troupes espagnoles à Manatí ont rassemblé un groupe d’habitants de Ciales pour défendre Porto Rico.

Selon les explications de l’historien Juan Manuel Delgado, Ciales a été le seul village qui après le Grito de Larès en 1868 a continué de s’impliquer dans la révolution. En novembre 1868 a eu lieu la Conspiration de Novembre. Les révolutionnaires de toute la région, y compris ceux du sud de Manatí, en particulier de la région de Hato Viejo, El Cuco, et Montebello, allaient conspirer ce mois-là. Un propriétaire foncier nommé Pedro José Freytes, un Espagnol qui a fondé le Barrio de Montebello, commence bientôt à prendre des positions plus créoles, plus portoricaines contre les autorités espagnoles. Dans la partie sud de Vega Baja, un affranchi noir nommé Faustino dirige les efforts. À Morovis, des révolutionnaires collaborent également.

Cette première Conspiration de Novembre 1868 avait pour but de prendre les casernes espagnoles de Manatí, de rassembler toutes les armes et de continuer à recruter d’autres révolutionnaires en cours de route. Ils devaient ensuite se diriger vers la ville d’Arecibo pour libérer les prisonniers politiques du Grito de Lares et poursuivre la révolution. Malheureusement pour eux, la Conspiration est démasquée et les troupes espagnoles parviennent à y mettre fin en arrêtant ses principaux dirigeants. Deux ans plus tard, la flamme révolutionnaire se rallume. Une nouvelle conspiration se prépare.

Au début de l’année 1870, les préparatifs d’une autre conspiration ont commencé à Ciales, cette fois-ci un peu plus importante et avec l’appui de quelques étrangers. Le maire de Vega Baja dénonce les rumeurs selon lesquelles trois mille fusils entreraient par la plage de Sardinas pour les révolutionnaires de la région. La plupart des révolutionnaires étaient originaires d’Orocovis, de Ciales, de Morovis, de Vega Baja et de Manatí. On pensait que Betances continuait à participer à ses plans révolutionnaires depuis Puerto Plata [République Dominicaine]. Et que les mouvements révolutionnaires du Grito de Lares opéraient toujours clandestinement.

Ventura Casellas est l’une des principales figures de cette conspiration. Casellas occupait des postes administratifs et était l’un des plus gros contribuables de la ville de Ciales. En 1868, il a été emprisonné à Arecibo avec Ventura Padró et d’autres révolutionnaires de Lares. En 1869, il a été libéré à la suite d’une amnistie générale. La préparation de la conspiration de 1870 a consisté à se rendre dans les différents quartiers de Ciales pour faire de l’agitation et recruter de nouveaux combattants et sympathisants à la cause par le biais de proclamations. L’objectif était de former une petite force quasi-militaire afin de s’emparer des mairies de Ciales et de Manatí. Et finalement renverser le gouvernement espagnol.

Le 15 avril 1870, un Portoricain du nom de Tomás Soto se rend au quartier Pesa de Ciales. Là, il commet une indiscrétion en commençant à discuter de projets révolutionnaires avec José San Miguel, un Asturien qui vit dans le quartier. Il rencontre également Ramón Montes, qui tient un petit commerce. Le lendemain, San Miguel révèle les plans de la conspiration au maire de Ciales. Le lendemain, le 16 avril, on commence à arrêter les dirigeants de la conspiration dans les villes de Ciales, Morovis et Manatí. Heureusement, Ventura Casellas en avait entendu parler et a pu s’échapper de la ville avec l’aide du curé de Ciales qui lui a donné refuge pendant quelques jours.

Cette deuxième Conspiration de Ciales devait avoir lieu le 23 avril 1870, mais une fois de plus, les plans ont été déjoués. Les personnes arrêtées sont conduites à l’hôtel de ville de Ciales. Plusieurs propriétaires terriens, fermiers et ouvriers de la ville y sont jugés. Le gouverneur José Laureano Sanz arrive également à Ciales pour assister au procès et établir une communication avec le maire. Tous les conspirateurs ont été condamnés au bannissement à Vieques.

Bien que la conspiration n’ait jamais abouti, cet acte est un exemple clair de la lutte des Portoricains pour la liberté. À une époque où le séparatisme était condamné et où très peu d’idées réformistes prospéraient. Des processus qui constituent le fondement de notre identité nationale portoricaine.

Dans les années 1880, les problèmes économiques de Porto Rico s’aggravent et de nouvelles conspirations voient le jour. Au cours de cette décennie, la lutte prend un caractère plus populaire et implique à nouveau les journaliers, les petits propriétaires terriens et les fermiers, et d’autres conspirations contre les grands propriétaires terriens de Ciales voient le jour. Ils décident de boycotter les magasins espagnols. Des sociétés secrètes comme La Torre del Viejo (La Tour du Vieux) sont créées. À l’époque, les “compontes” terrorisaient les travailleurs portoricains et les propriétaires terriens, mais nous en reparlerons plus tard.

Les sources et références de cet épisode sont : le livre “Frontón y El Levantamiento de Ciales” (1980) de Juan Manuel Delgado. Voz del Centro : 233 La conspiración de Ciales en 1870. Entretien d’Angel Collado Swarz avec le Dr. Edwin Martínez Torre. Si vous avez aimé cet épisode et d’autres épisodes d’El Telégrafo, n’oublie pas de lui attribuer 5 étoiles sur ta plateforme préférée.

[Fin d’enregistrement et court télégramme diffusé]

[Changement de cassette lecture]

M: Merci d’avoir écouté El Telégrafo Porto Rico présenté par Salón Boricua. N’oubliez pas de nous suivre sur tous nos réseaux sociaux et de visiter www.salonboricua.com.

Podcast enregistré à: avril 2020

Transcription en français: mai 2023

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