Pourquoi je lance mon activité de consultante à la cinquantaine bien sonnée !

Sandrine D'halluin
Sandrine d’Halluin
6 min readApr 3, 2018

J’ai baigné dans un environnement entrepreneurial depuis toute petite. C’est une sensation étrange que de ne pas se sentir appartenir à un groupe alors que tout son entourage semble trouver normal de se référer à ses codes. Enfant, je rêvais ma vie. On me disait utopiste. Tous les soirs je partais en voyage en ouvrant l’atlas et vivais une seconde vie dans la peau d’un petit indonésien ou d’un malgache.

Lorsque le moment arriva de choisir une orientation, j’avais demandé à passer en section économique car je voulais dévorer la connaissance et comprendre comment fonctionnait le monde. J’avais hâte d’avoir comme devoirs de lire les magazines et de suivre l’actualité. Mais quelle ne fût pas ma déception quand je me suis entendu dire “élève d’Halluin : rentre en section scientifique ! ”.

J’ai dû alors composer avec ma nouvelle réalité et apprendre à modeler mon esprit de façon rigoureuse et méthodique. Heureusement j’avais un secret : les maths étaient un jeu pour moi. Je continuais donc à rêver en jouant. Quand le moment fût venu de choisir mes études, mon sort paraissait tout tracé. Il était clair que je devrais faire une grande école de commerce. C’était le conseil de mon père et je me pliais à l’exercice de remplir les dossiers pour y postuler.

Par où tout a commencé

Mais un dimanche, alors que je sortais d’un déjeuner trop copieux et souffrais d’un mal de ventre qui me clouait au lit, je décidais subitement de faire des études d’agronomie pour essayer de comprendre comment il se pouvait que j’ai mal au ventre d’avoir trop mangé, pendant que d’autres avaient mal au ventre, eux, de ne pas avoir assez à manger. Mon père ayant remarqué que je n’incluais pas Paris dans mes choix d’écoles, me quémanda : “Tu veux t’éloigner de nous ?”. “Oui, j’ai besoin de partir pour devenir”. C’est ainsi que nous décidions d’un commun accord que je ferai mes études dans une grande école suisse, comme mon oncle une génération avant.

La vie à pleines dents

Je bredouillais à peine l’allemand lorsque je suis arrivée à Zürich. Livrée à moi-même, j’ai mis le doigt sur la réalité d’être étrangère et suis passée par toutes les phases de ce que j’apprenais plus tard être l’apprentissage interculturel : euphorie, minimisation des différences, choc. J’ai appris non sans difficulté à accepter mon environnement et à m’adapter à ma nouvelle vie dans cette métropole si différente de mon Paris natal : maîtrise de la langue “Hochdeutsch” (littéralement : “haut-allemand”) différent du Schwiizerdütsch parlé dans la rue, découverte de la diversité culturelle (il y avait des étudiants des 4 régions linguistiques de la Suisse et du monde entier). Petit à petit j’ai transformé ma perception de mon pays d’accueil et de ses habitants.

Zurich, Suisse

De retour en France, mon regard sur les étrangers a pris un angle nouveau. J’ai fréquenté tout naturellement les différentes communautés d’origine étrangère et ai fondé une famille avec un Centre-Africain. C’est alors que j’ai été confrontée aux limites d’adaptation et aux préjugés de ma communauté d’origine. Ma perception de mon propre groupe culturel en a été altérée. J’ai été déchirée entre mes appartenances, je me suis construite en surfant sur elles.

Une vie atypique

Dans le cadre de mes études j’avais choisi l’option “pays en développement”. J’ai été marquée au fer rouge par l’approche de l’un de mes professeurs, surnommé “l’économiste romantique”, en raison de son combat pour l’abandon de la dette dite du Tiers-Monde. Dès la sortie de l’école, on me proposait un poste de coopérant que j’ai instantanément refusé car je ne pouvais accepter l’idée d’endosser l’habit du “colonisateur”, avec son boy et son cocktail de privilèges.

Tintin au Congo (Hergé)

Ce n’est pas comme ça que je concevais de vivre ma vie. Travailler : oui mais pas de n’importe quelle façon. J’avais une éthique et n’étais pas prête à en découdre. Impossible de rester indifférente au sort des humains que je rencontrais.

C’est alors que j’ai commencé un parcours singulier : 3 nouvelles expatriations en famille au Togo, à la Réunion et au Brésil, puis premiers pas dans la sphère pédagogique, agricole tout d’abord, interculturelle ensuite.

J’ai formé toutes sortes de publics : acteurs de la coopération et de la solidarité internationale, travailleurs de l’éducation et du social, cadres et collaborateurs d’entreprises, jeunes, enfants… et même des policiers municipaux ! J’ai aussi fondé une association d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, managé des équipes et des projets, coaché des chefs d’entreprise.

Mon coeur a toujours balancé entre 2 passions : les relations entre les cultures, et la nature comme lieu d’apprentissage des équilibres et de ressourcement. Pour préserver cette dernière des dégâts causés par notre société industrielle galopante, je multipliais les activités pour susciter l’envie de déployer de nouveaux comportements de consommation plus responsables, à tout vent. Comme David contre Goliath, je me suis noyée dans l’action jusqu’à l’épuisement et me suis consumée.

Le rêve en vie

Après 7 ans de travail assidu sur moi-même, j’ai réussi à remonter la pente en adoptant un mode de vie plus lent inspiré du Kaizen, un processus d’amélioration continue fondé sur des actions concrètes et simples qui nous vient du Japon. Parallèlement, mon fils, consultant en communication digitale, me fait découvrir son monde de l’entreprise : “La semaine de 4 heures”, le Lean, l’effectuation… je suis mordue. Après avoir usé mes fonds de culottes sur les bancs de 2 stages de création d’entreprise et avoir par 2 fois buté sur cette satanée étude de marché, voilà qu’il y aurait une autre marche à suivre ? Evaluer les ressources à ma disposition, poser des actions dès les premiers instants en prenant le temps de laisser mûrir le projet, le faire évoluer en apportant des corrections au fur et à mesure et en adoptant l’approche de l’apprentissage par la pratique (le fameux “learning by doing”) : voilà de quoi me réconcilier avec l’entreprise !

Ca y est c’est décidé, je retourne au monde de l’entreprise. J’y retourne riche de tout ce que j’ai vécu. Je veux mettre mes talents à son service. J’y retourne car j’ai un projet pour elle : je veux lui apporter ma vision d’un monde où les êtres humains peuvent remplir leurs objectifs personnels et professionnels sans endommager le patrimoine humain, et même rêvons un peu, en le régénérant. C’est une évidence, la boucle est bouclée. Je lance mon activité de consultante en communication et management interculturels, il n’y a pas d’âge pour se réaliser : Alteri est né.

Je vous donne rendez-vous très bientôt pour de nouveaux articles sur ma vie d’entrepreneure : mes expériences d’expatriée, pourquoi et comment j’ai lancé mon activité, comment je travaille… et tous les détails de l’offre Alteri lors du lancement du site.

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