C’est un soir d’été.

Aurore Barron
Scribe
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2 min readJul 30, 2018
“Woman with long hair covered with a blue blindfold in Scarborough” by Oscar Keys on Unsplash

C’est un soir d’été.

Décor enfumé et notes endiablées. Noctambules arrosés de jazz se mêlant à la moiteur des corps, sauvages.

Le rythme saccade. Les corps se délient. Le mien se plie.

Mes oreilles bourdonnent, ma peau fusionne.

Je fuis ton approche, si sensuelle soit-elle.

Je suis ivre d’imaginer la vie que l’on pourrait avoir à deux. Mais lucide, je m’en tiens à considérer toutes les incohérences de la scène. Me représentant seulement dans des visions passionnées toutes les larmes d’un impossible fantasme.

Les danseurs sur la piste s’enlacent inlassablement dans le tourbillon des violons.

Tu me prends par la taille. Des mots murmurés à mon oreille me font saigner les tympans.

Non, je ne peux pas.

Les talons claquent, les notes frappent et tu me plaques. Au mur, à la porte, à la fin de notre histoire. Qui n’aura duré, que trois quart, de tour, de clé, de Sol.

Tu m’empoignes les hanches. Tu me retiens pour éviter la chute, d’une histoire qui me donne le vertige. Un pas, puis un autre. Je fuis. De ton corps qui m’épie, de nos aveux creux, de nos yeux qui se cherchent. Je m’en veux tu sais. J’aimerais t’accorder cette dernière danse que tu quémandes. Faire voltiger nos échéances.

Des mots chuchotés à mes desseins me font salir les tiens.

Je veux crier ton nom. Hurler à ton sang. Je te veux tout à moi. Et je m’enfouis au moindre pas.

Je ne sais plus qui croire. Je ne sais plus qui voir. Pour oublier dans les chairs abimées ton nom quelque part. Qui apparait. Là. Entre deux aveux. A moitié chuchoté dans la moiteur de mes cheveux.

Ce petit nom qui m’empoigne, qui fait rugir en moi des envies si profondément enfouies. Je suis trop faible pour réussir à les amoindrir.

Alors je choisis la facilité.

Je te hais d’amour, je t’aime de colère. Passionnément raisonnable d’une raison passionnée. J’en perds ma logorrhée.

Je sens encore tes mains sur moi. Nous étions alors là. Dans les draps. En feu, en froid. Tu imprimais sur ma peau la trace de tes doigts. Comme une marque au fer. Rouge. Propriété non protégée d’un terrain peu privé. J’aurais aimé que tu me retiennes. Que tu me fasses tienne.

Je me prive de tes regards, au grand regret de mon cœur ringard. Lui me chante les louanges d’un roman. Moi je frémis au premier tournant.

J’aperçois déjà la peine débarquer à la lisière de mon cœur. Matin de départ. Que tu me quittes, je m’en acquitte. Masque tactique face à mes émotions, qui défaillent au fur et à mesure que tes pas me distancent des miens.

Je m’interdis de bouger. Je suis coincée.

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Aurore Barron
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Just a place where I can express myself. Unpretentious.