Depuis le Mackinnon Pass, au deuxième jour de randonnée sur le Milford Track

Le Milford Track, ou l’une des plus belles randonnées du monde

All Blackpacker
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7 min readMay 22, 2017

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Un peu plus d’une semaine plus tôt, je ressortais tout émerveillé d’une nouvelle expérience hors du commun : trois jours de randonnée sur le célèbre Milford Track. Après avoir vadrouillé depuis dans l’optique d’organiser l’hiver qui arrive ici - au vu de la météo récente, je peux même affirmer qu’il est très proche - il est maintenant temps de s’asseoir bien au chaud au fond d’un canapé, et d’essayer de trouver les mots pour relater cela.

Quelque part dans la forêt du Milford Track

Le Milford Track est considéré par certains comme LA plus belle randonnée du monde. Mon expérience sur les divers sentiers de la planète étant aujourd’hui plus que limitée, j’ai préféré faire preuve de “modération” dans le titre de cet article et ne pas trop m’avancer. Mais je pense sincèrement qu’il pourrait postuler au titre ! Situé dans l’une des régions les plus humides de la Terre, le parc national du Fiordland, au sud de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, le Milford Track présente des paysages réellement atypiques, parfois à couper le souffle. Ce sont ces mêmes paysages et cette réputation qui font d’elle l’une des randonnées les plus prisées de Nouvelle-Zélande. Si bien qu’il faut parfois réserver les transports (il est impossible de s’y rendre par soi-même, à moins de gravir un col) et les refuges (il est aussi interdit de pratiquer le camping sauvage) presque un an à l’avance pour s’y risquer lors de la pleine saison… Ne faisant pas preuve d’une si bonne organisation, je commençais petit à petit à me résoudre à manquer cette folle expérience… Mais ça, c’était avant que je ne tombe sur une annonce d’autres voyageurs proposant de réaliser le track avec eux au début de la saison d’hiver ! Eh oui, car le circuit reste ouvert toute l’année, pour ceux qui voudraient le défier dans des conditions plus difficiles. Loin de ces conditions extrêmes au début du mois de mai, cette période est une excellente occasion pour les retardataires de se lancer dans l’aventure ! Pas de trop longue hésitation donc, je réponds à l’annonce, enfile mon sac sur le dos, et c’est parti pour trois jours de marche dans l’un des endroits les plus beaux de Nouvelle-Zélande !

Jour 1 : débarquement en terre inconnue

Et le premier jour de marche commence… en bateau ! Comme je l’évoquais précédemment, le Milford Track étant enclavé entre montagnes, lacs et mer, le meilleur moyen de s’y rendre et d’en repartir reste encore par la voie des eaux. À moins de franchir un col, ce dont je n’ai pas eu le courage… Nous voilà donc à embarquer, avec mes six compagnons de route rencontrés quelques jours plus tôt, sur le lac Te Anau, l’un des plus grands lacs de Nouvelle-Zélande. Nous avançons tout doucement, dans la brume épaisse qui nous entoure. Je ne sais pas si ce fut un hasard ou non, mais celle-ci ne se dissipa qu’à notre arrivée au début du sentier, pour laisser place à un soleil éclatant. Comme si nous découvrions un nouveau monde, la bateau accoste, et nous voilà enfin prêts à se lancer à la conquête du track. Le fait de se faire poser en bateau dans un endroit totalement inconnu et sauvage pour une randonnée de plusieurs jours au milieu des montagnes rajoute beaucoup à un sentiment étrange d’exploration.

La Clinton River, qui nous accompagne une bonne partie de la randonnée

Nous commençons la marche au long du bleu pur de la Clinton River, dans la forêt dense qui entoure la majeure partie du Milford Track. Dans cette “jungle” atypique et impressionnante, les gouttes d’eau perlent de partout tant l’humidité est élevée, même lorsqu’il ne pleut pas. Dans cette verdure omniprésente, où la mousse semble pousser sur la mousse qui pousse elle-même sur la mousse des arbres, nous avançons au gré du chant des nombreuses espèces d’oiseau qui peuplent la région. Bien que la randonnée ait été parcourue par des milliers de marcheurs déjà, nous avons l’impression que l’homme est toujours resté loin de ce coin de paradis. De temps à autres, nous sortons de la forêt pour admirer la vallée dans laquelle nous nous trouvons, encaissée entre deux chaines de montagnes imposantes, qui nous rappellent la petite taille de l’Homme face à la nature.

Les montagnes dominent la forêt du Milford Track

Ponts suspendus, ruisseaux, rivières, lacs, fougères, cascades dévalant des montagnes sont au programme de ce premier jour. Après 22 kilomètres de marche sur un plat déconcertant, nous arrivons au premier refuge pour y passer la nuit, ayant eu un peu plus tôt un apperçu de ce qui nous attendrait au deuxième jour, le Mackinon Pass. On sort les réchauds, on fait la popotte, on entame quelques parties de cartes, puis on va tranquillement se coucher, le sourire aux lèvres après une première journée qui nous a déjà conquis.

Le Mackinnon Pass au loin, qui nous attend pour la deuxième journée

Jour 2 : puis la brume se dissipa

Une nouvelle fois, nous nous levons dans la brume matinale. Mais celle-ci nous semble bien épaisse à l’heure de grimper sur l’un des plus célèbres lieux de la randonnée. Il a plu durant la nuit. Les prévisions l’annonçaient, mais plutôt pour la journée. Avec un peu d’inquiétude, mais toujours la motivation, nous partons à la conquête de ce deuxième jour, qui, nous ne le savions pas encore, sera le plus beau de cette expérience. Après un peu de forêt, nous entamons dans les nuages l’ascension du Mackinnon Pass. Culminant à 1 154 mètres d’altitude, ce col constitue le point le plus haut de la randonnée. Et qui dit hauteur, dit généralement point de vue ! Mais c’était sans compter cette brume toujours plus épaisse qui nous attendait au sommet… Après une courte halte près du mémorial érigé en l’honneur de Quintin McKinnon, le premier à avoir franchi en 1 888 ce col qui porte aujourd’hui son nom, nous nous résignons à poursuivre notre route sur les crêtes. Mais nous commençons petit à petit à apercevoir le soleil, et, quelques centaines de mètres plus loin, nous nous arrêtons dans un abri, déterminés à attendre que les nuages se lèvent. Et autant dire que nous avons bien fait de prendre le temps ! Petit à petit, la brume se dissipe, puis revient, puis repart, jusqu’à ce que le soleil gagne lentement sa bataille pour dévoiler au loin la vallée que nous avions traversé la veille. La vue est tout simplement magnifique !

Depuis le Mackinnon Pass, une vue sur la vallée traversée la veille et sur les montagnes qui l’entourent, toujours bien cerclées par les nuages

Heureux de retrouver enfin le beau temps, nous poursuivons tranquillement notre chemin, pour redescendre du col. Et à compter de ce moment, chaque pas que nous faisons dévoile une nouvelle merveille. Nous observons l’autre vallée que nous nous apprêtons à emprunter, encaissée dans des montagnes remarquables. Nous descendons le long de la falaise, laissant derrière nous le Mackinnon Pass, son herbe jaune et les étangs qui le parsèment. Nous rejoignons une nouvelle forêt d’un vert éclatant, plus dense que jamais. Nous longeons rivières, torrents de montagnes et innombrables cascades, dont le bleu semble plus pur à chaque mètre que nous parcourons. Nous faisons un crochet pour aller admirer la splendeur des chutes d’eau les plus hautes de Nouvelle-Zélande, les Sutherland Falls, qui entament depuis le lac Quintin une chute de 580 mètres. Nous avançons tranquillement dans la vallée, pour finalement rejoindre notre nouveau refuge pour la nuit. Nous démarrons tant bien que mal un feu dans le poêle à disposition, et repensons à la journée que nous venons de passer. Tout simplement incroyable.

Sutherland Falls, chutes d’eau les plus hautes de Nouvelle-Zélande

Jour 3 : un dernier effort dans la forêt

Le troisième jour se rapproche principalement du premier jour, si ce n’est que les éclaircies dans la forêt se font beaucoup plus rares. En revanche, pour équilibrer, les cascades et rivières sont elles plus nombreuses. Quelques séquelles de nos deux jours de marche précédents, nous avançons toujours dans ces paysages de rêve qui nous font oublier les courbatures. Un dernier petit effort, et nous arrivons au bout de notre périple. Toujours sous le beau temps, alors que les prévisions annonçaient même une tempête de neige. À proximité du Milford Sound, nous reprenons le bateau, pour un dernier aperçu de ce qui aura été une aventure forte en émotions.

L’Arthur River, qui nous accompagne une bonne partie du dernier jour de marche

Au final, ce seront 54 kilomètres qui auront été parcourus sur trois jours, le sac sur le dos. En plus de paysages absolument incroyables que l’on peut difficilement retrouver ailleurs, j’ai souvent eu le sentiment d’être totalement coupé du monde. Se sentant parfois seuls face à une nature impressionnante, avec pour seul ambiance le bruit de l’eau s’écoulant autour de nous qui accompagne le gazouillis des oiseaux, on a l’impression de jouer les apprentis explorateurs dans un endroit sauvage qui finalement ne l’est pas tant que ça. Le fait d’avoir réalisé ce parcours au début de la saison hivernale a largement contribué à renforcer ce sentiment, affluence moindre oblige. Le tout avec des conditions météorologiques optimales, si l’on en oublie le froid. Dans le bus qui nous ramène à Te Anau, il est l’heure de dresser un bilan et je repense à l’expérience exceptionnelle que je viens de vivre. Alors oui, maintenant je peux le dire, le Milford Track est bien l’une des plus belles randonnées du monde.

Une arrivée en beauté près du Milford Sound

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