SH Stories Essay Competition — Survivre pour Espérer : Un Voyage de l’Adversité à la Résilience

Alhamis, a young Malian refugee, shares his journey, dreams, and aspirations in this compelling essay. He illustrates the challenges he has faced and the motivations that have driven him to dedicate his life to serving his community. The essay in French begins with a poignant poem he wrote, expressing his feelings and thoughts about peace and the horrors of war.

Samuel Hall
SAMUEL HALL STORIES
7 min readJun 17, 2024

--

By Alhamis Dicko

Image for representational purposes only. Photographed by René Habermacher

Ainsi, j’ai écrit un poème où j’exprime mes sentiments et mes pensées sur la paix et les affres de la guerre:

Poème : Peace and Love

<< La paix n’est pas un mot mais un comportement >>

La paix c’est l’échange malgré le vent

La paix c’est la connaissance de l’autre

La paix c’est l’acceptation des autres

La paix n’est pas une cause mais une conséquence

De l’amour de l’autre et de la résilience en abondance

La paix c’est santé pour toi, pour elle et lui

Avec humilité, la solidarité malgré tous les bruits

La guerre est un fruit très amer

Elle risque même de t’éloigner de ta mère

Elle est patronne de la détresse et de la tristesse

Elle est une mer remplie de rouge amer loin de toute hôtesse

La paix nécessite un mot (changement) en soi

Cependant pas seulement de lui mais aussi de toi

Pas des autres mais de nous sous un toit

Pour construire ensemble un nouvel espoir

À un chez nous loin de chez soi

Avec sincérité faisons de la paix un véritable choix

On peut changer nos circonstances avec l’amour et la patience

Et bâtir un monde différent avec la richesse de nos différences

Au nom de la paix et de la dignité

Accueillons la beauté de notre diversité

Et célébrons la vie avec les sourires de nos enfants et la sagesse de nos parents

Je suis un jeune malien, originaire de la région de Tombouctou, du village de Léré. Ma vie a été marquée par la crise malienne, en particulier la rébellion au nord du Mali, qui a brisé tous mes rêves d’enfants et a bouleversé mon quotidien. À ce moment-là, j’avais 13 ans, je vivais ma vie pleinement. Cependant, un événement inattendu a été un véritable cauchemar qui a changé ma vie à tout jamais. Ce jour-là, à 16h, j’étais en classe et nous avions aperçu des convois militaires quitter notre village. Suite à des coups de feu notre maître avait reçu un appel, puis nous avait libéré pour nous rendre à la maison ,C’était la panique. Arrivé à la maison, il y avait beaucoup de personnes, notamment des voisins. Quelques instants plus tard, mon père nous a dit de rentrer tous dans la maison et de fermer à clés. C’étaient des tirs des rebelles, ils criaient Azawad,.Toute la nuit, il y avait des tirs, mon père était accroché à sa radio avec des voisins, tous étaient paniqués. Mon père avait égorgé un mouton, j’avais l’impression que c’était mon dernier repas. Car selon la rumeur, tous les habitants seraient tués ou enrôlés de force. Le lendemain, tous les habitants se préparaient à quitter la ville, d’autres familles partaient en charrette, d’autres à pied, d’autres en voitures mais c’était trop cher. Mon père a décidé de nous envoyer dans un village à Soumpi, cependant un peu plus tard des attaques à Soumpi aussi. Finalement, la Mauritanie était une solution pour espérer survivre. Mais mon père et beaucoup d’autres hommes ont décidé de rester dans le village avec tous les risques. Me voilà plongé dans un monde inconnu, et j’ai dû fuir vers un pays étranger avec ma mère et mes frères et sœurs. Nous sommes arrivés en Mauritanie, dans le village de Fassala, où nous avons été confrontés à des défis insurmontables. Sans abri ni ressources, les premiers jours étaient un véritable cauchemar malgré le soutien des autorités et habitants de la Mauritanie . Les hivers étaient les plus durs. Ils rendaient la situation encore plus difficile, avec des pluies fréquentes et le manque d’eau potable. Nous n’avions que des biscuits ou des arachides pour survivre. Car nous sommes arrivés sans rien, ni argent de poche, ni nourriture. Nous restions assis sous des camions ou à côté des maisons pour éviter le soleil. Chaque nuit était un défi et chaque jour un combat contre la faim et la soif. À un moment donné, j’ai même été obligé d’aller dans les ruelles tel un mendiant pour apporter un peu à la famille. Sans dignité ni fierté, je me battais contre le désespoir. Et nous étions toujours là devant les personnes qui enrôlaient les réfugiés, dans une foule immense où chacun pour soi était une réalité. Mes frères et sœurs étaient à la merci de tous les maux. C’était une vie de mendiant et une expérience de vie.

Après des jours de lutte, nous avons finalement été enregistrés en tant que réfugiés et transférés au camp de Mbera. Bien que cela ait été un soulagement d’être en sécurité, la vie dans le camp n’était pas sans défis. Le manque d’eau potable, de nourriture et d’installations sanitaires adéquates rendaient chaque jour un défi, et j’étais souvent obligé de travailler dur pour subvenir aux besoins de ma famille.Après quelques moments de souffrance, le camp de Mbera a été doté de suffisamment d’eau potable, de toilettes et aussi d’une assistance qui permettait à ma famille de vivre quotidiennement. Des écoles ont été construites grâce au HCR , ma mère a commencé aussi à faire du commerce pour aider la famille, et moi je continuais aussi à travailler malgré mon jeune âge, je me sentais responsable de la famille. Juste après mon père qui m’a toujours suivi et soutenu pour mon éducation a appris que j’avais abandonné l’école, malgré que le camp avait des écoles, il a de suite pris la direction du camp. Une fois là-bas, il m’a renvoyé au Mali pour continuer mes études, j’ai refusé de perdre espoir. J’ai décidé de reprendre mon éducation, même si les circonstances étaient difficiles. C’est ainsi que j’ai accepté de retourner au Mali pour poursuivre mes études dans un climat effrayant, les combats interarmées étaient devenus une routine quotidienne. Quelques mois plus tard j’ai réussi à l’examen du DEF (Diplôme d’Études Fondamentales) en 2014 à Léré. Puis je me suis dirigé vers Goundam, un cercle de la région de Tombouctou, pour faire mon lycée, après trois ans j’ai réussi à décrocher mon baccalauréat,, mais le fait le plus marquant de cette aventure a été la mort du chef de peloton qui était mon cousin et aussi mon beau-frère. Il a été tué chez lui dans son domicile où il vit avec sa famille, un groupe armé avait attaqué sa maison, où j’étais sensé être car j’avais prévu de passer la nuit chez lui mais par circonstances j’étais resté chez un ami. Mais mon neveu lui était là-bas pendant le fait, il venait de quitter vers le sud pour passer un séjour à Goundam, hélas c’était son dernier voyage. C’était un choc pour moi car j’ai perdu des parents très proches avec qui j’étais à quelques heures avant leur mort. Et aussi d’une certaine manière j’aurais pu mourir aussi car j’avais prévu d’y passer la nuit avec eux. Après l’événement j’ai passé des mois sous le choc. Après avoir décroché mon baccalauréat, j’ai eu l’opportunité de poursuivre mes études universitaires en sociologie à Bamako, c’était une expérience différente mais aussi très difficile à vivre pour une personne n’ayant jamais été en ville. À l’université, j’ai découvert un nouveau monde, j’avais enfin la voie libre pour vivre une vie d’adolescence, je suis devenu plus extraverti, je fréquentais enfin des filles et m’amusais beaucoup mais je gardais toujours les études en priorité.

Après l’obtention de ma licence en sociologie, j’ai décidé de retourner au camp de Mbera, j’ai décidé de m’engager dans la communauté des réfugié. Avec un ami, nous avons créé une association pour soutenir les efforts des organisations qui travaillent dans le domaine éducatif, j’étais très investi, nous faisions des activités de sensibilisation, des cours de soutien et d’autre activité. Mon engagement m’a permis de participer au Forum mondial des réfugiés 2023 à Genève, où j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes inspirantes et de découvrir de nouvelles opportunités. Ma rencontre la plus marquante était celle avec Cécilia Salvati et Muna Ismail de l’organisation Initiative of Change à l’occasion d’un panel.

De retour à Mbera après le Forum, j’ai créé une association dans le but de promouvoir l’autonomie et l’entrepreneuriat aux réfugiés. Grâce à des programmes comme Refugees as Re-Builders de Initiatives of Change UK, j’ai acquis de nouvelles compétences qui ont eu un impact positif sur mon développement personnel et professionnel. Parmi toutes les rencontres et les expériences que j’ai vécues, une personne a eu un impact particulièrement profond sur ma vie : Clàudia Santos. Cette Portugaise que j’ai rencontrée grâce aux cours de Initiative of Change.. Grâce à elle je me suis lancé dans des recherches sociologiques et cela m’aide beaucoup.

Un jour, je me suis assis dans le camp et j’ai réfléchi à l’idéal, un avenir sans conflit, une vie harmonieuse. C’est ainsi que j’ai été inspiré par une déclaration d’un président ivoirien, son Excellence Monsieur Félix Houphouët-Boigny, dans laquelle il disait : << La paix n’est pas un mot mais un comportement >>.

About the Author

Alhamis Dicko is a 24-year-old sociologist and refugee based in the M’BERRA camp in Mauritania. Born in Timbuktu, Mali, he fled his native country at the age of 13 and became a refugee in Mauritania. Since then, he has dedicated his life to helping other refugees like himself.

Alhamis briefly returned to Mali to earn degrees in Literature and Drama, as well as Sociology, from the University of Kabala in Bamako. In parallel, he worked as a community leader and voluntary teacher for various NGOs. Committed to his community, he co-founded the APECS association in 2021 and created the GEN-émergent association to promote the autonomy of refugees through entrepreneurship.

In December 2023, Alhamis took part in the World Refugee Forum in Geneva to represent and defend the interests of his community. He is also the winner in the Samuel Hall Essay Competition.

Read the other winning entries here and here.

--

--

Samuel Hall
SAMUEL HALL STORIES

Samuel Hall is a social enterprise that conducts research, evaluates programmes, and designs policies in contexts of migration and displacement. samuelhall.org