Le soleil tombe sur Cape Reinga

Au Nord, c’était Cape Reinga

All Blackpacker
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7 min readApr 16, 2017

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Sans freins, sans attaches particulières, le voyage est une excellente occasion de se laisser porter par les opportunités qui se présentent à nous, ce en dépit de la logique et des quelques idées qui ont pu être projetées par le passé. Et ma dernière expérience au pays des Kiwis me l’a bien rappelée.

Après le départ de mes amis, et donc la fin de ce premier beau road-trip, il a fallu revenir à la réalité, et se mettre à la recherche de travail. J’avais alors l’envie de m’installer quelques temps à Wellington, pour essayer de vivre une expérience urbaine en Nouvelle-Zélande. Malheureusement, après une première tournée des bars (pour déposer des CV, je précise), des restaurants et autres hôtels de la ville, mes recherches se sont révélées plutôt infructueuses. Seules trouvailles, un poste d’agent d’entretien dans un supermarché, que j’ai refusé car on me demandait de me raser la barbe - je me suis dit que la prochaine étape pour trouver quelque chose serait la vente de mon corps - et une mission intérim de deux jours, pour le nettoyage de chambres dans un hôtel du centre ville. Celle-ci, je l’ai acceptée. Un problème cependant, pas de garanties de temps de travail et de renouvellement des missions, ce qui n’est pas optimal dans l’optique de s’installer quelque part.

Au Mont Victoria, sur les hauts de Windy Welly, la Cité du vent

J’ai donc continué en parallèle mes recherches, j’ai continué à postuler sans succès, jusqu’au premier jour de ma mission. Après quelques heures de nettoyage intense, je m’attarde dans un pub de Cuba Street, la rue la plus animée de Wellington, le regard alternant entre la mousse de ma bière et mon téléphone, pour un énième coup d’œil sur les dernières offres d’emploi en ligne. L’une d’elle a alors particulièrement attiré mon attention. Sans grand espoir, je tente quand même ma chance et appelle le numéro indiqué en bas de l’annonce. Suite à une brève discussion, sans vraiment parler de mes expériences ou encore de mes éventuelles capacités, la personne au bout du fil me dit que c’est bon, j’ai le job. Une seule condition : être sur place deux jours plus tard, pour commencer un travail se trouvant dans le Northland, tout au nord de l’île du Nord, 900 kilomètres plus loin. J’avais encore une deuxième journée de nettoyage à accomplir, mais je n’ai pas longtemps hésité à accepter la proposition ! Après cette dernière journée de mission, j’ai donc sorti la grand voile sous le vent de Windy Welly, en direction du Northland, ce que je n’aurais jamais imaginé quelques jours plus tôt. Quel sentiment de liberté encore une fois !

Kaitaia, la ruée vers les patates douces

Après une bonne douzaine d’heures de route, j’ai finalement rejoint Kaitaia, une petite ville du Northland, mon nouveau lieu de résidence pour les temps à venir. Ici, au Nord, ce n’étaient pas les corons, mais une maison partagée avec des collègues (d’autres voyageurs et un beau mix culturel) pour ce futur boulot. La terre, ce n’était pas non plus le charbon, mais plutôt les… Kumaras ! Eh oui, ce fameux job, que je termine à l’heure d’écrire cet article, n’était autre que la cueillette de kumaras, les patates douces locales.

A Maitai Bay, après la baignade

Entre les heures de travail au rythme du tracteur et des blagues d’une équipe enthousiaste, de nombreux moments de détente et de rigolade partagés avec ces mêmes collègues, qui deviennent colocataires et amis. Et, quand la météo le permet, quelques excursions dans les environs, avec notamment une virée à Maitai Bay ou à Coopers Beach, pour admirer les magnifiques criques de la région. Ou encore tout simplement des escapades à la plage la plus proche, Ahipara, pour un petit bain frais et revigorant sous le poids des vagues, histoire de se décrasser après une bonne journée de boulot. Ahipara, c’est également le tout début de Ninety Mile Beach, une plage qui s’étend sans interruption sur 88 kilomètres, rien que ça ! En plus de sa longueur, elle possède la particularité d’être carrossable, et l’on peut y voir de nombreux 4x4 s’élançant à la conquête de cette étendue de sable qui parait sans fin. Je n’ai malheureusement pas tenté le diable, n’ayant pas assez confiance en ma voiture pour tenir le choc…

Il aura ensuite fallu attendre les derniers instants de mon séjour ici pour y vivre ma plus belle expérience : une virée à Cape Reinga, une autre merveille de la Nouvelle-Zélande.

Sur les hauts de Coopers Beach

Cape Reinga, au bout du bout de la Nouvelle-Zélande

Au Nord, c’était donc aussi Cape Reinga. Après, plus rien. Cape Reinga est le point le plus au Nord de la Nouvelle-Zélande, au bout du bout. Avec des amis de la maison, nous profitons donc de quelques jours de repos pour se rendre à ce célèbre lieu. Nous partons en milieu d’après midi, afin d’arriver à temps pour admirer le coucher de soleil sur place. Et déjà sur la route qui y mène, nous ne boudons pas notre plaisir ! Le soleil commençant tout doucement à descendre, la lumière rasante éclairait les collines alentours, d’un vert éclatant, peuplées par les seuls moutons et vaches paissant tranquillement sur leurs versants.

Sur la route de Cape Reinga

La route devient ensuite de plus en plus sinueuse, et, après avoir atteint le sommet d’une dernière colline, nous y arrivons enfin. Au bout de la Nouvelle-Zélande. Le temps s’arrête avec la route; au loin, nous ne voyons que l’océan, plus que l’océan. Et, sur notre gauche, un phare qui se dresse, seul face à son immensité, semblant diriger un conflit éternel entre deux géants. Car Cape Reinga, c’est également le point ou la mer Tasman, à l’Ouest, et l’océan Pacifique, à l’Est, se rencontrent. Le phénomène peut d’ailleurs bien se voir, les vagues se brisant à leur jonction et les couleurs entre les deux éléments étant différentes.

En plus de ce paysage déjà remarquable, nous arrivions juste au bon moment : le coucher de soleil allait bientôt avoir lieu. Petit à petit, celui-ci descend, commençant à teinter de rose et d’or les environs, parfois caché par les quelques nuages présents ce soir là, qui laissaient pourtant toujours filtrer ses rayons. Puis, toujours émerveillés par ce que nous venions d’observer, nous repartions à quelques kilomètres de là pour camper à Tapotupotu, une petite crique cerclée par les collines. Nous en profitons alors pour admirer des étoiles vite chassées par le lever de la lune. Un instant encore une fois magique.

Le début du coucher de soleil sur Cape Reinga

Levés avec les premiers rayons du soleil le lendemain matin, nous repartions pour une nouvelle expérience, direction les Giant Dunes de Te Paki. Un petit air d’Aquitaine avec cette Dune du Pilat local, le charme et les pinèdes en moins il faut le reconnaître. En revanche, une petite attraction très amusante, le sandboard ! Le concept est simple : on s’allonge sur une planche (une sorte de bodyboard), et on se laisse glisser le long de la pente des dunes de sables. Une bonne sensation de vitesse ! Quelques descentes plus tard, je retourne finalement à la maison, afin de paqueter mes affaires en vue du départ qui se rapproche.

Perdu dans le sable, il fallait bien remonter après la descente

Après ces six semaines d’une très belle expérience, je suis maintenant prêt à repartir sur les routes. Une fois de plus, ce départ ne sera pas le plus évident. J’ai passé de très bons moments ici, aussi bien au niveau du travail dans une exploitation familiale avec des fermiers plus que sympathiques, qu’au niveau des rencontres que j’ai pu une nouvelle fois réaliser. Mais ici encore, l’histoire se répète et le jeu en vaut la chandelle : je retrouve très prochainement d’autres amis qui me rejoignent pour trois semaines dans ce voyage. Un nouveau road trip. De nouveaux paysages. De nouveaux moments à partager. Et une impatience grandissante avant leur arrivée et la perspective de cette nouvelle aventure.

Coucher de soleil, depuis la maison à Kaitaia

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