Comprendre le daltonisme.

Alexandre Plennevaux
Scribe
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3 min readDec 25, 2016
Bruxelles, rue neuve. Simulation d’une vision deutéranope.

Nous supposons généralement que les couleurs sont objectives, qu’elles appartiennent au monde, que le “vert est dans la pomme”. Or, la couleur est une sensation, un phénomène éminemment subjectif, fruit d’une interaction complexe entre l’environnement, nos sens et notre cerveau.

La couleur, une expérience subjective.

La couleur est une traduction cognitive de la captation sensorielle de fréquences lumineuses. Autrement dit, le cerveau traduit le signal lumineux en couleurs différentes selon que la fréquence de la lumière captée par les cellules photo-sensibles qui tapissent la rétine est basse (bleu), moyenne (vert) ou élevée (rouge).

La lumière est une énergie électromagnétique. Elle n’est qu’une fraction infime de la totalité du spectre électromagnétique, qui s’étend des rayons gamma aux ondes radios et au son. Image credit: David Aggleton

Il y a donc deux endroits où les particularismes vont jouer, différenciant la vision de chaque être humain.

  • le système cognitif, déterminé par la génétique mais également, pour certains processus, par l’environnement socio-culturel. Dans le cas de la vision cependant, il s’agit de processus cognitifs de niveau bas, se situant hors du champ de conscience de l’individu (comme les réflexes, par exemple). Il ne peut donc pas les manipuler consciemment. Le résultat cognitif s’impose à lui.
  • le système sensoriel, déterminé par la génétique et par les “accidents” de la vie (état de santé, âge, infirmités…)

Bien que nous soyons plus de 7,000,000,000 d’êtres humains, il n’existe donc pas deux personnes voyant objectivement exactement de la même manière.

Ce que voit un daltonien.

Visionary est un projet de recherche de solutions d’accessibilité pour les personnes daltoniennes. Dans ce cadre, nous avons lancé il y a quelques jours un outil de diagnostic en ligne basé sur le test Farnsworth D-15. (Nous avons veillé à pouvoir partager les résultats tout en respectant strictement l’anonymat de la personne ayant effectué le test.)

Au terme du test lui demandant d’organiser des bandes de couleur de manière à construire un dégradé harmonieux de gauche à droite, le sujet reçoit un rapport de pré-diagnostic sur base du test effectué.

Voici un résultat interpellant. Dans ce cas-ci, le diagnostic obtenu est deuteranope à 87%. Cela signifie que d’après ce test, la personne ne dispose que de deux des trois types de cellules photosensibles. (C’est un des types de daltonisme les plus courants: les nuances de rouges et de vert paraissent similaires.)

Ce rapport présente également au daltonien une comparaison entre le résultat obtenu et celui attendu d’une personne non-daltonienne.

résultat d’un sujet présentant une dyschromatopsie de type deutéranope (au dessus). Crédit: Visionary

Honnêtement, en observant ceci, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas d’une erreur, ou d’un bug de notre logiciel.

Pour en avoir le coeur net, j’ai ouvert Sim Daltonism, un outil opensource permettant de simuler les types principaux de daltonisme. Je l’ai réglé sur deutéranopie et voici ce que cela donne:

Simulation deutéranope du test.

Effectivement, pour une personne deutéranope, l’agencement du dessus est harmonieux… C’est impressionnant de constater la différence de perception des couleurs et d’imaginer l’impact que cela doit avoir dans l’expérience quotidienne de sa vie.

Merci beaucoup aux nombreuses personnes qui visitent le site et effectuent le test de classement de couleurs, permettant d’obtenir un pré-diagnostic de dyschromatopsie (autrement dit: le daltonisme). Si vous connaissez une personne daltonienne, n’hésitez pas à lui transmettre le lien. Son expérience nous permettra d‘améliorer le projet.

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Alexandre Plennevaux
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